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Pierre Subleyras (1699 - 1749)
Le duc de Saint-Aignan décorant le prince Vaini de l'ordre du Saint-Esprit
Estimation :
60 000 € - 80 000 €
Vendu :
137 747 €

Description complète

Le duc de Saint-Aignan décorant le prince Vaini de l'ordre du Saint-Esprit
Huile sur toile


'THE DUKE OF SAINT-AIGNAN DECORATING THE PRINCE VAINI OF THE ORDER OF THE HOLY SPIRIT', OIL ON CANVAS, BY PIERRE SUBLEYRAS

Provenance :

Ancienne collection du peintre H. Lemonnier, Paris ;
Sa vente ; Paris, 26-27 novembre 1810, n° 16 ;
Ancienne collection du comte Siréty, Aix-en Provence, en 1861 ;
Ancienne collection Lieuville, Toul ;
Chez Fabius, Paris ;
Acquis auprès de la galerie Fabius par Monsieur Maurice Hottinger en octobre 1922 ;
Ancienne collection Maurice Hottinger, Château de Guermantes ;
Puis par descendance

Expositions :

'Concours général. Exposition régionale des Beaux-Arts', Marseille, 1861, n°984
'Subleyras 1699-1749', Paris, Musée du Luxembourg, 20 février-26 avril 1987, Rome, villa Médicis, 18 mai - 19 juillet 1987, cat. exp. par Pierre Rosenberg et Olivier Michel, Paris, 1987, p. 214, n° 43, repr.

Bibliographie :

Probablement V. Papillon de la Ferté, 'Extraits d'ouvrages sur la vie des peintres', Paris, 1776
Probablement Gault de Saint-Germain, 'Guide de l'amateur de peinture', Paris, 1841, t. II, p. 279
Léon Lagrange, "Exposition régionale des Beaux-Arts à Marseille", in 'Gazette des Beaux-Arts', t. XI, 1861,
p. 544
Marius Chaumelin, 'Les trésors d'art de la Provence exposés à Marseille en 1861', Paris-Marseille, 1862, p. 257
Odette Arnaud, "Subleyras", in Louis Dimier (dir.), 'Les peintres français du XVIIIe siècle. Histoire des vies et catalogue des oeuvres', Paris-Bruxelles, 1930, t. II, p.59 et p. 80-81, n° 101
Boris Lossky, 'L'Art français et l'Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles', catalogue d'exposition, Paris, Orangerie, juin-octobre 1958, mentionné dans la notice du n° 40
Michel Le Moël et Pierre Rosenberg, "La collection de tableaux du duc de Saint-Aignan et le catalogue de sa vente illustré par Gabriel de Saint-Aubin", in 'Revue de l'Art', 1969, n °6, p. 53, note 11
'Settecento. Le siècle de Tiepolo. Peintures italiennes du XVIIIe siècle exposées dans les collections publiques françaises', catalogue d'exposition, Lyon-Lille, 2000 - 2001, Paris, RMN, mentionné p. 242

Commentaire :
La remise de l'Ordre du Saint-Esprit au prince Girolamo Vaini, duc de Selci, prince de Cantalupo, marquis de Vacone eut lieu à Rome le 15 septembre 1737 au sein de l'église Saint-Louis-des-Français. Cette distinction tant convoitée lui avait été accordée par Louis XV en janvier de la même année et donna lieu à une fastueuse cérémonie, ainsi que les aimait l'ambassadeur de la Couronne de France, le duc de Saint-Aignan : " Dix cardinaux se trouvaient là, toute la noblesse de Rome, les ministres étrangers, une musique délicieuse, bref, de quoi faire tourner la tête à tous les Vaini du monde. Les nobles furent dans l'éblouissement1. "

Cet événement mémorable se devait d'être immortalisé et la commande fut passée à Pierre Subleyras, alors actif à Rome et protégé du duc de Saint-Aignan, qui le maintint au palais Mancini bien au delà des cinq années de formation auxquelles les pensionnaires avaient droit. Le peintre épousa une romaine et s'installa définitivement dans la ville des papes où il connut un grand succès.

Les nombreuses études préparatoires que nous connaissons pour ce tableau témoignent de l'attention que Subleyras porta à ce projet. Trois tableaux illustrent la composition dans son ensemble : une toile de grand format aujourd'hui conservée au musée de la Légion d'Honneur (323 x 242 cm) et considérée comme une œuvre d'atelier, une réduction de la main de l'artiste restée dans les collections du duc de Saint-Aignan et notre tableau. Le musée Carnavalet conserve également trois esquisses peintes des principaux protagonistes : le duc de Saint-Aignan assis et en pied (solution qui ne fut finalement pas adoptée) et le prince Vaini.

La cérémonie fut également illustrée vers 1752 par Giovanni Paolo Panini, dont l'on reconnaît le talent de scénographe dans le placement des personnages au sein de l'église Saint-Louis-des-Français (visible chez Panini avant les transformations subies au milieu du XVIIIe siècle) ainsi que dans la représentation de la foule nombreuse.

Le choix de Subleyras avait été autre, mêlant habilement allégorie et réalité historique afin de glorifier l'événement. Les traits du prince Vaini et du duc de Saint-Aignan sont caractérisés et il s'agit bien ici de portraits. Les vêtements de cérémonie, et notamment celui de l'ambassadeur en grand officier de l'ordre du Saint-Esprit, sont minutieusement rendus. Le duc tient des deux mains le cordon bleu ciel soutenant la croix de l'ordre. Toutefois, l'espace n'est que suggéré par l'estrade richement ornée sur laquelle le prince vient s'agenouiller. Les figures allégoriques les entourant sont réparties sur deux registres. Dans la partie supérieure se tiennent sur des nuées Minerve tenant le portrait de Louis XV, symbolisant la Sagesse royale et la France, et la Foi catholique, allégorie de Rome, présentant le portrait du pape Clément XII. Dans le registre inférieur, le messager des dieux Mercure assiste le duc de Saint-Aignan. La Noblesse, au centre, lui présente le prince Vaini tandis que la Fidélité et l'Honneur se tiennent derrière lui.

Un frontispice gravé d'après Jean-François de Troy - directeur de l'Académie de France à Rome depuis 1738 - représentant L'abbé Scarselli remettant son ouvrage à Louis XV (fig.1) et réalisé à l'occasion de la publication de l'ouvrage de Flaminio Scarselli en 1747 à Rome Il Telemaco témoigne du succès de la composition de Subleyras2. Ce dernier occupait alors la première place parmi les peintres français présents à Rome, comme avait pu le faire Nicolas Poussin au XVIIe siècle.

Notre esquisse est un nouvel exemple de la séduction que peut exercer Subleyras dans ses travaux préparatoires. Cette ambitieuse composition retraçant un épisode significatif de la vie publique romaine de la première partie du XVIIIe siècle est lisible dans ses moindres détails tout en présentant une grande vivacité d'exécution propre aux études. Le coloris flamboyant utilisé par le peintre est parfaitement maîtrisé. Cette composition figure en outre en bonne place dans L'Atelier du peintre conservé à Vienne, indiquant ainsi que le peintre la considérait comme l'un de ses chefs-d'œuvre (fig. 2).

1 - Odette Arnaud, " Subleyras ", in Louis Dimier (dir.), Les peintres français du XVIIIe siècle, Paris-Bruxelles, 1930, t. II, p. 58
2 - Voir Christophe Leribault, Jean-François de Troy 1679 - 1752, Paris, Arthena, 2002, p. 403, n° D. 36.

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