5 janvier-15 avril 1875.
In-8 (22,5 x 14, 2 cm), reliure janséniste, maroquin noir, dos à nerfs, doublures de maroquin rouge avec filet doré en encadrement, gardes de soie moirée grise (Marius Michel).
8 p. in-8 (20,8 x 12,8 cm) à l’encre noire ou violette sur 4 doubles ff. de papier vergé, une enveloppe autographe à l’encre violette, le tout monté sur onglets sur des feuillets de vergé fort.
Bel ensemble de 4 lettres autographes signées, adressées à Edgar Raoul-Duval.
Ces lettres, relatives au scandale provoqué par la parution des Diaboliques, sont adressées au député Raoul-Duval dont l’intervention en faveur de Barbey fut décisive. Issu d’une famille de magistrats, Edgar Raoul-Duval (1832-1887) fut successivement substitut du procureur impérial à Nantes, avocat général à Angers, à Bordeaux et à Nantes.
Familier des salons parisiens comme de ceux de Rouen, c’était un intime de Gustave Flaubert, et son penchant pour la littérature l’amena à prendre fait et cause pour Barbey lors de la saisie des Diaboliques.
La présente correspondance fait suite à la polémique provoquée par la parution de l’ouvrage chez Dentu fin 1874 : la description terrifiante des passions corruptrices dans lesquelles se complaisent les héros de ces nouvelles scandalisa la société française conservatrice, qui s’indigna de lire de telles perversions sous la plume d’un écrivain monarchiste et catholique. Barbey fit amende honorable, un nonlieu fut prononcé par le tribunal de la Seine le 21 janvier 1875. Mais de nombreux exemplaires, qui avaient été saisis, furent détruits, notamment les 480 exemplaires restant chez le brocheur, sur les 2 200 du tirage total. Il fallut attendre 1882 pour qu’une réédition parût, chez Alphonse Lemerre. Dans les trois premières lettres,
situées au début de janvier 1875, l’auteur des Diaboliques cherche des appuis politiques pour contrer la décision du parquet et obtenir le non-lieu. On suit les manoeuvres tentées auprès de membres du gouvernement, et les incertitudes qui désespèrent Barbey. Dans la lettre du 5 janvier 1875, Barbey remercie chaleureusement Raoul-Duval pour son soutien : « Vous avez été si parfaitement bon avec moi, – et d’une bonté si distinguée – que je ne crains pas de vous importuner. Je dois, sur la parole que vous a donnée le garde des sceaux, mais je voudrai bien m’éveiller sur l’ordonnance de non-lieu qui mettrait fin à une position indécise et à toutes mes anxiétés. »
La quatrième lettre écrite après l’issue heureuse de l’affaire, prend une tonalité franchement littéraire : l’écrivain s’adresse non plus au politicien influent mais au lecteur bienveillant et éclairé de son livre.
Un tirage sur chine du portrait de Barbey d’Aurevilly gravé par Rajon (imp. A. Salmon) a été placé en frontispice.
Bel exemplaire en maroquin doublé de Marius Michel.
Reliure gauchie en tête, léger frottement à un coin, petits frottements sur les charnières, quelques rousseurs.