IMPORTANT ENSEMBLE D'ESTAMPES PAR ET D'APRES WILLIAM HOGARTH, PROVENANT DE LA COLLECTION DE LOUIS DE LAUNAY

WILLIAM HOGARTH
Londres, 1697 - 1764

Hogarth fut avant tout un moraliste : l'impulsion qui le guida dans l'art fut le désir de réformer le monde et de le rendre meilleur. Sa formation de graveur et son rapide succès comme peintre de tableaux de " petites conservations " (conversation pieces), lui donnèrent l'idée de graver des sujets de morale contemporaine, un domaine qui n'avait pas été exploré encore nulle part. Sa dénonciation des défauts de ses contemporains en les grossissant font de Hogarth le père de la caricature anglaise et au-delà de l'Angleterre, le père de la caricature tout court.

Les plus célèbres suites de l'artiste, 'A Harlot's progress' ('La Carrière d'une prostituée') (n°3) et 'A Rake's Progress' ('La Carrière d'un libertin') (n°5) sont publiées respectivement en 1732 et 1735. L'interprétation des scènes représentées, qui dénoncent la débauche et le jeu, ne dépend pas d'un texte qui en donnerait la clé mais des éléments fournis par les estampes elles-mêmes, ce qui oblige le spectateur à un examen attentif de tous les petits détails nécessaires à la juste compréhension de la scène. Plus tard, 'Gin Lane' et 'Beer Lane' (n°13) s'attaquent avec un vigoureux réalisme à l'ivrognerie tandis que les quatre planches de 'An Election' (n°16) sont chargées de dénoncer la vénalité politique. Les satires morales de Hogarth se complètent par des satires sociales. Il ne s'y montre pas hostile à une classe particulière de la société mais met en évidence les défauts de chacune d'entre elles : de l'aristocratie ('Marriage à-la-mode', n°9) aux apprentis ('Industry and Idleness', n°11), en passant par le clergé ('Credulity, Supertition and Fanatism', n°22) ou les militaires ('The March to Finchley ou Invasion', n°12 et 17)

L'objectif original et précis de Hogarth de faire de sa gravure une œuvre éducative pour tous explique les caractéristiques esthétiques de ses gravures et les prix très modérés auxquels il les mettait en vente. Cependant, sa générosité n'allait pas jusqu'à sacrifier les nécessités commerciales. Hogarth a pris beaucoup de soin pour organiser la fabrication et la vente de ses estampes et pour les protéger contre les contrefaçons qui étaient très nombreuses. En 1735, il obtient du Parlement anglais une loi sur le droit de propriété des graveurs sur leurs œuvres, première formulation du copyright artistique, ce qui eut d'immenses conséquences pour l'histoire de l'impression de l'estampe aussi bien que pour celle de la peinture. Cette loi n'empêchera d'ailleurs pas les copies de se multiplier, Hogarth étant très apprécié non seulement à Londres mais sur tout le continent.

La collection d'estampes de Hogarth réunie à la fin du XIXème siècle par Louis de Launay illustre ainsi à merveille le mot de Diderot : " on s'arrache les estampes de Hogarth des mains et il n'est aucun chef de famille qui ne se croye obligé d'en faire l'emplette ". Elle inclut toutes les grandes suites publiées par l'artiste ainsi que les principales planches isolées. Constituée avec beaucoup de soin, cette collection ne comprend que des tirages du 18e siècle sur papier vergé de belle qualité.

Louis de Launay (1860-1939), géologue, professeur à l'Ecole des Mines et membre de l'Institut, contribua par ses travaux et ses recherches à l'élaboration de la science des gîtes minéraux. Cet esprit encyclopédique, fécond et curieux, s'intéressait à tous les champs du savoir. Ses travaux et ses nombreux voyages le conduisirent dans des voies aussi diverses et variées que la poésie, la philosophie ou encore l'histoire politique. Un amour passionné de l'art l'avait très tôt uni à Etienne Moreau-Nélaton, célèbre peintre et collectionneur qui fut un proche de la famille de Launay.