Le regard vide de cet officier blessé, le ciel chargé mêlé aux salves d'artillerie, l'ordre de bataille continuant, irrémédiblement; et se dirigeant vers le néant ; voilà la vision de l'Empire finissant qu'a voulu traduire Horace Vernet. Notre tableau montre la fin de l'aventure napoléonienne, et le dernier effort surhumain de Waterloo face à une Europe coalisée. Horace Vernet, pourtant de sentiment pro-napoléonien, individualise ici avec le grenadier ce que Géricault avait déjà brillamment traduit au Salon de 1814 avec son Cuirassier blessé (actuellement conservé au Musée du Louvre). Le rapprochement du travail de Vernet avec celui de Géricault est évident lorsque l'on découvre le Cuirassier assis sur un tertre (Fig. 1), élément du procédé d'élaboration du grand tableau de Salon. Refusé au Salon de 1822, Horace Vernet expose la même année chez lui quarante-cinq de ses toiles dont 'Le soldat de Waterloo' (localisation actuelle inconnue) peint quelques années auparavant. Notre tableau est très proche de ce dernier dans sa volonté de représenter la fin de l'époque napoléonienne. Il peut être daté autour de 1820.
Fig. 1 : Théodore Géricault, 'Cuirassier assis sur un tertre', HST, 46 x 38 cm. RMN, Musée du Louvre, Paris