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Marie-Antoinette Petit-Jean (1795 - 1831)
La Belle au bois dormant
Estimation :
10 000 € - 15 000 €
Vendu :
12 113 €

Description complète

La Belle au bois dormant
Huile sur toile

Signée et datée 'M. Petit-Jean, née Trimolet / de Lyon. 1821.' en bas à droite

Dans son cadre d'origine en bois mouluré et stuc doré, travail français d'époque Restauration, portant la mention 'SOCIETE DES AMIS DES ARTS DE LYON.1822' dans le bas


Provenance :

Acquis probablement auprès de l'artiste par la Société des amis des arts de Lyon pour l'exposition de 1822 ;
Famille lyonnaise par succession ;
Collection particulière, Paris

Expositions :

'Exposition des objets acquis par la société des amis des arts de Lyon', 1822, n° 16

Bibliographie :

Adolphe Siret, 'Dictionnaire des Peintres de toutes les écoles...', 1848, p. 519
Dominique Dumas, 'Salons et expositions à Lyon. 1786-1919', Dijon, 2007, vol. III, p. 1260
Gérard Bruyère et Dominique Dumas, "Le Salon de Lyon", in 'Le temps de la Peinture. Lyon 1800-1914', cat. exp. , Lyon, Fage Editions, 2007, p. 72, fig. 05.02

Commentaire :
L'exceptionnel état de conservation, l'historique et le sujet de notre tableau nous permettent de le qualifier de " chef d'œuvre de la peinture troubadour ".

Notre tableau illustre le passage le plus dramatique du célèbre conte de Charles Perrault La Belle au bois dormant.
Une mauvaise fée ayant prédit que la jeune princesse mourrait en se piquant le doigt sur un fuseau, cette malédiction fut adoucie par une autre fée qui indiqua que cette piqûre la plongerait dans un profond sommeil durant cent ans.
Le roi son père avait tenté de faire disparaître tous les fuseaux du royaume pour épargner à la princesse ce fatal destin. Alors que la Belle au bois dormant avait seize ans, elle rencontra en haut du donjon une vieille fileuse qui n'avait jamais entendu parler de cet édit et travaillait à sa quenouille. " Elle n'eut pas plutôt saisi le fuseau, que comme elle était fort vive, un peu étourdie & que d'ailleurs l'arrêt des fées l'ordonnait ainsi, elle s'en perça la main, et tomba évanouie[1]. "

Marie-Antoinette Trimolet, sœur ainée du peintre Anthelme Trimolet est réputée avoir été l'élève de ce dernier.
Tant pour les objets que pour les costumes et le mobilier de ce tableau le terme d'archéologie peut déjà être employé, quelques années avant Mérimée, pour souligner le travail attentiste de reconstitution historique de l'école de Lyon lancée par Révoil et Richard. L'artiste a peint cette scène avec toute la délicatesse et la minutie des artistes troubadours, pour qui les contes de fées constituèrent un important répertoire de sujets.

Un dessin préparatoire au crayon (Fig. 1) montre toute l'attention portée par l'artiste à la construction de sa composition. Conservé au musée des Beaux-arts de Dijon, il fait parti du fond AnthelmeTrimolet légué au musée en 1878.

Le comte de Perrault est ici représenté avec beaucoup de fidélité.
La veille femme se penche vers la princesse évanouie tenant encore la quenouille tandis que le fuseau a glissé sur le sol. Toute la force de la narration est donnée par le rayon de lumière passant par la fenêtre et venant éclairer le visage et la robe " porcelainée " de la jeune femme. La princesse évanouie sur une chaise porte une magnifique robe moirée bordée de rose et d'or. Chaque détail de sa parure, allant du voile de son chignon jusqu'aux petites chaussures brodées, est traité avec beaucoup de précision et une touche brillante. Il en est de même pour les vêtements de la vielle femme ainsi que pour les objets quotidiens de son intérieur, réunis sans réel souci de vraisemblance chronologique mais plutôt pour conférer à ce tableau un aspect pittoresque extrêmement séduisant.
Ce type de peinture s'inspire profondément de la technique minutieuse des œuvres de l'école de Leyde au XVIIe siècle. Les perpétuels échanges commerciaux entre Lyon, capitale de la soie, et les citées du Nord, maîtresses du commerce de la laine, sont à l'origine d'importantes collections de tableaux des école du Nord à Lyon. Les premiers artistes de l'école de Lyon avaient donc tout loisir de s'inspirer de la perfection technique des œuvres de Gérard Dou, des van Mieris ou encore Gabriel Metsu.


[1] Le Cabinet des Fées, 1859, p. 24.

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