Notes manuscrites préparatoires. 10 p. In-16 d'un carnet à spirale, dentelures en haut de page. Ecriture dense et rapide à la mine de plomb, crayons bleu et rouge, des ratures. Déchirures en haut à droite avec petits manque d'écritures. Ecrit à Epalinges, Vaud, été 1969. Publié aux Presse de la Cité, 1969.
Les manuscrits de Georges Simenon sont rares, il travaillait directement sur ses machines à écrire. Les pages manuscrites que nous proposons viennent de ses carnets qui ne le quittaient guère. Ces pages étaient ensuite tapuscrites.
Dans la grisaille de l'existence qu'ils vivent en banlieue, les membres de la famille Le Cloanec se côtoient, mais ne se parlent pas. La mère est alcoolique, le père, lui, indifférent et lointain ; le frère et la sœur ont chacun leurs occupations précises et leur vie à part. Une bonne récemment engagée va jeter le trouble dans la maison. Devenue la maîtresse du jeune Olivier, qui en est très épris, Manuela éveille les désirs du père Le Cloanec auquel elle accordera également ses faveurs. Frustré dans son premier amour, Olivier songe à quitter la maison et à renoncer aux études, mais n'exécutera pas son projet. Quant à la mère, elle semble ne s'apercevoir de rien.
Manuscrit de premier jet, nombreuses ratures, l'ambiance grise de l'atmosphère automnale, d'où le titre, est noté par Simenon en des termes météorologiques et par la nomination d'objets usuels physiquement très présents devenant hostile et renforçant le désarroi ambiant : " Pluie par paquets, méchante, comme vicieuse " ; " Phare unique. Tempête. Pluie. Gravier. Volets. Hangar. Feuilles mortes sur la route. Bruit familier des pas sur le gravier. Phares jaunes. Noirs arbres. Buées. " Description des personnages effacés comme des ombres, dépolis par les vitres humides : " 7h1/2 ne boit pas sa bière. La bonne dans la cuisine occupée à faire la soupe. Neuvaine. Voit sa mère dans la cuisine. Vestibule vitrée […] Après 2 ou jours - boit - tout le monde fait semblant de ne pas la voir. Du vin d'abord à pleine bouteille puis le calvados, le cognac, le gin ou le whisky. […] " Portrait objectif, froid, assassin de la mère par le fils : " Ma mère […] j'en ai pitié. Je devrais en avoir pitié. Je soupçonne qu'elle n'a jamais été complètement équilibrée et je me demande souvent pourquoi mon père l'a épousée. Elle est laide. Son nez. Son menton. […] Les parents toujours le calme. Le vide, ou les moindres craquements deviennent un vacarme. "
Viennent les pages sur la disparition de Manuela, le père et les enfants apprennent son départ : " Quand elle rentra le soir la première, elle a la sensation qu'il y a quelque chose de changé dans la maison et quand elle entre dans la cuisine prendre un verre de jus de fruits elle ne voit pas Manuela. Sa mère assise dans le salon. - Manuela est en haut ? - Non. - Ou est-elle ? - Elle est partie. - tu l'as mise à la porte ? - Non. C'est elle qui a décidé de rentrer en Espagne. - Tu es sure que tu ne lui a pas donné son congé ? - Je le jure... "
" Chambre de bonne : Qu'est-ce que tu cherches ? - Rien. - Tu espérais qu'elle t'avait laissé un message ? Très amoureux ? Tout le monde savait. - 22 ans ! La Lucie ne l'a-t'elle pas mise à la porte. "