Réunies dans une chemise à dos de maroquin fauve titré en long et un étui, in-8.
De l’art d’amadouer une actrice
Alexandre DUMAS, à Mademoiselle Georges, Boulevard St Martin n° 14, 1 p. in-8, s.d. [1837]
Madame
Je vous remercie d’avoir compris que les petites querelles d’intérêt ou d’art que je pouvais avoir avec Harel ne porteraient jamais atteinte à l’admiration que j’ai pour votre beau talent et à l’amitié bien réelle que j’ai pour votre personne. Les auteurs s’ils n’ont pas la mémoire du cœur ont au moins celle de l’amour propre ; et votre nom se trouve mêlé d’une manière si influente à une partie de mes succès que toutes les fois que je me souviens des uns il faut bien que je me rappelle l’autre.
Je ne serai heureux et content, madame, qu’alors que j’aurai contribué d’une manière efficace, à la position élevée et stable qui vous convient au théâtre français ; d’ailleurs, mon intérêt personnel vous y réclame ; cependant, je vous avoue que j’aimerais mieux que vous crussiez à mon dévouement qu’à mon égoïsme.
J’ai près de moi quelqu’un qui garde un trop bon souvenir des répétitions de la Chambre ardente et des représentations de Marie Tudor pour ne pas désirer aussi que ce bon tems revienne avec Caligula : Dieu le veuille.
Croyez madame à l’assurance de mon amitié bien sincère et bien respectueuse.
A. Dumas
Alexandre DUMAS, à Mademoiselle Georges, Théâtre de la Porte St Martin Paris, 2 octobre 1837, 1 p. in-4, adresse au dos
Madame
Voilà cinq jours que je retarde ma distribution au milieu d’insistance bien naturelle de ma part pour vous avoir, puisque à côté de notre vieille amitié qui a survécu je l’espère à toutes les discussions d’intérêt où elle n’avait que faire, j’ai un besoin urgent de vous : mon rôle principal en passant par les mains d’un autre perdra tout son effet et je serai moi-même forcé de l’éteindre autant que possible.
Je vous écris ces choses pour que vous ne croyez point à mon oubli. J’ai trop de mémoire, ou plutôt de reconnaissance pour permettre que mon silence soit attribué à une autre cause qu’à celle d’un provisoire qui me prend toutes mes minutes.
Je baise avec la permission de qui de droit, la plus belle main de Paris
A. Dumas
Alfred de VIGNY. 1 p. in-8, 26 juin 1831
Voici le témoignage le plus passager du souvenir le plus durable possible, celui de votre belle création, Madame, et de cette surprenante transformation de votre talent dont j’ai eu le bonheur d’être la cause première. C’est un hasard dont je dois me féliciter et dont je ne conçois aucun orgueil car tout le mérite en est à vous-même et mon admiration vous est bien acquise comme mon entier dévouement.
Alfred de Vigny
La veille, Mlle George, avait créé au Théâtre de l’Odéon La Maréchale d’Ancre de Vigny.
Intéressante correspondance de deux dramaturges à la grande star du théâtre de l’époque.
Ex-libris : Régine et Bernard Loliée.