Winsor McCAY
1869 – 1934
LITTLE NEMO IN SLUMBERLAND
Encre de Chine et crayon bleu pour une pleine page de cette série représentant Little Nemo et un lion. Planche publiée en 1909. Historique ! Encadré. Traces d’adhésif et petites déchirures marginales. Petit manque coin 2ème case à droite. Petites salissures. Petits trous le long des marges et ne touchant pas le dessin.
72 x 57,5 cm.
C’est en octobre 1905 que les lecteurs du New York Herald découvrent les aventures d’un jeune garçon aux prises avec ses songes extravagants et ses cauchemars, Little Nemo in Slumberland. Cette bande dessinée, qui succède à Dream of the Rarebit Fiend et Little Sammy Sneeze, met en avant toute l’étendue du talent de dessinateur et de conteur de Winsor McCay et assure sa renommée.
Les planches, saisissantes dans leur esthétisme Art nouveau teinté de surréalisme, doublé d’un rythme cinématographique étonnamment moderne, associent une désarmante simplicité graphique, qui s’appuie souvent sur des arabesques donnant l’impression d’effleurer la feuille de papier, et une poésie inédite où se mêlent visions fantastiques, cadre et arrière?plan spectaculaires, personnages étranges.
Ce qui frappe immédiatement les esprits est cet univers baroque sublimé par un décor architectural presque sans limites, merveilleusement complexe et métaphorique, aux perspectives originales exploitées dans toutes leurs possibilités afin d’exacerber le délire du héros et entretenir la narration, avec des lignes fantastiques et parfois organiques qui rappellent les influences ornementales d’Otto Wagner ou de Joseph Hoffmann.
Winsor McCay part à la découverte du rêve, de sa logique, de sa cosmologie et de ses paysages illusionnistes. Il explore toutes les possibilités de la mise en page avec des effets de cadrage innovants et des bouleversements d’échelle. Son dessin s’amuse avec les apparences, brouille les références pour que la fable s’impose d’elle-même et participe à la création de la planche. Le trait, est le catalyseur des images mentales. Les personnages bougent à peine et se laissent porter par les ondulations de la surface : c’est l’environnement immédiat qui engendre une réaction en chaîne et anime le récit.
Ainsi naissent et ressucitent les images, puzzles émotionnels qui se reconstituent avec une inlassable constance. Le rêve de Little Nemo, pris dans une dynamique cyclique, s’amplifie à chaque case et, invariablement, il se termine. Ultime métamorphose. Le réveil est brutal. Encre de Chine et nuit blanche ne font désormais plus qu’un.