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Jean-Ignace-Isidore GÉRARD dit GRANDVILLE (1803 - 1847)
Un après-midi au jardin des Tuileries
Estimation :
25 000 € - 35 000 €
Vendu:
110 500 €

Détails du lot

Un après-midi au jardin des Tuileries
Huile sur toile (Toile d'origine)

Toile de la maison Ottoz à Paris

An afternoon at the Tuileries Garden, Paris, oil on canvas, by J. I. Grandville

Provenance :

Donné par l'artiste à sa belle-soeur Madame Jules Parisot (1814-1902), née Louise Fischer, en souvenir de sa première épouse Henriette Fischer, selon une étiquette au verso ;
Par descendance jusqu'à son arrière-petite-fille Simone Cordier, Madame Jean Gutton, une étiquette au nom de ce dernier au verso ;
Puis par descendance à leur fille, Noëlle Gutton ;
Collection particulière, Paris

Expositions :

'J.G. Grandville 1803-1847', Nancy, musée des Beaux-Arts, 1953, n° 25

Bibliographie :

Annie Renonciat, 'La vie et l'oeuvre de J. J. Grandville', Paris, 1985, p. 146, repr.

Commentaire :
Appelé le "La Bruyère des animaux", Grandville fut l'un des plus grands dessinateurs satiriques de son temps, dont l'œuvre critique sans relâche la Monarchie de Juillet, à l'instar d'Honoré Daumier. Débutée sur une toile de grand format, cette promenade aux Tuileries et l'un des rares exemples d'œuvre sur toile réalisée par l'artiste, non moins savoureuse que ses croquis sur papier. Laissée inachevée, elle nous fournit de précieuses informations sur la méthode de travail de l'artiste, qui a pris le soin de dessiner chacun de ses figures sur la préparation avant de les peindre. Un dessin à la pierre noire, peut-être réalisé sur le vif et conservé dans les collections du musée Carnavalet (inv. D.6423(123)), est certainement préparatoire à notre tableau.
Nationalisé à la Révolution, le jardin des Tuileries demeure en grande partie ouvert à la visite sous Louis-Philippe et reste un lieu de promenade privilégié des habitants de la capitale. Comme le fit Gabriel de Saint-Aubin un siècle plus tôt, Grandville a représenté la société parisienne faisant salon aux Tuileries, qu'il aborde cependant avec l'œil du caricaturiste : au pied des arbres se presse une foule variée que la promiscuité ne semble guère gêner. Ce comportement illustré ici par Grandville est également décrit sous la plume de Théodore Leclercq en 1835 : " L'agréable promenade que les Tuileries, et que les parisiens sont sots ! Ils ont à leur disposition tout un vaste jardin, et ils s'entassent dans une seule allée où ils marchent sur les talons les uns des autres, comme s'ils couraient risque de tomber dans un précipice en s'écartant un peu à droite ou à gauche1 ". Assis sur des chaises de bois, d'élégants bourgeois en redingote et des femmes apprêtées lisent la gazette, échangent des propos ou observent leur entourage, tandis qu'à l'arrière-plan circulent les promeneurs. Une jeune fille pauvre tenant un enfant dans ses bras s'avance au premier-plan, dans l'indifférence générale. Des expressions variées animent les visages, allant du sourire goguenard à l'ennui manifeste, fruit de l'oisiveté. Certaines physionomies particulièrement détaillées sont probablement des portraits de contemporains. Une représentation similaire mettant en scène des animaux humanisés tels que Grandville aimait à les dessiner illustre l' " Histoire d'un lièvre " dans les Scènes de la vie privée et publique des animaux (fig. 1), recueil conçu par l'éditeur Pierre-Jules Hetzel proposant sous la plume des plus talentueux écrivains de l'époque, parmi lesquels Honoré de Balzac, Alfred de Musset, George Sand ou Charles Nodier, et à l'aide des caricatures de Grandville, une image saisissante de la société française sous la Monarchie de Juillet.

1. 'L'Humoriste, ou comme on fait son lit on se couche', 1835, scène II

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