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BRASIER Berline 16HP par Marcel Guilloux - 1913 N° de série : #212 Moteur : quatre cylindres en ligne, avant, longitudinal<...
BRASIER Berline 16HP par Marcel Guilloux - 1913 N° de série : #212 Moteur : quatre cylindres en ligne, avant, longitudinal<...
Estimation :
70 000 € - 90 000 €
Vendu:
78 630 €

Détails du lot

BRASIER
Berline 16HP par Marcel Guilloux - 1913

N° de série : #212
Moteur : quatre cylindres en ligne, avant, longitudinal
Alésage-course : 85 mm x 140 mm
Cylindrée : 3176 cm3
Distribution : soupapes latérales
Alimentation : un carburateur
Boîte de vitesses : mécanique, transmission par cardan
Châssis : à longerons en tôle d'acier emboutie
Carrosserie : berline de voyage, quatre portes, cinq places et deux strapontins
Suspensions : essieux rigides, ressorts semi-elliptiques
Freins : à tambours sur les roues arrière, commande par câbles
Roues : à rayons bois de type artillerie

Fraîchement diplômé de l'École des Arts et Métiers de Chalons, Charles-Henri Brasier, jeune dessinateur industriel, obtint son premier emploi chez la florissante entreprise Panhard & Levassor. Il était alors chargé de concevoir de petits moteurs (à vapeur) destiné à l'industrie.
En 1886, il fut recruté par la compagnie Mors Électricité, sise au 28 rue de la Bienfaisance dans le 8e arrondissement de Paris et spécialisée dans la fabrication de téléphones et signaux ferroviaires, mais délaissa rapidement le service électricité pour se concentrer sur la fabrication d'un petit tricycle à vapeur, récompensé lors de l'Exposition universelle de 1889, sous l'œil bienveillant de Louis et Emile Mors, fascinés par cette industrie automobile naissante.
En 1896, à l'occasion du 4ème Salon du Cycle de Paris, Mors présenta son premier véhicule automobile, un vis-à-vis mû par un quatre-cylindres et doté d'un innovant allumage à rupteur.
Trois ans plus tard, la florissante entreprise produisait près de 200 voitures par an.
Dans le même temps, et afin d'asseoir la notoriété de la marque, Emile Mors décida d'engager dans nombre d'épreuves des automobiles portant son nom. Brasier put alors donner libre-cours à son imagination et à son talent de concepteur.
Dès 1899, la marque remporta les courses Paris-Saint Malo et Bordeaux-Biarritz, puis Bordeaux-Paris-Bordeaux et Paris-Toulouse-Paris l'année suivante avec un nouveau modèle 16 HP.
En 1901, Brasier conçut un modèle de course équipé d'un monstrueux quatre cylindres de plus de 9 litres de cylindrée qui remporta les courses de Paris-Berlin et Paris-Bordeaux avec Henri Fournier à son volant. La même année, Brasier, dont l'ambition devenait incompatible avec la nouvelle politique d'économies prônée par les dirigeants de Mors, quitta l'entreprise et rejoignit Georges Richard, à la tête d'une florissante et ambitieuse entreprise. Ensemble, ils conçurent toute une gamme d'automobiles, de 8 à 16 HP, chapeautée par un modèle spécialement créé pour la course Paris-Madrid de 1903. Quatre voitures furent alignées par la marque au départ de l'épreuve, et trois atteignirent Bordeaux, ultime étape d'une course écourtée par le nombre et la violence des accidents. Georges Richard, au volant de la quatrième voiture, se blessa grièvement en percutant un arbre et, signe du destin, c'est une voiture Mors, anciennement conçue par Brasier, qui remporta l'épreuve…
Richard, en convalescence forcée, délégua ses fonctions à Brasier qui, profitant de la situation, mit au point une monstrueuse automobile Richard-Brasier de 80 HP destinée à disputer et à remporter la très enviée cinquième coupe Gordon-Bennett 1904. C'est Léon Théry, au volant du bolide, et en présence de l'Empereur Guillaume II, qui remporta la course disputée sur le circuit de Taunus au nord de Francfort, terminant premier devant Jénatzy sur Mercedes et Rougier sur Turcat-Méry.
Triomphant, Brasier mit, dans le même temps, un terme à son association avec Richard, conservant au passage les usines et le logo du trèfle à quatre feuilles pourtant imaginé par Richard. Ce dernier, après un procès houleux qu'il remportera, fondera plus tard la marque Unic, soutenu par le baron Henri de Rothschild.
A la tête de la nouvellement créée Société des Automobiles Brasier, Charles-Henri Brasier se concentra de nouveau sur une potentielle victoire à la coupe Gordon-Bennett 1905, négligeant la mise au point des modèles de série. Une nouvelle fois, Théry s'adjugea l'épreuve avec une 96 HP de plus de 11 litres de cylindrée ( !), devant les deux Fiat de Nazzaro et Cagno, et l'autre Richard-Brasier de Caillois.
Nouveau triomphe pour Brasier, Légion d'Honneur en prime… Brasier profitera d'ailleurs de sa renommée pour doubler le prix de vente de ses voitures, sans pourtant y apporter la moindre amélioration. A partir de 1906, les Brasier se vendirent donc de plus en plus mal, et les exploits sportifs de la marque se firent plus rares.
En 1909, apparût une petite bicylindre, appelée " la petite voiture Brasier ", qui accéléra les ventes, d'autant que le prix des Brasier était redevenu raisonnable. Mais le premier conflit mondial changea la donne, et Brasier se concentra sur la fabrication d'utilitaires, d'obus et de moteurs d'avions Hispano-Suiza demandés par le Ministère de la Guerre.
Au sortir de la Guerre, Charles-Henri Brasier fut une nouvelle fois victime de son ambition, proposant des modèles luxueux et hors de prix, dépassés techniquement. Peu d'acheteurs, et des caisses qui se vidèrent rapidement avec un ruineux retour à la compétition, lors de la première édition des 24 Heures du Mans 1923. Un an plus tard, l'entreprise fut mise en liquidation judiciaire et une dernière alliance avec l'industriel Chaigneau, créant la société Chaigneau-Brasier, ne changea pas le destin de la marque au trèfle, rachetée par Delahaye en 1933, provoquant sa disparition.


La voiture de la vente est une Brasier de 1913 carrossée en berline à montants " panoramiques " par Marcel Guilloux à Chalon-sur-Saône.
La voiture fut vendue neuve à Beaune par l'intermédiaire de l' " Auto-Garage Beaunois - Moine & Bahé " dont la plaque figure toujours sur l'auvent de la voiture.
Son premier propriétaire ne pût, hélas, sans doute pas profiter longtemps du confort de sa nouvelle automobile puisqu'il rejoignit les armées françaises en 1914 et fut tué au combat. Entretemps, il avait pris soin de dissimuler ses objets les plus précieux, dont sa Brasier, dans une pièce qu'il fit murer avant de partir au front. Tableaux, meubles et Brasier y séjourneront pendant près de soixante ans…
Dans les années 1970, les nouveaux propriétaires de la maison, désireux d'étendre la surface habitable, décidèrent d'abattre certains murs. Nous imaginons aujourd'hui quel put être leur étonnement en découvrant dans l'obscurité de la pièce un massif radiateur d'automobile encadré par deux gros phares, tels deux yeux dans la nuit… Le rêve de tout amateur…
Sans doute peu intéressés par la chose automobile, les nouveaux propriétaires de la voiture firent appel à un célèbre marchand strasbourgeois de l'époque afin de les " débarrasser " de l'encombrante Brasier.
A peine ce dernier l'eut-il ramené chez lui qu'un amateur éclairé lui en offrit une somme déjà conséquente à une époque où ce type de véhicule n'intéressait pas grand monde, si ce n'est plus personne.
Revendue dans les années 80 à deux célèbres animateurs du monde de l'automobile ancienne, elle fut achetée par son actuel propriétaire il y a maintenant quelques années.
Elle avait entretemps figuré en 1983 dans le film d'Alain Resnais, La vie est un roman, nominé deux fois au César l'année suivante.

La voiture se présente aujourd'hui dans un état d'origine exceptionnel, puisque jamais modifiée depuis 1914.
Elle possède toutes ses plaques caractéristiques, ses phares et lanternes et même le petit soliflore en verre dans le compartiment arrière. Peinture, sellerie, boiseries, vitrerie sont d'origine.
C'est une véritable machine à remonter le temps, un très beau témoignage de l'ambition dévorante de Charles-Henri Brasier.

Bibliographie : " Brasier, une ambition démesurée ", par Eric Favre

Carte grise française

70 / 90 000 €

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This 1913 16 HP Brasier which had been clothed with a unique sedan body with 'panoramic' A-pillars by Marcel Guillox at Chalon-sur-Saône was sold new in Beaune (Burgundy) through the 'Auto-Garage Beaunois - Moine & Bahé' whose plate is still fitted on the scuttle.
Its first owner could only enjoy his comfortable new car for a short time as he was killed at the begining of WWI. Before joining the Army, he dissimulated his most valuable properties in a walled-up part of his house. Paintings, furnitures and even the Brasier were to stay unknown for nearly 70 years.
In the 70s, the new owners of the house wanted to extend the habitable surface and had some walls dismantled. Imagine how struck with surprise they were when they discovered in the dark a large radiator flanked by two big headlamps. A connoisseur's dream …
But they were not interested by 'old cars' at the time and they call in a famous dealer of Strasburg asking to 'clear it out'. As soon as the Brasier was stored in his premises a collector offered him a comfortable price at a time when this kind of vehicle did not appeal to many people.
Sold back in the 80s to two well-known organizers of old cars events, the car was purchased some years ago by its actual owner. Meanwhile, it had appeared in 1983 in Alain Resnais's film La vie est un roman.

What can be said about this superb Brasier except that its original overall condition is unique as it has been kept untouched since 1914. It has all its original plates, lamps and main lights and accessories up the little flower-holder in the rear compartment. Finish, upholstery and glasses are all original. A fantastic machine to go back to the good old days and a true testimony of Henri Brasier's ambition and capabilities.

French papers

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Administrateur des ventes
ebailoni@artcurial.com

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Tél. +33 1 42 99 20 51
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