ALLEMAGNE DU SUD (Lac de Constance ?) ou SUISSE, 1503

La Crucifixion entourée à gauche de sainte Anne, la Vierge à l’Enfant et saint Cyriaque et à droite de saint Antoine abbé et saint Christophe.

Au revers des volets latéraux : quatre saints et quatre saintes (saint Jérôme, sainte Catherine, saint Mathias ou saint Conrad ( ?), saint Appoline à gauche et saint François, sainte Cunégonde, saint André et sainte Claire à droite)

Triptyque de dévotion portable sur panneau de chêne, fond d’or gravé

Panneau central : trois planches, non parqueté, renforcé au revers par de la filasse, 60 x 45cm (surface picturale).

Au pied de la croix, un monogramme : I.S.A

Au bas du panneau central présence d’un blason surmonté de la lettre C à gauche ; à droite, un autre blason surmonté de la lettre A (non identifiés)

Panneau latéral : une planche, 61 x 19cm (surface picturale)

(restaurations au revers des deux panneaux latéraux)

Dimensions du triptyque ouvert : 74 x 114cm

Dans son cadre d’origine.

Sur le cadre du panneau central, une inscription et une date : FILI DEI MISERE MEI ( ?) 1503



Les scènes et personnages se déroulent tous sur fond de paysage et fond d’or, ce dernier disparaissant dans les scènes des revers, le triptyque étant fermé. Les blasons appartiennent certainement au commanditaire et à sa femme et le monogramme est sans doute celui de l’artiste.

Au premier plan, le Christ et les deux larrons crucifiés surmontent le paysage urbain se détachant sur un fond de collines et représentant idéalement la ville de Jérusalem d’où sort la procession du Portement de croix se rendant au Golgotha. Aux pieds des croix se tiennent la Vierge, sainte Madeleine et saint Jean.

Le saint du volet gauche, chassant le démon d’une possédée peut être identifié en saint Cyriaque, diacre ayant délivré du démon Arthémie la fille de Dioclétien. Ce saint dont le culte se développe au XIVe siècle en Allemagne après la grande peste est invoqué dans les crises de possession ou d’épilepsie. La ville de Bamberg conserve son bras reliquaire (cf. L.Réau, Iconographie de l’art chrétien, vol.III,1, p.190)

Les saints et saintes des revers sont identifiés par l’inscription de leurs noms dans les auréoles: certains sont repeints de manière erronée. Ainsi dans le registre supérieur du volet droit, il ne s’agit pas de sainte Claire mais vraisemblablement de sainte Cunégonde, épouse du roi Henri II de Bavière qui fonda la cathédrale de Bamberg en Franconie : elle est reconnaissable à son type physique princier et à la maquette d’église qu’elle porte ; au registre inférieur du panneau gauche, le saint portant un calice et une épée plantée dans le dos doit être saint Matthias si l’on en juge par l’inscription de son auréole, mais ses vêtements et le calice qu’il porte se réfèrent à saint Conrad, évêque de Constance qui lors de la messe de Pâques qu’il célébrait avala une araignée venimeuse tombée dans le calice mais il la régurgita vivante.



Cette œuvre inédite jusqu’ici, datée de 1503, doit donc être replacée parmi la production picturale du sud de l’Allemagne ou en Suisse

La présence de saint François et sainte Claire permet de penser à une commande pour la chapelle des donateurs dans une église franciscaine. La forme de leur blason est germanique et le type physique des crucifiés aux corps robustes et musclés, ou encore celui des personnages féminins aux visages amenuisés, aux hauts fronts bombés, entourés d’une longue chevelure se retrouvent dans la production picturale de cette région. De même retrouve-t-on, comme un leitmotiv, le Christ enfant, chétive créature au regard simiesque.

L’identité du peintre responsable de cette œuvre doit sans doute être recherchée dans le monogramme I.S.B