127,5 x 109,5 cm
Porte 3 étiquettes anciennes au dos : 3544, 541, et un paisage de Boucher/ pour la feste de Mad./ De Tencin / n°12
Ce tableau peut être daté de 1741, à l'apogée de la carrière de François Boucher : La nouveauté de ses pastorales charme alors un public qui lui apporte de nombreuses commandes.
Si l'encadrement rocaille est rare dans l'œuvre du peintre (il apparaît dans deux chinoiseries exposées à la galerie Cailleux en 1962 et 1967, l'une d'elles étant signée et datée 1742), les éléments qui composent cette demeure des bergers lui sont familiers: L'amour brandissant la dédicace est très proche de celui qui figure dans Apollon révélant sa divinité à la bergère Issé, toile signée et datée 1750. Le chien est identique à celui du Pont conservé au musée du Louvre, signé et daté 1751. La marchande d'œufs a été gravée par Ingram d'après un dessin de Boucher (cf. Pierrette Jean-Richard, L'œuvre gravé de François Boucher dans la collection Edmond de Rothschild , Paris, Editions des musées nationaux,1978; n° 1204, p.296 , repr.)
Enfin François Boucher avait chez lui un tableau exécuté dans les années 1740 représentant le pigeonnier qu'il a peint à sept autres reprises (cf. Alexandre Ananoff et Daniel Wildenstein: François Boucher ; T.I, n° 253, fig.761). L'une de ces versions est passée en vente chez Sotheby's à Londres le 7 juillet 2004 avec son pendant : le moulin à eau (n°52, repr. , toile, 59,7 x 73,7 cm).
La nôtre, inédite, est particulièrement intéressante par sa dédicace à Madame de Tencin : contemplant des Bergers/la demeure chérie,/Je n'ay point de mépris/pour leur rusticité:/Celle que je cheri joint/la simplicité/Aux sublimes clartés du /plus vaste Genie. F.Boucher.
Dans le catalogue de l'exposition de 1986 ([Expo. Paris,1986-1987] François Boucher (1703-1770) pp.71-72), Alastair Lang nous explique la relation qui lie François Boucher à Madame de Tencin : le Comte de Tessin, ambassadeur de la Suède à Paris, avait fait appel à Boucher pour illustrer son conte de fées Faunillane, ou l'Infante Jaune (1741) avec l'espoir secret, dit-on, d'approcher madame Boucher dont il était épris . Ecrit à l'origine pour être présenté au Salon de Madame de Tencin, rue Saint-Honoré, à Paris, le conte ne parut jamais car son auteur fut rappelé hâtivement en Suède. François Boucher avait néammoins réalisé une série de dessins qui furent réutilisés par Duclos dans Acajou et Zirphile. Il est fort probable que Boucher ait réalisé là une œuvre pour s'assurer durablement les faveurs d'une personnalité influente dans le milieu des arts.