Préparatoire au tableau présenté au Salon des artistes français de 1812 et actuellement conservé à Versailles (356 x 486 cm, fig.1), notre dessin présente de nombreuses variantes par rapport à la composition définitive. Si les grandes lignes qui structurent la toile sont bien fixées dans cette feuille d'étude mise au carreau il est extrêmement ludique de relever les dizaines de variantes entre ce splendide dessin et le tableau de Versailles.

La prise d'Alexandrie constituait pour Bonaparte la première étape de sa campagne d'Egypte. Après un débarquement de nuit hâtif, une marche forcée nocturne de treize kilomètres et une attaque violente de la ville mamelouke fortement défendue, Bonaparte prend possession d'Alexandrie, mettant ainsi son corps expéditionnaire à l'abri de la flotte anglaise. Au lendemain de la victoire, les Français conquirent rapidement le Delta du Nil et, ses arrières assurés, Bonaparte put marcher vers Le Caire pour préparer la bataille des Pyramides.

L'artiste déploie au début des années 1810 les recettes de la célébration napoléonienne fixée très tôt autour de 1800 par Girodet, Gros et David. Alors que les fronts espagnols et russes déstabilisent la puissance de l'Empire, Colson choisit de représenter un événement retraçant les premières gloires de l'empereur. Bonaparte est représenté comme 'Imperator Maximus' magnanime, épargnant la vie d'un Mamelouk que ses hommes s'apprêtaient à tuer.
Rappelant la famille de Darius aux pieds d'Alexandre, d'élégantes Alexandrines se prosternent au pied du généralissime. Mais la réalité serait plus nuancée. En effet Bonaparte aurait échappé à un attentat lors de son entrée le 1er juillet et décida d'attendre que la ville s'apaise pour faire une entrée plus solennelle le 3 juillet, date retenue officiellement par " l'Histoire " au service de la légende napoléonienne.