Alexandre brongniart. Environ 105 L.A.S. ou L.A., 1791-1795 et 1811-1825, pour la plupart à son père, l’architecte Théodore Brongniart, et à sa famille ; environ 265 pages formats divers, montées sur onglets et reliées en un volume in-4 demi-basane rouge. Importante correspondance familiale, principalement de l’époque révolutionnaire, où il est beaucoup question de ses projets et activités scientifiques. Nous ne pouvons donner ici qu’un trop rapide aperçu de cette très intéressante correspondance. Au dos de quelques lettres, on relève également des croquis et esquisses de Théodore Brongniart. 1791. Voyage en Bourgogne. Auxerre 3 août, anecdote concernant la dénonciation à la municipalité de quelques jeunes royalistes ; comme « affilié », il eut les honneurs de la séance des Amis de la Constitution … Tonnerre 5 août, il est heureux de voyager en compagnie d’un camarade très instruit : « Tu connais mon ardeur pour l’histoire naturelle […]. Tous les jours nous en avons au moins pour deux heures à écrire, a etiquetter à faire differentes experiences »… Chanceaux 8 août, visite des forges de Buffon… Dijon 9 août, visite au jardin botanique, puis chez Mme Picardet, traductrice d’ouvrages allemands de chimie ; rencontre de MM. de Morveau et de Virli, « qui a aidé a etablir avec le frère de l’autre une blanchirie de toile par l’acide muriatique oxigéné »… Dijon 10 août, dîner chez Durande professeur de botanique, puis leçon de chimie… Beaune 12 août, débat sur le mariage des prêtres, à la Société des Amis de la Constitution ; demain il marchera « parmi les granites les volcans eteints »… Le Creusot 14 août, il a eu l’impression d’« entrer en enfer » en arrivant dans les fonderies situées dans une gorge de montagne : « Tout est fumée tout est feu »… Le Creusot 17 août, descente dans la mine de charbon de terre… 1793. Paris 7 mai, début de ses cours au Lycée. 16 mai, exposé de ses travaux, à la Société philomatique, au Lycée des arts (il a plus d’auditeurs que Fourcroy), et au Lycée ; collaboration à diverses publications : l’ouvrage de M. d’Orcy, l’Encyclopédie… 21 juin, à propos du Jardin des Plantes, il évoque Bernardin de Saint-Pierre, Daubenton, Lacépède, Lamarck, et ses propres ambitions à une chaire d’entomologie… 27 juin, détails de son cours sur les vers, les coquilles, les madrépores ; démarches auprès du Jardin des Plantes… 8 juillet, réclamation des professeurs contre la nomination de Geoffroy au Jardin des Plantes… 19 juillet, il est satisfait de ses cours sur les vers ; long développement sur les méduses (croquis). 19 août, récit d’une excursion de trois jours pour herboriser dans la forêt de Fontainebleau ; décision de s’inscrire comme élève en pharmacie… 24 août, il a reçu un accueil très flatteur des examinateurs du Conseil de Santé, Parmentier, Bayen, etc. qui l’envoient à Bayonne à l’Armée des Pyrénées… 9 septembre, ses débuts comme commissaire du pouvoir exécutif pour inventorier les objets d’histoire naturelle des dépôts nationaux… Bayonne 9 novembre, fêtes à l’occasion de « la presque destruction de la Vendée »… 19 novembre, projet de cours de chimie… 22 frimaire (19.XII), préparation d’un dictionnaire latin-français de termes dont se servent les naturalistes… 1794. Bayonne 29 nivose (18.I), recherche du salpêtre... 12 pluviose (31. I), son train de vie ; excursion à Biarritz, et travaux sur la seiche… 4 mars, il a attrapé la gale... 12 germinal (1.IV), rencontre avec le capitaine de La Tour d’Auvergne… Bagnères 9 floréal (28.IV), précisions sur ses fonctions et responsabilités depuis sa nomination comme apothicaire de l’hôpital ambulant à Bagnères-de-Bigorre … Dessin au crayon du Pic du Midi. Pau 19 thermidor (6.VIII), sur la « malheureuse avanture » arrivée après l’excursion à Gavarnie avec le botaniste Broussonnet, enlevé par les Espagnols ; Brongniart, en état d’arrestation, prie son père d’intervenir [on joint le brouillon de la lettre de Théodore Brongniart à Ysabeau]… 26 thermidor (13.VIII), le Comité de Salut public a ordonné sa mise en liberté… Paris 22 fructidor (8.IX), il a vu Fourcroy au Comité de Salut public : « on a la bonté de se disputer à qui m’aura, l’agence des mines veut me faire ingénieur des mines »… Alençon 9 octobre, il est en mission dans les départements de l’ancienne Normandie pour rendre compte des mines et des fouilles ; nouvelles de l’organisation d’une commission des mesures (Berthollet, Lagrange, Hassenfratz, etc.), et de l’organisation des travaux publics… 1795. Avril-novembre, intéressantes lettres relatant son voyage d’inspection dans les Alpes et le Midi pour l’Agence des Mines, par Lyon, Vienne, Grenoble, Bourg d’Oisans, Montélimar, Avignon, Marseille, Toulon, Forcalquier, Gap, Carrouge, Chamonix, Grenoble, Allemont, Lyon, Saulieu. Il est souvent question de ses problèmes d’argent et de la montée des prix, de la dépréciation des assignats, d’opérations commerciales, des placements immobiliers de sa mère, des événements révolutionnaires comme l’exécution des membres de la commission militaire d’Orange ; il donne des instructions pour la vente des « bases » de sa bibliothèque : le Buffon et l’Encyclopédie ; il parle d’une course dans les glaciers du Mont-Blanc avec des savants genevois, dont Pictet et Tingry, et Dolomieu ; etc. À la fin du volume, on a relié 2 lettres de Cherbourg en septembre 1811 à sa femme et à sa mère, racontant notamment sa visite des mines de Litry et son voyage en Normandie ; une lettre scientifique à son beau-père Coquebert de Montbret, sur « les divers terrains qui composent l’écorce du globe » (Sèvres 15 avril 1819) ; une longue lettre à sa mère, racontant son voyage dans le Midi et en Italie (Gênes 13 mai 1820) ; une lettre à son fils Adolphe, sur sa nomination au Jardin du Roi où il veut s’occuper du cabinet de minéralogie (23 septembre 1822) ; et 2 lettres à son ami Pyrame de Candolle au sujet du jeune savant Jean-Baptiste Dumas qui tombe amoureux et va épouser la fille de Brongniart Herminie (décembre 1824-mars 1825).