Collection Pierre Héron
Carte grise française
Châssis n° 101064
- Une des plus belles carrosseries de T26
- État de préservation remarquable
- Deux propriétaires depuis l'origine
- Sans réserve
"Une fois de plus, Talbot s'est distingué par cette création digne de sa renommée. La "Lago-Record" est une voiture à faire envie aux plus difficiles amateurs." C'est ainsi que le magazine "L'Automobile" présente la dernière création d'Anthony Lago, dévoilée en 1946 lors du premier Salon de Paris de l'après-guerre, devant un million de visiteurs sevrés d'automobiles. Pour la plupart d'entre eux, la nouvelle Talbot est un objet de rêve, car c'est une des voitures les plus chères du marché : à 1 929 700 francs en 1948, elle coûte plus de quatre fois le prix d'une Citroën Traction 11 CV.
Mais elle le mérite, car ses caractéristiques sont exceptionnelles pour l'époque, définies dans la clandestinité du bureau d'études de la marque de Suresnes, par Anthony Lago et Carlo Marchetti qui a succédé en 1941 à Walter Becchia. Le moteur présente une cylindrée de 4,5 litres, ce qui correspond à la limite imposée par le règlement sportif pour les voitures de Grand Prix à moteur atmosphérique : pour Anthony Lago, qui a repris en 1934 la branche française de Talbot, la course joue un rôle fondamental dans la réussite d'une marque. Ce moteur 6-cylindres comporte une distribution particulièrement intéressante, avec deux arbres à cames latéraux haut placés dans le bloc et actionnant des soupapes en tête, dispositif permettant des chambres de combustion hémisphériques. Développant 170 ch, c'est un des moteurs les plus puissants du marché, et il permet à la Lago Record d'atteindre 170 km/h, chiffre exceptionnel au lendemain de la guerre.
Non seulement la Lago Record est puissante, mais en plus elle est particulièrement bien construite. Contrairement à Delahaye, Talbot dispose encore de son propre atelier de carrosserie dans son usine de Suresnes, où l'on travaille toujours selon les méthodes traditionnelles : structure bois et panneaux de tôle. C'est robuste, mais lourd et coûteux. L'intérieur est lui aussi aménagé avec le plus grand soin, avec une sellerie remarquablement exécutée.
La voiture que nous présentons est la version dite "coach surprofilé", qui se distingue par son arrière d'une grande élégance, long et effilé. Livrée le 3 novembre 1950 à son premier propriétaire (dont le nom figure dans la fiche usine fournie par le Club Talbot), elle est immatriculée dix jours plus tard dans le département des Hautes-Pyrénées.
M. Héron l'achète en 1966 au premier propriétaire pour la somme de 4 000 francs par l'intermédiaire du garage Châteaudun, de Levallois, comme le confirme une copie de la facture. C'est une des dernières voitures de la collection ayant été utilisée, il y a une vingtaine d'années pour un mariage.
Le compteur affiche 65 622 km ce qui, compte tenu de l'état de la voiture, est vraisemblablement le chiffre d'origine. En effet, cette voiture présente un état de préservation exceptionnel. La peinture extérieure comporte certes des traces d'oxydation superficielle, mais la carrosserie est saine et les portes ne s'affaissent pas. Elles s'ouvrent sur un intérieur qui est dans un état d'origine tellement bien conservé qu'on le croirait refait. Les sièges sont à peine patinés, avec un cuir solide sans aucune déchirure, et le tableau de bord est équipé de ses instruments Jaeger, ce qui se faisait de mieux à l'époque. Il ne manque que la montre, normalement placée dans le couvercle de boîte à gants. Le volant est impeccable, de même que l'ensemble des commandes dont le levier de la boîte Wilson. Les contreportes et le ciel de toit n'affichent pas de défaut et la voiture comporte encore le petit filet de rangement, devant le toit ouvrant et le pare-soleil à rouleau de lunette arrière.
La mécanique est complète mais n'a pas été redémarrée et nécessite une remise en état.
Non seulement ce modèle est un des plus prestigieux des années 1940, mais c'est aussi une des versions les plus élégantes des T26 de tourisme. De plus, sa préservation en fait un des plus beaux exemplaires en état d'origine encore en existence. C'est une opportunité unique de redécouvrir ce modèle dans toute son authenticité, sans les inévitables modifications provoquées par une restauration.
French title
Chassis No. 101064
- One of the most beautiful T26 bodies
- Remarkable state of preservation
- Two owners from new
- No reserve
"Once again, Talbot has distinguished itself with this creation worthy of its fame. The "Lago-Record" is a car to make the most difficult enthusiast envious." This is how the magazine L'Automobile wrote about Anthony Lago's latest creation, unveiled in 1946 at the first post-war Paris Motor Show, in front of a million visitors. For most of them, the new Talbot was a dream object, because it was one of the most expensive cars on the market: at 1,929,700 francs in 1948, it cost more than four times the price of a Citroën 11 HP traction.
But it deserves to be so, because its characteristics were exceptional for the time, defined in the clandestine design office of the brand in Suresnes, by Anthony Lago and Carlo Marchetti who succeeded Walter Becchia in 1941. The engine had a displacement of 4.5 liters, which corresponds to the limit imposed by the sporting regulations for Grand Prix cars with naturally aspirated engines: for Anthony Lago, who took over the French branch of Talbot in 1934, racing played a fundamental role in the success of a brand. This 6-cylinder engine had a particularly interesting distribution, with two side camshafts placed high in the block and actuating overhead valves, a device allowing for hemispherical combustion chambers. Developing 170bhp, it was one of the most powerful engines on the market, and it gave the Lago Record a top speed of 170 km/h, an exceptional figure during those years.
Not only was the Lago Record powerful, it was also particularly well built. Unlike Delahaye, Talbot still had its own body shop in its Suresnes factory, where they still worked with traditional methods: wooden frame and sheet metal panels. It was sturdy, but it was also heavy and expensive. The interior was also fitted out with the greatest care, with remarkably executed upholstery.
The car on offer is the so-called "low-profile coach" version, which is distinguished by its very elegant, long and slender rear. Delivered on November 3, 1950, to its first owner (whose name appears in the factory sheet provided by Club Talbot), it was registered ten days later in the Hautes-Pyrénées department.
Mr. Héron bought it in 1966 from the first owner for the sum of 4,000 francs through the Châteaudun garage in Levallois, as confirmed by a copy of the invoice. It is one of the last cars in the collection being used, twenty years ago for a wedding.
The odometer shows 65,622 km which, given the condition of the car, is probably the original figure. Indeed, this car is in an exceptional state of preservation. The exterior paint certainly has traces of superficial oxidation, but the bodywork is sound, and the doors do not sag. They open into an interior which is in such a well-preserved original state that one would think it had been redone. The seats are barely patinated, with solid leather without any tears, and the dashboard is equipped with its Jaeger instruments, which were the best at the time. All that's missing is the clock, normally placed in the glove box lid. The steering wheel is impeccable, as are all the controls including the Wilson gearbox lever. The door trims and the headlining show no faults and the car still has the small storage net, in front of the sunroof and the rear window roller sun visor.
The mechanicals are complete but have not been restarted and require servicing.
Not only is this model one of the most prestigious of the 1940s, but it is also one of the most elegant versions of the T26 touring cars. Moreover, its preservation makes it one of the finest examples in original condition still in existence. It is a unique opportunity to rediscover this model in all its authenticity, without the inevitable modifications caused by a restoration.
Photos © Mathieu Bonnevie