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Edmond Jabès
Correspondance 1952-1969
Estimation :
20 000 € - 25 000 €
Vendu :
18 489 €

Description complète

Correspondance 1952-1969

"LA POESIE VOUS DOIT TANT"
98 lettres in-4 et 1/2 in-4 papier bleu au début puis blanc. 10 brouillons de Bounoure joints. Le début d'une intimité littéraire, 1952 : "je crois en notre amitié que je place sous le signe de Max Jacob et cela m'est agréable de vous l'écrire". Mars 1953 : "je suis au cœur de ma poésie avec vous, grâce à vous." Le remercie pour ces notes sur son écriture, qui "sont de la profondeur et de la beauté de vos meilleurs études sur les poètes", et de citer Michaux, Jouve, Eluard... Le compare à Blanchot, "mais il n'a pas votre culture". Admire la profondeur de l'analyse "sexualité des mots par la voyelle, je tournais autour, j'affirmais sans voir... je me répétais aussi Les mots font l'amour. Mais ce n'était pas ça. Je restais en marge des mots". Une lettre poétique sur la construction du poème : "abandonné le mot devant un miroir à trois faces et retrouvé trois mots différents qu'un même désir consumait. A tous trois j'ai donné une chance égale de survivre avec le poème, comme pour le héros trois fois dessinés de la plupart de mes Chansons et pour les Trois filles de mon quartier, dont le bavardage est une rivière de diamants au cou émancipé des branches". Cite Char : "Le poète a ses têtes" et il en a tant d'autres qui me hantent." Doit lui faire lire les épreuves de son prochain livre. En 1956, lui redemandent d'être un "merveilleux introducteur " comme il l'a été pour les poètes ... étudiés". 28 octobre 1956. Sur les événements d'Afrique du Nord, G.B. est très affecté. E.J. veut le soutenir : "il est très difficile pour moi qui suis de nulle part de vous avouer que je me sens très prés de vous en ce moment. Et sans doute n'en ais je même pas le droit". Son amitié doit être celle de l'homme mais aussi celle d'un pays: "pour moi, la France demeure celle qui se confond avec le meilleur de moi-même. Votre France, Bounoure que j'ai vue à travers vous, parce qu'elle vous ressemble". Se débat dans des difficultés administratives pour sa carte de séjour, de travail, demande à Bounoure une lettre "motivée" pour sa naturalisation, espère l'appui de Paulhan et de Nadeau, peut être Char. A propos de l'émission télé de Max Pol Fouchet sur le livre de Bounoure, Marelles sur le Parvis: "Il a parlé de la grande importance de vos essais et de la place, celle d'un maître que vous occupez dans les lettres". Annonce la sortie du livre de Bounoure chez les libraires. 1959, rencontre avec Supervielle, qui lui demande de lire des poèmes : "cela m'a rappelé Max Jacob, ma première rencontre avec Max Jacob, chez lui". Janvier 1960, rupture, nouvelle vie : "je ne veux plus revivre le passé, pour moi tout est fini. Je ne garde que la mémoire d'un désert illimité où je puisais ma perte et ma mort. Rien, rien que le sable qui parfois, envahit les rues ou je circule, engloutit la maison. Je me sens fils du sable comme on est enfant du terroir, de la pluie ou du vent et même fils du vent, du sable qui est partout. Ecrire, ne serait-il pas la vaine tentative de retrouver cette parole de poussière aveuglante ?" La vision des livres par G. Bounoure : "du silence au silence vous leur avez donné la lumière du soleil". Eprouve de plus en plus de difficultés à écrire, mais se force. Nov. 1961, vient de remettre le manuscrit du "Livre des Questions" : "nous saurons quelle est la chance de ce livre !". Cherche d'autres éditeurs, Saillet, Nadeau. Ecrit le deuxième vol. du Livre des Questions : "J'ai pris le nom de Yukel, car Yukel est mort. Et je suis la parole qui survit". Derrida et la poésie de Jabès : "je ne suis pas d'accord avec Derrida en ce qui concerne l'influence de Max Jacob sur ma poésie, Max le premier m'a engagé à ne pas le suivre mais il m'a apprit par contre, à rechercher comme il l'a fait toute sa vie une vérité de la parole". Une des dernières lettres , en avril 1969 : "Ce que vous écrivez sur mon livre comme toujours va à l'essentiel et au-delà où le chemin sans vous se serait peut-être perdu. Vous m'aidez beaucoup, j'avance avec vous ; souvent derrière vous". Joints :
- 10 LETTRES de G. Bounoure très dense et longues, brouillons aboutis.
- 6 PHOTOGRAPHIES ORIGINALES de Jabès et Bounoure en 1957.
- 1 poème "La demeure de Reverdy", tapuscrit, 1960.

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