Châssis 6563
Moteur 6563
- La plus puissante Delaunay Belleville d'avant 1914,
- Dans les mains de la famille de Brou de Laurière depuis près d'un siècle
- Une opportunité unique dans la vie d'un collectionneur!
" Qui n'a pas connu l'automobile avant 1914 ne peut prétendre à la qualité d'automobiliste. "
Cette appréciation quelque peu désabusée d'un chroniqueur mondain qui signait dans Fantasio au cœur des années folles des chroniques incisives sur les mœurs du temps et s'angoissait de la prolifération des autos " de série ", peut être aisément transcrite en " Qui n'a pas conduit une Delaunay d'avant 1914 … "
Que dire alors de ceux qui n'ont jamais pris le volant d'une Delaunay Belleville O6, le fleuron, le sommet, l'apogée des fabrications automobiles, elles-mêmes supérieures à la concurrence, de la branche automobile des " Ateliers et Chantiers de l'Ermitage " de Saint Denis ? Constructeur de chaudières marines, ferroviaires et industrielles de renommée mondiale, fournisseur des marines nationales française et étrangères (y compris - preuve absolue de qualité - la très exigeante Royal Navy), la grande maison Delaunay Belleville, forte d'une expérience industrielle inégalée vint à la construction automobile en 1904. Comme Hotchkiss, fabricant d'armements modernes, Delaunay Belleville maîtrisait les technologies et les procédés de fabrication le plus en pointe. Elle avait été une des premières maisons à appliquer le graissage sous pression à ses machines marines, à les équilibrer par des méthodes modernes et à améliorer leur rendement. Ses chaudières à tubes d'eau et vaporisation rapide étaient parmi les plus sûres et la rapidité de leur montée en pression avait séduit les marins de " la Royale ". Référence dans l'industrie tant pour la qualité de ses productions que par le haut niveau de formation de ses apprentis et de ses techniciens, Delaunay Belleville fabriqua comme sous-traitant des pièces mécaniques spéciales pour les premiers constructeurs automobiles avant de se lancer pour son propre compte dans cette industrie nouvelle en pleine croissance depuis le tournant du siècle.
Les premiers types à quatre cylindres séparés se firent remarquer par leur qualité de fabrication (meilleurs alliages disponibles, usinages précis, montage manuel à l'unité). Le recrutement de l'ingénieur Marius Barbarou - venu de chez Benz d'où l'avait chassé un grave conflit interne au niveau de la direction générale - ne fut pas étranger au succès que rencontra la marque auprès des amateurs (très fortunés) de belles automobiles, puissantes, silencieuses et rapides. Le passage au moteur six cylindres se fit tout naturellement en 1908 pour obtenir encore davantage de couple et de silence et moins de vibrations.
De cette année-là à l'été 1914, Delaunay Belleville produisit ses modèles les plus prestigieux dont le type de 1909 appelés SMT (Sa Majesté le Tsar) nés d'une commande spéciale pour la cour de Russie qui utilisa plusieurs Delaunay Belleville. Ces modèles exclusifs furent produits sur mesure en très petite quantité et souvent exportés.
Pour 1914, Delaunay Belleville catalogua le Type O6 de près de huit litres de cylindrée, doté de l'embrayage à disques multiples introduit pour 1913. Un autre châssis spécial n° 6575 (empattement 4,50 m) fut assemblé pour le Tsar, mais non livré en raison du déclenchement de la guerre en août 1914 qui limita une production déjà réduite de cette coûteuse 45/50 HP (désignation semblable à celle de la Rolls-Royce Silver Ghost), un haut de gamme absolu que l'autorité militaire réquisitionna pour en doter les grands états-majors à l'instar des grosses Panhard, Renault et autres automobiles puissantes comme les très rares Rolls-Royce présentes sur le territoire français. La production du type O6 (les cinq exemplaires catalogués produits en 1914 pour le marché civil seront réquisitionnés en août) s'élèvera au total à 55 exemplaires jusqu'en 1916 grâce aux commandes militaires ou des services de l'Etat, mais ces voitures, estimées trop coûteuses début 1917 par certains députés, ne seront plus commandées par l'Armée. Le type O6 est repris au catalogue en 1920 dans une version modernisée, le type OB6 : le moteur a reçu une culasse détachable et des soupapes en tête commandées par culbuteurs. À cette époque, le châssis nu est vendu 90 000 F soit le prix de huit Citroën Type A. Face aux Hispano-Suiza, Rolls-Royce, Panhard et autres châssis de grand luxe plus modernes, il est permis de douter que le type OB6 ait dépassé le stade du prototype.
La Delaunay Belleville Type O6 ou 45/50 apparaît donc début 1913 équipée du moteur le plus gros jamais proposé au public par l'usine de Saint-Denis, le type 36 à six cylindres en deux groupes de trois de 103 x 160 mm, soit une cylindrée de 7 990 cm3. Ce moteur à régime lent, qu'on peut créditer d'environ 100 ch réels à 1 500 tr/min, est taxé pour 29 CV fiscaux. Le bloc borgne à soupapes latérales est boulonné sur un carter en aluminium et le vilebrequin est à sept paliers. Spécificité de la marque, le graissage de la ligne d'arbre s'effectue sous pression selon le système breveté par Delaunay Belleville qui l'avait appliqué très tôt aux machines marines. La pompe à huile directement actionnée par le vilebrequin fonctionne comme une petite machine à vapeur à cylindre et piston oscillants pour aspirer l'huile et la distribuer sous basse pression. Son bon fonctionnement est contrôlé par le conducteur grâce à un manomètre installé sur la planche de bord. L'allumage est double, par magnéto et par un distributeur indépendant. L'embrayage est aussi spécifique à Delaunay Belleville. Du type à disques multiples à sec, solution rarement employée à l'époque en raison de son coût, il se révèle beaucoup plus progressif et plus fiable que le système à cône et, de ce fait, mieux adapté à une voiture de luxe. La boîte de vitesses à trois baladeurs offre quatre rapports avant et une marche arrière. La transmission au pont arrière s'effectue par un arbre à deux cardans à dés contenus dans des cloches étanches, système rare à l'époque sur les grosses voitures puissantes, mais préféré par le constructeur car plus silencieux que les chaînes et d'entretien beaucoup plus facile. Le freinage au pied est confié à deux tambours à segments internes placés avant et après la boîte de vitesses et le levier à main agit sur les tambours solidaires des moyeux arrière. Chaussé de quatre pneus 935x135, le châssis nu Type O6 vaut en 1914 22 500 F.
Ces Delaunay Belleville, emblématiques de la marque à la réputation internationale, véritables supercars en leur temps, sont donc à la fois monumentales et rarissimes.
Historique de 6563
La voiture proposée, aux numéros concordants, est donc une de ces rares O6 de 1913 et une des dix premières construites probablement dès fin 1912. Son empattement plus long (374 cm contre 358 pour le type normal catalogué en 1914-1915) la définirait comme un modèle de présérie ou un type spécial (pour la cour de Russie ?) que son premier propriétaire était en mesure, par sa situation de fortune et sa position dans l'industrie, d'acquérir directement à l'usine avant sa commercialisation effective.
Cette voiture fut en effet achetée neuve par M. Edouard Daubrée, membre de la famille des cofondateurs d'une modeste fabrique de caoutchouc de Clermont-Ferrand dont on connaît sous la raison sociale " Michelin et Cie " l'histoire et la réputation. Neuve, elle fit partie du cortège d'automobiles réuni par l'Automobile Club du Périgord lors de la visite du président Raymond Poincaré en Dordogne fin 1913. (Voir l'article du bulletin du club daté de 1929.) Il semblerait qu'elle n'ait pas été réquisitionnée par l'autorité militaire en août 1914. Son jeune neveu, Pierre de Brou de Laurière, utilisait couramment la Delaunay qui lui fut donnée à la fin ou au lendemain de la Grande Guerre. En 1922, elle était déjà immatriculée à son nom à Périgueux (arrondissement minéralogique de Bordeaux). Elle a conservé sa carrosserie torpédo d'origine signée J. Rothschild & Fils (Ets Rheims et Auscher et Cie, avenue Malakoff à Paris) et revêtue de partinium (alliage d'aluminium et de tungstène), une spécialité de cette très ancienne entreprise de carrosserie hippomobile reprise à la fin du XIXe siècle par deux jeunes ingénieurs des Arts et Manufactures qui introduisirent dès 1898 l'emploi en carrosserie de profilés et de tôle d'aluminium à la place du bois. (Ils carrossèrent notamment " La Jamais Contente " de record de Jenatzy et la plupart des voitures de courses victorieuses de la période 1898-1899). Les ailes qui doivent être plus résistantes sont en tôle d'acier. Cette lourde voiture, donnée au catalogue pour 115 km/h, était souvent équipée de roues arrière jumelées pour réduire l'usure des pneus.
Comme en attestent les deux factures détaillées figurant au dossier, la voiture est revenue à l'usine en 1924 et 1928 pour y bénéficier d'importants travaux de remise en état, notamment du moteur et de la transmission. Elle a aussi été équipée dans les années 1920 d'un éclairage électrique. En 1939, la voiture a été cachée dans la demeure de la famille de Brou de Laurière et les roues murées dans une autre maison où MM. Patrick de Brou de Laurière, le fils de Pierre de Brou de Laurière, et Francis Courteix (qui entretient les autos de la collection) les retrouvèrent en 1986. La voiture fait alors l'objet d'un démontage complet et d'une révision de la mécanique (trouvée en très bon état) avec seulement une segmentation neuve et l'installation d'un démarreur avant une peinture complète et la pose ultérieure d'une capote neuve, la capote d'origine fragilisée par le temps s'étant déchirée lors d'une sortie. La caisse est bleue avec ailes noir et intérieur en cuir noir. Pourvue d'une nouvelle immatriculation en juin 1989 cette Delaunay Belleville demeurée dans la même famille depuis 1913, à l'historique clair et suivi (trois propriétaires en tout), représente une occasion unique d'acquérir un exemplaire quasiment unique du fleuron de la construction française du début du XXe siècle, opportunité dont on peut être sûr qu'elle ne se représentera pas avant longtemps.
Carte grise française
A l'initiative de Patrick de Brou de Laurière est créé un fonds de dotation en juin 2010. L'objet de ce fonds est d'aider la recherche médicale dans les domaines du cancer, et des maladies d'Alzheimer et de Parkinson. Il a aussi pour tâche de promouvoir l'Arthérapie. Après le décès de Patrick de Brou de Laurière, la voiture rentre dans ce fond de dotation qui décide de vendre la voiture afin d'avoir des moyens supplémentaires pour aider la recherche médicale.
- The most powerful pre-1914 Delaunay-Belleville
- In the same family from new
- A unique opportunity for any collector!
- In the hands of Michelin family for almost a century
" Anyone unfamiliar with a pre-1914 automobile cannot claim to be a motoring enthusiast. " This rather cynical claim was attributed to society writer Albert Mordant, who wrote incisively in Fantasio during " les années folles " on the morals of the period, concerned about the proliferation of production cars. It could so easily be re-written " Anyone unfamiliar with a pre-1914 Delaunay... "
Indeed what can be said about those who have never taken the wheel of a Delaunay Belleville O6, the jewel in the crown, the summit, the crowning glory of automobile manufacture, clearly better than the competition, from the motor car branch of the " Ateliers et Chantiers de l 'Ermitage " from Saint-Denis,?
World renowned marine, railway and industrial boiler manufacturers, supplier to the French and foreign navies (including - perfect proof of their quality - the exacting Royal Navy), Delaunay Belleville started automobile construction in 1904, fortified by this unrivalled industrial experience. Like Hotchkiss, manufacturers of modern armaments, Delaunay Belleville were developing manufacturing technologies and procedures at the highest level. They were one of the first firms to apply pressurised lubrication to nautical machines, using modern techniques to balance and improve their operation. Their water-tube and rapid vaporisation boilers were amongst the most reliable and the speed with which they reached pressure impressed the Royal Navy. They provided the industry standard for the quality of their products and the high level of training given to their apprentices. Initially Delaunay Belleville produced special mechanical parts for the first motor car manufacturers, before launching into the industry themselves. The first vehicles with four separate cylinders were recognised for their quality of build (superior steel, precise machining, hand-built). The company recruited engineer Marius Barbaroux from Benz, where internal conflicts about the direction of the company were raging. This was a brilliant move as Delaunay Belleville was subsequently very popular amongst wealthy motor car enthusiasts who enjoyed powerful, silent and fast automobiles. A natural progression led to a six-cylinder engine being used in 1908 to provide more torque and a quieter ride with less vibration. By the summer of 1914, Delaunay Belleville was producing its most prestigious models, including the type SMT (Sa Majesté le Tsar), resulting from a special order from the Russian court which owned several Delaunay Bellevilles. These exclusive models were produced in small numbers to order only, often for export.
The Type O 6 was launched in 1914, with an engine of nearly eight litres and featuring the multiple plate clutch that had been introduced the year before. A special chassis, no. 6575, (4.5 m wheel base) was built for the Tsar but when the war started in August 1914, it was never delivered. The war limited further the production of this costly 40/50 HP (a similar name to that used for the Rolls-Royce Silver Ghost), and this top-of-the-range motor car was requisitioned for use by senior military personnel, as were the larger Panhards, Renaults and other powerful motorcars such as the rare Rolls-Royces that found themselves on French territory.. A total of 55 examples of the type O6 were produced up to 1916 thanks to orders from the military and the State (of the five cars made for the civilian market in 1914, all were requisitioned by August). Orders for these cars ceased by early 1917, however, as the cars were considered too costly by some officials. In 1920, the Type O6 was replaced by an updated version, the Type OB6. This car featured an engine with a detachable cylinder head and overhead valves operated by rocker arms. At that time, the bare chassis sold for 90,000 francs, equal to the price of eight Citroën Type As! Given the competition from Hispano-Suiza, Rolls-Royce, Panhard and other more modern luxury cars, it is no surprise that the type OB6 didn't develop much further than the prototype stage.
The Delaunay-Belleville Type O6 45/50 on offer is from early 1913 and is therefore equipped with the biggest engine ever offered to the public from the Saint-Denis factory. The six-cylinder 7990cc Type 36 engine was formed of two groups of three cylinders, 103 x 160mm each. This slow revving engine produced100 bhp at 1500rpm, and is taxed as 29CV. The 'blind' side-valve block is bolted to an aluminium sump and the crankshaft has seven bearings. A speciality of the marque, the lubrication of the shaft takes place under pressure according to the system patented by Delaunay-Belleville, used previously for marine machinery. The oil pump, directly driven by the crankshaft, operates like a small steam cylinder with the piston oscillating to suck the oil and distribute it under low pressure. Its operation is controlled by the driver with a pressure gauge installed on the dashboard. It has dual ignition, with magneto and an independent distributor. The clutch is also specific to Delaunay-Belleville - a multi-disc dry type, a solution that was rarely used at that time because of the costs involved, and is thus much more progressive and more reliable than the cone system, making it better suited to a luxury car. The gearbox has four forward gears and reverse. Transmission to the rear axle is carried by a shaft with two universal joints in a sealed system - a rarity at that time for big and powerful cars, but preferred by the manufacturer as it was quieter than chains and the maintenance was easier. The foot brake worked on two inboard drums placed before and after the transmission and the hand lever acted on drums that were a part of the rear hubs. With 935x135 tyres, the bare chassis type O6 in 1914 cost 22,500 French francs.
These Delaunay Bellevilles, emblematic of the marque's international status, and true supercars of their day, are therefore extremely rare and important motor cars.
The history of 6563
The car on offer, with matching numbers, is a rare 1913 O6, one of the first ten built possibly as early as late 1912. Its longer wheelbase (3.74 m against 3.58 m for the standard version cataloged from 1914 to 1915) could define it as a pre-production model or a very special car (built for the Russian court?). Given the wealth and the position in the industry of the first owner it is quite possible that the car was acquired directly from the factory, before production had begun.
This car was bought new by Mr Edward Daubree, a member of the family that co-founded a small rubber factory in Clermont-Ferrand (whose history and reputation is well known) under the name of "Michelin et Cie". When new, it was part of the motorcade organised by the Automobile Club of Périgord for the visit of President Raymond Poincaré in the Dordogne in late 1913. (As evidenced by the article in the club bulletin dated 1929.). It seems the car was not requisitioned by the military in August 1914.
The car was apparently given to Mr Daubree's young nephew, Pierre de Brou de Laurière, at the end of the Great War and used regularly by him. In 1922, the car was eventually registered in his name in Périgueux (the mineral district of Bordeaux). The car has retained its original tourer body constructed by J. Rothschild & Fils (Ets Rheims et Auscher et Cie, Avenue Malakoff, Paris) and coated with partinium (an aluminum alloy with tungsten). This was a specialty of the horse carriage manufacturer that had been taken over in the late nineteenth century by two young engineers from the prestigious 'Arts et Manufactures'. They introduced the use of this material instead of wood for the body in 1898. (they were also responsible for bodying the "La Jamais Contente" of land speed record breaker Jenatzy and most successful race cars between 1898-1899) The wings, needing to be stronger,used sheet steel. This heavy car, with a maximum speed of 115kph, was often equipped with dual rear wheels to reduce tyre wear. As evidenced by two detailed invoices in the file, the car returned to the factory in 1924 and again in 1928 for major restoration work, including on the engine and transmission. In 1920 the car was fitted with electric lighting. In 1939 the car was hidden in the home of the de Brou de Laurière family and the wheels were walled up in another house where Mrs Patrick de Brou de Laurière lived. Her son Pierre de Brou de Laurière and Francis Courteix (who maintains the cars in the collection) found the car there in 1986. The car was then completely taken apart and the mechanical components overhauled (which were found to be in very good condition) with only one new piston ring and installation of a starter required; Then the car was painted, and a new hood fitted, as the original hood, weakened over time, had torn during an outing. The body is in blue with black wings and black leather interior. Re-registered in June 1989, this Delaunay-Belleville has remained in the same family since 1913, with a clear continuous history and just three owners from new. Here is an opportunity to acquire an important and rare motor car that represents the best of early 20th century French car production. It is an opportunity that won't come round again for a very long time.
French title
Patrick de Brou de Laurière created a foundation in June 2010 for medical research against cancer, Alzheimer and Parkinson diseases. The foundation also aims to promote Arthérapie. After his death, the car was given to the foundation which decided to enter it in the Retromobile sale to raise funds for medical research