Formé par l'artiste voyageur Jean-Baptiste Le Prince, Louis-François Cassas, embarque en octobre 1784 à bord du Séduisant avec l'équipe de savants qui accompagne le comte de Choiseul-Gouffier récemment nommé ambassadeur à Constantinople. Il visite alors la Syrie, l'Egypte, la Palestine, Chypre et l'Asie Mineure et exécute de nombreux dessins et relevés précis des sites archéologiques majeurs de ces régions.

Situé dans la plaine de la Beqaa, au carrefour de nombreuses routes, le sanctuaire de Baalbek, plus accessible que celui de Palmyre, avait été visité par de nombreux voyageurs bien avant l'arrivée de Cassas à la fin du mois de juin 1785. Parmi ses prédécesseurs, Richard Pococke, en juin 1737, les anglais Robert Wood et James Dawkins en 1751 et Volney en 1784, avaient publié le résultat de leurs observations parfois illustré de planches gravées.

Cassas écrit dans une lettre à l'ambassadeur Choiseul-Gouffier datée du 21 juillet 1785 : " J'ay resté à Baalbek 20 jours et j'y ay été assez tranquille. J'ai dessiné et mesuré les principaux monuments qui ne cèdent en rien aux belles antiquités de Rome par la grandeur, la noblesse et la pureté de l'architecture. " ( BNF, Dpt des Manuscrits, Fol 60 n. a. Fr. 7558).

Cassas séjourne longuement sur ce site mais aucun dessin sur le motif n'a été retrouvé et sur les cinquante planches prévues initialement pour le Voyage pittoresque. Quatorze planches seulement seront gravées dont trois pour le petit temple de Vénus, cinq pour le temple du Soleil (ou temple de Bacchus) et six pour le temple de Jupiter. Si notre feuille représentant un côté du temple construit en 120 ap. J.C.pourrait très vraisemblablement être préparatoire à l'une des cinq planches représentant le temple de Bacchus nous n'avons pas pu le vérifier avec exactitude. L'impression de ce recueil ambitieux et couteux fut une véritable aventure qui ne put aboutir. Les difficultés de la gravure, les frais énormes qu'elle entrainait, l'impression, étaient autant de questions compliquées.
Si Choiseul-Gouffier contribua au financement initial, le déclenchement de la Révolution française modifia les capacités financières et les perspectives de ce mécène. L'ouvrage devait former trois volumes in-folio de 330 planches, sans compter les vignettes, gravées sur les dessins et sous la direction de Cassas. Le prospectus annonçant la publication énonçait que " le Voyage pittoresque du Cne Cassas sera de tous les ouvrages de ce genre publiés jusqu'à cette heure celui qui réunira les plus grand nombre et les plus grande variété de contrastes piquants ". (texte rapporté par Henri Boucher dans la Gazette des Beaux-Arts, 1926, t. II, p . 27)
L'ouvrage annoncé dès l'année 1787 ne fut pas achevé, lacune infiniment regrettable alors que son ambition était égale à celle de la Description de l'Egypte de Vivant Denon.