Richard Guino (1890-1973)
L’Automne ou Femme à la grappe de raisin et draperie, 1925
Bronze à patine brun foncé
Hauteur : 85 cm
Estimation : 12 000 – 18 000 €
Le 8 avril prochain, dans le cadre de sa vente de Printemps Art Moderne 1900-1950, Artcurial mettra à l’honneur les œuvres de deux sculpteurs de la première moitié du XXᵉ siècle : l’artiste d’origine catalane Richard Guino et le français René Iché. Deux artistes au parcours singulier dont les œuvres ont fait l’objet d’importantes rétrospectives en France en 2023 et 2024 : au musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan en 2023 pour le premier, Guino Renoir, la couleur de la sculpture ; aux musées de Roubaix, La Piscine, d’Albi, musée Toulouse-Lautrec et de Quimper, musée des Beaux-arts en 2023-2024 pour le second Iché, l’art en lutte.
Richard Guino (1890-1973) s’est formé à Barcelone avant d’entrer dans l’atelier d’Aristide Maillol à Paris en 1910. Dès 1912, il expose au Salon des Artistes Décorateurs et au Salon de la Nationale. À 22 ans, Guino se voit confier par Maurice Denis la réalisation des reliefs Le Chant et La Danse au Théâtre des Champs-Élysées, toujours visibles aujourd’hui aux côtés des décors sculptés d’Antoine Bourdelle.
Comme les Nabis qu’il cotoie, Guino se défait de la vision qui cloisonne les disciplines et passe avec aisance et liberté d’une technique à une autre, de la sculpture au dessin, de la gravure à la peinture, du bas-relief à la céramique.
En 1913, le collectionneur russe Ivan Morozov acquiert auprès de Vollard son Torse de femme nue en marbre tandis que le marchand lui achète sa première figure monumentale, la Vendangeuse. À 23 ans, la virtuosité de sa pratique le fait devenir, de 1913 à 1918, le sculpteur d’Auguste Renoir. Mais, il n’a pas été seulement le praticien du maître impressionniste, ce à quoi par méconnaissance, les critiques l’ont imprudemment relégué.
Après la Grande Guerre, Richard Guino s’inscrit dans le mouvement Art Déco et expose régulièrement chez Hebrard. Son œuvre, subtil équilibre entre classicisme et modernité, est dédiée à un monde solaire, une Antiquité rêvée où les figures s’inscrivent dans une savante eurythmie. Les 19 œuvres mises en vente, sculptures en bronze, dessins et céramiques, provenant toutes des descendants de l’artiste, le démontrent avec un sens parfait de la grande décoration et de l'harmonie des formes.
Richard Guino (1890-1973)
Femme marchant à la corbeille de fruits et draperie, 1924
Bronze à patine brun mordoré
Hauteur : 43,70 cm
Estimation 3 000 – 5 000 €
René Iché (1897-1954)
Pour nous mieux aimer, circa 1922
Marbre
35 x 36 x 19 cm
Estimation 2 000 – 3 000 €
Le parcours de René Iché et l’inscription de son œuvre dans l’art moderne français est tout autre. Profondément marqué par le conflit de la Grande Guerre, René Iché (1897-1954) veut inscrire son œuvre dans la société par un engagement moral qui va irriguer tout son travail de sculpture autant dans l’espace public que privé. Il va de ce fait marquer la création figurative en France entre les années 1930 et 1950.
Proche d’Apollinaire et de Max Jacob, formé par Antoine Bourdelle, Iché conçoit à Montparnasse ses premières ébauches de l’Homme succombant ou des Lutteurs. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, à Paris, il s’inscrit dans le groupe surréaliste comme en témoigne son Inconnue de la Seine reprise plus tard par Man Ray dans un fameux ready-made, ou ses masques de Breton et d’Éluard. À partir des années 20, Iché expose chez Zborowski, chez Louis Carré, chez Bernheim-Jeune.
Vingt ans plus tard, alors qu’il est l’un des pionniers de la Résistance au sein du réseau du musée de l’Homme, Iché conçoit la Déchirée, Marianne de la Résistance qu’il offrira à De Gaulle à Londres. Des années Trente aux années Cinquante, Iché élabore des œuvres qui sont autant de figures psychologiques que de manifestes.
Selon Bernard Blistène « ses œuvres portent en elles non pas tant des positions de principe que la recherche inextinguible d’une lutte et d’une véritable urgence pour se libérer de la terreur de l’histoire. » Voyez sa Déchirée (1940), son modèle, son histoire. Faut-il aussi rappeler la violence spectrale et la force macabre de son Guernica (1937), chef d’œuvre sorti d’un ossuaire et, sans doute déjà, de ses Lutteurs des années 1923-1924 ? Autant de sculptures face auxquelles, pour reprendre l’expression pascalienne, « vous êtes embarqués ».
Pour la première fois en vente publique, un ensemble majeur d’œuvres de l’artiste (marbre, bronzes, important ensemble de dessins sur le thème du nu) provenant d’une collection française proche de la famille de l’artiste, mettra en lumière l’art puissant et engagé de René Iché.
René Iché (1897-1954)
Le Couple ou Adam et Eve ou Viol, circa 1945
Bronze a patine noire
Hauteur : 34,50 cm
Estimation: 8 000 – 12 000 €
Exposition
Du 4 au 7 avril 2025 , de 11h–18h
Fermeture le dimanche 6 avril
Vente aux enchères
Art Moderne 1900-1950
Mardi 8 avril 2025 à 14h30
Contact
Elodie Landais
+33 1 42 99 20 84