Dessin original avec légende autographe " Souvenir d'Apreville ". Encre, plume et lavis, 25 x 19, 5 cm, encadrement sous verre.
Village médiéval au pied d'un petit burg. Il n'existe apparemment pas d'Apreville, mais c'est la forme ancienne d'Épreville, nom de plusieurs villages normands, et la forme francisée du lieu-dit breton Kergaro.
Paysages de Victor Hugo : choses vues et visions fabuleuses. Victor Hugo a dessiné des paysages lors de ses voyages en France, en Espagne, en Belgique et Hollande, en allemagne, comme le " Souvenir du château de Nemours " conservé à la Bnf. Il a également dessiné des " souvenirs " rétrospectifs principalement exécutés en exil à Guernesey et Jersey, comme les " Souvenir d'Espagne " ou " Souvenir de Chelles " conservés à la Maison de Victor Hugo. Enfin, il a composé de nombreux paysages imaginaires, souvent inspiré d'un Moyen Âge idéalisé sur le mode de la vision tragique : villes fortifiés arrogantes ou en ruines, burgs altiers ou effrayants... Ces burgs hantent parallèlement son œuvre littéraire, tel le château de Corbus du poème " Eviradnus " dans La Légende des siècles (1859) :
" [...] Le pâtre a peur, et croit que cette tour le suit ;
Les superstitions ont fait Corbus terrible ;
On dit que l'Archer Noir a pris ce burg pour cible,
Et que sa cave est l'antre où dort le Grand Dormant ;
Car les gens des hameaux tremblent facilement ;
Les légendes toujours mêlent quelque fantôme
À l'obscure vapeur qui sort des toits de chaume,
L'âtre enfante le rêve, et l'on voit ondoyer
L'effroi dans la fumée errante du foyer. [...] "
Victor Hugo " eût été aussi aisément grand peintre que grand poète " (Théophile Gautier, préface au recueil des Dessins de Victor Hugo, 1863) : " Que de fois, lorsqu'il nous était donné d'être admis presque tous les jours dans l'intimité de l'illustre écrivain, n'avons-nous pas suivi d'un œil émerveillé la transformation d'une tache d'encre ou de café sur une enveloppe de lettre, sur le premier bout de papier venu, en paysage, en château, en marine d'une originalité étrange, où, du choc des rayons et des ombres, naissait un effet inattendu, saisissant, mystérieux, et qui étonnait même les peintres de profession... Il n'est pas difficile de deviner, au prodigieux sentiment plastique de l'écrivain, qu'il eût été aussi aisément grand peintre que grand poète ; la puissance d'objectivité qu'il possède lui eût servi pour des tableaux comme elle lui sert pour des pages et pour des livres... "
Provenance
Collection André Schoeller, d'après une mention manuscrite en bas de page : " Este dibujo original de Victor Hugo perteneció a "A. Schoeller" de Paris de quién lo hube en 1947... "
Expositions
- DESSINS D'ECRIVAINS FRANÇAIS DU XIXe SIECLE. Paris, Maison de Balzac, 4 avril-21mai 1984. N° 75 du catalogue, avec reproduction en noir.
- EL POETA COMO ARTISTA. Las Palmas, Centro Atlantico de Arte Moderno, 4 avril-21 mai 1999. Reproduction p. 59 du catalogue.
Bibliographie
- DESSINS D'ECRIVAINS. Paris, Éditions du Chêne, 2003. Reproduction p. 15.
- FAUCHEREAU (Serge). Peintures et dessins d'écrivains. Paris, Éditions Belfond, 1991. Reproduction p. 47.
- LASTER (Arnaud). Victor Hugo. Paris, Éditions Belfond, 1984. Reproduction p. 6.