Après le succès planétaire de la première 'Semaine d'aviation de la Champagne', d'août 1909 à Reims, la capitale ne voulut pas être en reste ! Aussi la Société d'encouragement à l'aviation (la SEA, fondée en juillet 1908) organisa-t-elle un grand meeting, sur le nouvel espace permanent spécialement créé pour que volent des aéroplanes, Port-Aviation (commune de Viry-Châtillon, Seine-et-Oise, aujourd'hui en Essonne). La 'Grande quinzaine d'aviation de Paris' se déroula du 7 au 21 octobre 1909, sous le patronage du président de la République, Armand Fallières, qui vint assister aux vols le 14 octobre. Une quarantaine d'aviateurs, les plus célèbres de l'époque, s'inscrivirent aux différentes épreuves, dotées de plus de 100 000 F (francs/or) de prix.

Le site de Port-aviation avait été conçu pour pallier les divers inconvénients que présentait la plaine d'Issy-les-Moulineaux et le terrain de Vincennes utilisés jusque là. Ces terrains étaient en réalité des champs de manœuvres militaires qu'il fallait louer ou emprunter sous conditions et à des heures particulières (entre 4 et 6 heures du matin, avant les exercices équestres). Ce qui posait d'innombrables problèmes aux "précurseurs" de l'aviation pour la réalisation d'un vol.
Dès l'origine tant le choix du site de Port-Aviation que la qualité des installations reflétaient l'ambition de l'initiateur du projet, l'aviateur Koechlin. Dès 1909, les installations comprenaient 32 hangars !

Le terrain d'aviation proprement dit comprenait un mât aux signaux ancêtre de la tour de contrôle au centre d'une piste circulaire en herbe de 3 Km, à l'abri des vents par l'alignement des coteaux riverains de Viry-Châtillon, Savigny et Juvisy. Cette protection contre l'action du vent était absolument nécessaire pour permettre aux avions de l'époque de s'élever à plusieurs mètres du sol.
Il est clair que cet ensemble avait été conçu pour permettre l'organisation spectaculaire de réunions aéronautiques comme en témoigne notre tableau. André Devambez représente parfaitement les typologies du lieu mais en accentue aussi la dimension, tant par l'éloignement des hangars dans le fond de la composition à gauche que par le point de vue qu'il choisi pour sa composition qui permet notamment de donner une ampleur majestueuse à la manifestation représentée.
La Grande quinzaine d'aviation de Paris fut un immense succès populaire. Rien que le dimanche 10 octobre 1909, près de 300 000 personnes se précipitèrent sur l'aérodrome pour voir évoluer les frêles " cages à poules " ! L'événement le plus marquant fut le premier survol de Paris par un aéroplane, piloté par le comte Charles de Lambert le 18 octobre 1909 au départ de Port-Aviation. Marcel Bloch, plus tard Marcel Dassault, écrivit dans son livre le Talisman que la vue du biplan Wright au-dessus de Paris fut le déclencheur de sa vocation.

Le tableau d'André Devambez, Vol durant la " quinzaine d'octobre ", Port-Aviation, 14 octobre 1909, évoque la journée de la visite d'Armand Fallières, président de la république. Il montre le grand pionnier Louis Paulhan volant au-dessus de la piste à bord de son biplan Voisin n° 27, moteur Gnôme 50 ch, et commémore également le douzième anniversaire du premier vol de Clément Ader qui fit décoller son avion le 14 octobre 1897 à Satory (Versailles).


Nous remercions Monsieur Jean Molveau, journaliste aéronautique, pour son aide à la rédaction de cette notice.