ÉMILE VERHAEREN. Manuscrit autographe signé d’une préface sous forme de lettre ouverte à Maximilien Luce, [1909] ; 3 pages et demie petit in-4, avec ratures et corrections. Préface au catalogue de l’exposition Luce à la Galerie Marcel Bernheim (19 avril-1er mai 1909). Il a plu à Luce de ne point prendre de place prépondérante parmi les néo-impressionnistes, mais Verhaeren espère que l’œuvre de Luce connaîtra le même sort que celles de Manet, Degas, Renoir et Monet, qui mirent du temps à sortir du demi-jour. « On ne rencontre pas en vos toiles les qualités que j’appellerais volontiers de souriant accueil & qui sont la grâce & le charme, mais bien celles qu’on finit par leur préférer, je veux dire la gravité, la sévérité & même la rudesse. Vous aimez mieux les sites du Nord que ceux du Midi, les aspects âpres de la nature que ses décors riants & la sombre Hollande que la claire Italie »… Il rappelle avec admiration ses toiles consacrées aux usines et aux mines de charbon et ses sobres tableaux de la Hollande portuaire, « vision puissante de l’obstiné & violent effort moderne »… Il le rapproche de Poussin : « vous cherchâtes comme lui à construire vos œuvres moins pour qu’elles ne fussent un plaisir que pour qu’elles satisfissent notre examen & notre jugement »… Et voici enfin que « vous nous réjouissez par quelques nature-mortes agréables & que dans vos Essais de fuse, surtout dans Buffalo, s’exaltent avec furie quelques tons éclatants & joyeux »…