Amsterdam [Paris], s.n. [Barbou], 1762, 2 vol. in-8°, maroquin vert, encadrement de triple filet doré autour des plats, dos à nerfs orné aux petits fers, riches roulettes et filets dorés intérieurs, tranches dorées (M. Lortic).
Édition dite des Fermiers généraux, l'un des plus fameux livres illustrés du XVIIIe siècle.
Imprimée avec les caractères de Pierre-Simon Fournier (1712-1768) dit le Jeune, et publiée sous la direction de Jean-Baptiste Séroux d'Agincourt (1730-1814) aux frais des fermiers généraux, cette édition, fut tirée à 2 000 exemplaires seulement, sur papier de Hollande, faisant d'elle l'une des plus belles réussites de la production éditoriale du XVIIIe siècle. Elle contient tous les contes de l'édition parue, à Amsterdam, chez Desbordes en 1718, sauf Le florentin. Au tome II, les cinq derniers contes - déjà insérés dans les éditions précédentes - ne sont pas de La Fontaine.
En tout et pour tout, 2 portraits, un de La Fontaine gravé par Ficquet d'après Rigaud (tome I) et un d'Eisen gravé par Ficquet d'après Vispré (tome II) ; 80 figures et 13 figures refusées en surplus, gravées par Aliamet, Baquoy, Choffard, Delafosse, Flipart, Lemire, Leveau, Longueil et Ouvrier d'après Charles Eisen (1720-1778) ; 4 vignettes et 53 culs-de-lampe par Pierre-Philippe Choffard (1730-1809) dont le dernier contient son portrait.
Les 13 figures refusées sont les suivantes : Le savetier (non signée, réemmargée, p. 33, tome I) ; La servante justifiée (non signée, p. 47) ; La gageure des trois commères (2e figure, signée Lempereur, p. 55) ; Le calendrier des vieillards (non signée, p. 69) ; À femme avare galant escroc (signée Gaillard, réemmargée, p. 80) ; On ne s'avise jamais de tout (non signée, réemmargée, p. 85) ; La coupe enchantée (non signée, p. 127) ; La clochette (non signée, p. 219) ; Sœur Jeanne (non signée, p. 233) ; Les oies de Frère Philippe (non signée, p. 1, tome II) ; L'oraison de Saint Julien (signée Le Mire, p. 37) ; Les rémois (non signée, réemmargée, p. 89) ; et Le tableau (l'une signée couverte, l'autre non signée découverte, p. 223).
Les planches du Cas de conscience et du Diable de Papefiguière se trouvent, ici, en état découvert, ce qui est fort peu commun (" l'état couvert de ces deux pièces se rencontre certainement beaucoup moins souvent ", Cohen, 561). Brunet ajoute : " La vérité est qu'il se trouve des exemplaires de présent, et certainement de premier tirage, où les deux planches en question sont couvertes… " (I, 759).
Exemplaire de choix d'un beau tirage contrasté des gravures, enrichi d'une suite de 13 figures refusées.
Fraîche reliure de Marcellin Lortic qui succéda à son père en 1884 et qui cessa son activité dans les années 1920. Il eut pour clients des bibliophiles comme La Croix-Laval, Descamp-Scrive ou Spencer.
L'avis au relieur du tome II est relié à la suite de celui du tome I dans ce même tome, rétablissant l'ordre originel de sa pagination.
Rousseurs éparses, sans atteinte aux figures. Au tome II, légère salissure sous le portrait d'Eisen ; petit trou de vers au titre (5 mm.) et à la 1ère figure des Oies de Frère Philippe ; feuillet V maculé.
Bibliographie : Cohen, 558 (" Parmi les livres illustrés du XVIIIe siècle, cette édition […] est celle dont l'ensemble est le plus beau et le plus agréable ; c'est en outre le chef-d'œuvre d'Eisen ") ; Rochambeau, p. 524, n° 79 ; Brunet, III, 759-760 (" elle renferme les plus jolies gravures que l'on ait faites jusqu'ici pour ces contes... on n'en trouve pas facilement des exemplaires dont toutes les gravures soient également belles d'épreuves... ") ; Portalis, p. 190-213 (" Le chef-d'œuvre d'Eisen ") ; Tchemerzine, III, 863 ; Lewine, p. 278-80 ; Ray, p. 51-62.