19 juillet 1888, 4 p. in-12, signée Stéphane Mallarmé. Sublime lettre ; en louant Les corneilles de Rosny, Mallarmé explique aussi sa propre conception du roman et de la poésie modernes : "Cette œuvre ne tient plus au roman que par le récit : je crois que ce mode primitif de lier la série de nos pensées, nous le secouerons même ! Mais ce que vous reniez déjà magnifiquement, c'est le déplorable effort moderne à tout ramener à un moyen terme de vision, peu miraculeux pour les gens, (ils en auraient conscience seuls), lequel fait de nos maîtres romanciers des reporters de génie simplement. Vous êtes bien impersonnel, mais au nom de la lueur fondante ou aiguë de la vie, à quelle hauteur située !, au point que tout ensemble de faits baignés par elle s'y épanouit délicieusement, comme les lacs de brise et de ciel d'une fin de jour, et les réservoirs de toute rêverie. Ici commence le Poëme, que notre gloire serait de dégager peu à peu de tous les genres littéraires qui l'obscurcissent encore…"
PROVENANCE : Librairie parisienne, 1957.