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Paul ELUARD
MANUSCRIT A.S. sur la persécution de Beloyannis, 1952
Estimation :
2 000 € - 3 000 €
Vendu:
3 825 €

Détails du lot

MANUSCRIT A.S. sur la persécution de Beloyannis, 1952

Signé, daté 6 avril 1952. 2 p. gr. in-4 encre bleue, au verso de jaquettes de la collection "Les Grands Siècles de la Peinture". Très nombreuses ratures, manuscrit de travail. Texte publié en préface du livre de Claude Roy et Pierre Courtade "Meurtre à Athènes, Nicos Beloyannis", publié en 1952 illustré par Picasso.
Les terribles persécutions subies par Beloyannis sont vite devenues un fort symbole de lutte pour la liberté. Rappelons les faits. Le 1er mars 1952, à Athènes, le Tribunal militaire permanent condamne à mort Níkos Béloyánnis, 37 ans, membre du Comité central du Parti communiste grec (KKE). Remis aux Allemands en 1941, avec d'autres prisonniers politiques, il s'évade, pour rejoindre l'Armée populaire nationale de libération. Arrêté en 1950, il est enfermé jusqu'au procès en cellule éclairée. Sa compagne, arrêtée avec lui, était enceinte. Son procès, ainsi que celui de 28 autres accusés, a lieu en 1952 devant le Tribunal permanent des forces armées ; durant le procès, il portait un œillet rouge. Sa compagne appris sa condamnation à mort, deux semaines plus tard, lors de son accouchement. Ces symboles se répandirent dans le monde entier ; Picasso fit un portrait de "L'Homme à l'œillet".

Magnifique plaidoyer d'Eluard pour la liberté. Il établit un parallèle avec les horreurs de la seconde guerre mondiale et les atrocités nazies. Poème très prenant écrit en avril 1952, 3 ans avant le célèbre poème "L'Affiche Rouge" d'Aragon sur le groupe Manouchian, thématiquement très proche et tout aussi émouvant.

"Ce dimanche de printemps, on a tué quatre héros lâchement, quatre héros prisonniers, quatre innocents épris de liberté, d'amour, de vie meilleure, de justice, on a tenté de les détruire sous les mensonges, les outrages, et les supplices. Quatre héros!... Mais c'est la foule des héros passés, présents, futurs qu'on veut exterminer. Les chaînes ni la misère ne suffisent plus, il faut garnir la terre de charniers immenses, de cimetières anonymes, il faut défigurer la vie de la planète. Rien ne doit s'opposer aux pouvoirs de la guerre. A mort tous ceux qui ne veulent rien avoir de commun avec la mort. A mort le monde s'il le faut, s'il ne renonce pas à relever la tête… Beloyannis est mort, il n'a rien sacrifié de notre honneur, ni de l'espoir que nous avons en l'avenir. Il a souri. Jamais nous ne saurons compter tous ceux qui sont morts comme lui. Ils renaissent sans cesse leur force est contagieuse… Ils sont debout en tête de l'avenir. Tout pourra s'oublier, sauf leur confiance dans la vie. Derrière eux, Lidice , Oradour, Hiroshima s'effacent. Beloyannis est mort. Nous autres nous vivons. Que ce soit pour lever la tête; Pour triompher avec tous les héros, avec les hommes innocents ! 6 avril 52".

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