Signée 'alfred D Dreux' en bas à droite Toile de la maison J. Berville à Paris
Four-rider obstacle course, oil on canvas, signed, by A. De Dreux
Commentaire :
Alfred De Dreux s'est rapidement imposé comme le spécialiste de la peinture de chevaux. Ses premiers succès relèvent de la mode du portrait équestre, dont notre artiste lui-même se proclamait le grand spécialiste de son temps. " Ma spécialité est de peindre les gens à cheval " s'écriait-il dès 1842. Ses portraits étaient alors particulièrement prisés par l'ensemble des personnalités mondaines de la bonne société parisienne. Il est alors de bon ton de se faire représenter à cheval. Il l'est encore plus lorsque le peintre s'appelle Alfred De Dreux. En parallèle de ses succès comme portraitiste, De Dreux s'amuse dans la représentation en tout genre du cheval. Durant la seconde partie de sa carrière, l'artiste décrit avec élan les mille variations de la vie de l'animal, marquant sa palette d'une esthétique particulière rendant ses toiles et sa manière rapidement identifiables. Cette passion l'amènera naturellement à s'intéresser aux courses hippiques, royaume des étalons, largement privilégiées par l'artiste. Dans tous ces tableaux, le cheval est le sujet, le jockey n'étant qu'un élément du décor. Ces derniers semblent statiques, sans émotions, neutres, alors que les bêtes, emplies de sentiments, frémissent, vibrent, volent presque comme le laissent suggérer les ombres et le mouvement des chevaux, en parfaite lévitation. Le mouvement du cheval suscita la polémique à la fin du XIXe siècle car plusieurs théories s'opposaient sur la capacité du cheval à décoller tous ses membres du sol lorsqu'il était au galop. A l'aide de douze appareils photographiques disposés le long d'une piste équestre, l'américain Eadweard Muybridge arriva à la conclusion que si les chevaux se retrouvaient bien quelques fractions de seconde en l'air à pleine vitesse, cette situation existe uniquement lorsque les membres de l'animal sont fermés, rendant la représentation de De Dreux absolument fantaisiste. Mais l'artiste n'est pas le scientifique, et la peinture n'est pas la photographie. Et si l'on peut légitimement penser qu'Alfred De Dreux n'eut pas besoin de la photographie pour connaitre la réalité des mouvements du cheval, il devait penser à raison que ce n'est pas à l'art de se soumettre à la science, mais plutôt à la science de se soumettre à l'art.