Commentaire :
Lot en importation temporaire
L'acquéreur devra acquitter des frais d'importation, soit 5,5% en sus du prix d'adjudication sauf s'il réexporte immédiatement le lot hors de l'Union Européenne.
Lot in temporary importation.
In addition to the commissions and taxes, and additional import fees of 5,5% of the hammer price will be charged. The import fees can be retroceded to the purchaser on presentation of written proof of exportation outside European Union.
Elève de Nicolas de Largillierre, Jean-Baptiste Oudry commence sa carrière comme portraitiste, ce qui l'amène à rencontrer celui dont la protection fut déterminante pour sa carrière : le marquis Henri Camille de Beringhen (1693-1770), écuyer du roi. La National Gallery of Art de Washington conserve un portrait de celui-ci peint par Oudry en 1722 (fig. 1). Il y apparaît en chasseur avec son chien. La tension de l'animal flairant la prise du chasseur est rendue avec brio et cette performance ne pouvait échapper à Louis XV, passionné par ses meutes de chiens courants ou de sang.
En 1723 Oudry bénéficie d'un logement aux Tuileries et, en 1724, le marquis de Beringhen est nommé Premier Ecuyer de la Petite Ecurie du Roi. A ce titre il organise les chasses royales. La carrière d'Oudry comme peintre de celles-ci est assurée, il suit le roi et rivalise avec François Desportes.
Quand le 'Chien blanc pointant une perdrix rouge' est exposé en 1725, il a pour pendant " une sorte d'arrest. On voit un chien, la patte en l'air, paroissant suivre un faisan, qui marche le ventre à terre derriere une plante1 ".
En 1732, Oudry propose plusieurs œuvres au duc de Mecklemburg-Schwerin dont la collection de tableaux a été détruite par un incendie. 'Un chien blanc pointant une perdrix rouge' y figure avec les trois autres portraits de chiens grandeur nature décrits ci-dessous, chacun étant prisé 400 livres :
- 'Un chien pointant deux cailles' (toile, 131 x 163 cm, signé et daté 1723, Exposition de la jeunesse en 1723, Schloss Wilhelmshöhe à Cassel, Cf. Opperman P. 241)
- 'Un setter pointant un faisan' (toile, 130 x 162 cm, Salon de 1725, gravé par Oudry en 1724 , Royal palace, Stockholm, Cf. Opperman P. 242)
- 'Un chien pointant une perdrix' (toile, 130 x 162 cm, située en 1725 ou 1726, Royal Palace, Stockholm , Cf. Opperman P. 244).
En 1735, quand Oudry soumet une nouvelle liste de tableaux au duc, un 'Chien blanc pointant une perdrix rouge' et 'Un chien pointant deux cailles' n'y figurent plus. Par contre, nous y retrouvons " Un chien en arrest sur un faisan, des plantes, fond de païsage, de 5 pieds de large sur 4 pieds de haut " et " Autre chien en arrest sur des perdrix cachées dans des genêts, fond de païsage, de 5 pieds de large sur 4 pieds de haut ". Le comte de Tessin les acquiert pour le Palais Royal de Stockholm en 1740².
Nous connaissons d'autres portraits de chiens peints par Oudry en 1725. Le 'Mercure de France' rapporte qu'Oudry peint cette année-là " d'après nature, par ordre du Roi, les portraits de quelques lévriers Anglois, dont S.M. a été fort content 3 ". Mises en dessus-de-porte dans la chambre du roi à Compiègne en 1733, 'Misse et Turlu', levrettes de Louis XV, sont aujourd'hui conservées au château de Fontainebleau (toile, 127 x 160 cm, signée et datée 1725). Il en est de même pour 'Lise et trois faisans' (toile, 128 x 159 cm, signée et datée 1725).
Oudry accorde peu d'attention au paysage dans lequel il place ce 'Chien blanc pointant une perdrix rouge'. Le point de vue adopté donne toute sa majesté à l'animal et autorise à penser qu'il s'agit d'une composition destinée à être placée en dessus-de-porte. Le thème sera repris dans une tapisserie de Beauvais, manufacture pour laquelle il réalise des cartons à partir de 1726 et dont il sera nommé directeur en 1734.
1. Cf. 'Divers Salons du dix-huitième siècle pour servir de complément à la Collection des Livrets des Salons du XVIII° siècle', p. 45
2. P. Grate, 'French paintings, II : Eighteenth Century, Swedish National Art Museums', Stockholm, 1994, p. 230-231
3. In 'Le Mercure de France', septembre 1725