Sans titre, s.d. 4 ff. in-4 à en-tête des Grands Cafés de Toulouse. Traces de pliures en quatre, plis dans l'angle droit bas sur chaque feuillet, papier un peu chiffonné. PETITS DESSINS sur 2 feuillets (tête d'homme et illustration de la scène ?).
Papier. Le papier à en-tête des Grands Cafés de Toulouse était utilisé par Antoine de Saint-Exupéry dans sa correspondance à Renée de Saussine dans les années 1926-1927, mais il est probable qu'il s'agisse d'un usage postérieur de ces feuilles.
Synopsis. L'action se passe dans un vieux manoir, en pleine campagne profonde. Un bandit est en fuite et son portrait dans les journaux : des inspecteurs sont à sa recherche, le préfet fulmine. Deux truands, H. et T., règlent leurs comptes.
Ecriture. Le découpage de Saint-Exupéry donne de nombreuses indications de temps, de cadrage, de jeux d'acteurs, voir de montage. C'est donc bien d'une écriture cinématographique qu'il s'agit. Le sujet lui-même est assez trouble, violent, les personnages ambigus. On est ici loin de la trame de Vol de Nuit ou de Pilote de Guerre : nous sommes dans le policier noir, intriguant, dramatique même. Le cinéma, l'écriture de scénario ouvrait-il une nouvelle voie littéraire à l'auteur du Petit Prince ?
"Chez le receleur
(journaux)
2) type qui jette sa cigarette et lit. Journal froissé par le vent
" - Une prime de 10.000 francs est offerte à qui fournira la [cache] ... Il semble qu'il se soit établi dans la région de Rouen."
Les marchands de journaux qui parlent en s'éloignant (idée d'éparpillement)
2) sous la pile de journaux
3) les trois inspecteurs floués qui lisent et jettent le journal avec dépit (comique)
4) des joueurs de manille (grosse pile de soucoupes) à moustache ou barbe (petit boutiquier) qui discutent à grand coup sur le journal puis commandent une nouvelle tournée et chacun prend l'air vainqueur.
5) une concierge sur le trottoir qui discute là-dessus avec le facteur.
6/ Pluie de journaux
Toutes ces scènes vont en accélérant pour mieux rendre la
scène […] suivante.
1) un journal et des mains qui le tiennent
2) une des mains tapote sur la table
3) le journal est lentement plié et on voit apparaître un visage (receleur) absolument fermé.
4) Il allume une cigarette
5) Il regarde par la fenêtre
6) Il interpelle son vis-à-vis et sourit d'un air engagé : " as-tu lu ça ? " il tend le journal, s'enfonce dans un fauteuil et rit avec aisance en secouant la tête de droite à gauche, air de dire " c'est idiot ".
7) Visage de H qui lit, se mord la lèvre […] et jette un tout petit regard de bas en haut sur T (une seconde).
8) T sifflote d'un air dégagé, profil, tête renversée puis de face vers H s'éclaire d'un large sourire.
9) Visage de H qui jetait un second coup d'œil et dont le visage se détend et qui sourit aussi
10) Petit mouvement des épaules qui indiquent cette détente ou une pensée[…] T se lève, frappe sur l'épaule de H et tous deux se rendent vers la salle à manger bras dessus bras dessous de dos
11) de face : rigolant
Texte : " - nous deux à la vie, à la mort." […]
Chambre
1) sourire disparu
2) mais… peu de blagues : tu sais que je suis méchant.
3) Une seconde les deux visages se regardent fixement
4) Silence, sourires tapes sur l'épaule
5) Nuit - coup d'œil sur la campagne
6) route vide
7) charrettes de foin
8) étang au clair de lune
9) manoir vu de loin
10) H enfoncé dans un fauteuil, une pipe au bec tapote des doigts sur un pressoir. […]
Après ces scènes lentes, nécessité de scènes rapides. Rappel de Paris préfecture de police.
1) préfet fume, lisant un rapport et entourés de types silencieux. Tant qu'il lit rien n'apparaît sur son visage (nécessité de temps en temps de ces scènes qui courent en dessous)
Les visages qui le regarde : fronts plissés, air embêté. […]".