Commentaire :
Description complète de gauche à droite par rangée :
Recto : étude d'un officier de chasseurs de la Garde chargeant de face ; de trois-quarts ; pied à terre tenant son cheval par la bride dans l'attitude du 'Cuirassier blessé', deux fois ; à cheval de trois-quarts, dos vers la gauche, se retournant sur sa selle, dans la même attitude ; cheval de trois-quarts face ; deux croquis de cavaliers et un croquis de cheval.
Verso : cavalier pied à terre dans l'attitude du 'Cuirassier blessé' ; autre croquis similaire en tenue de Chasseur ; étude pour la tête se retournant du 'Cuirassier blessé' ; détail du profil de trois-quarts (nez, bouche, menton) ; détail de l'œil renversé ; trois croquis de jambes ; trois croquis de sabots ; une étude de portrait d'homme assis, dont on distingue la tête de profil, le reste du corps dans une cape est sous-jacent aux autres croquis.
Cette feuille recto-verso est en majeure partie consacrée aux recherches pour le 'Cuirassier blessé quittant le front' exposé au Salon de 1814 (Musée du Louvre).
Au moment de la défaite napoléonienne (l'Empereur abdique le 6 avril 1814), Géricault, toujours sur la brèche de l'histoire contemporaine, cherche un sujet pouvant synthétiser le drame. Il garde tout d'abord l'idée de la représentation du 'Chasseur à cheval' de son tableau de 1812, qu'il se remémore dans les attitudes fougueuses du cavalier chargeant, puis se retournant pour regarder derrière lui comme s'il examinait la grande aventure napoléonienne. Son imagination lui fait mettre alors un pied à terre, comme la France à genoux, à bout de ressources en 1814.
Selon Lorenz Eitner, les études pour le 'Cuirassier blessé' de cette feuille précèdent celles qui sont contenues dans le carnet Zoubaloff du Louvre (voir G. Bazin, opus cité supra, n° 989 à 1007, reproduits). L'étude de composition en haut à gauche du verso est la plus proche de la composition finale, avant l'esquisse conservée au Brooklyn Museum (voir G.Bazin, opus cité supra, n° 967, p.243).
Les études de détails pour la tête du cuirassier au verso, dévoilent la méthode de Géricault pour atteindre une expressivité maximale : il commence par un croquis d'un profil renversé, puis se concentre sur l'arête du nez et la bouche, et enfin ne retient que l'œil exorbité, isolé. Il tente d'y concentrer le désespoir de l'impuissance à combattre du blessé, l'angoisse de l'abandon qui saisit le soldat isolé de ses frères d'arme, et la peur de la mort imminente qui rôde derrière le cuirassier, lorsqu'un cosaque sans pitié fondra sur lui comme la mort armée d'une faux sur son cheval, éliminant sans pitié les traînards et les blessés de la Grande Armée en déroute.
On peut rapprocher l'étude de portrait d'homme assis sous-jacente d'une feuille de croquis représentant un homme dans une attitude et des vêtements semblables, ainsi que d'un portrait peint conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon (voir le catalogue d'exposition 'Géricault', Paris, 1991, ed. RMN, n°133-134, ill.186-187).
Black pencil
Bears numbering '34' and '35' with a quill and brown ink upper right and upper left and '250' lower right
Unframed
Height: 8,27 Width: 11,19 in.