Sans date.
6 pages in-4 sur autant de feuillets de papier vélin. Précédé de la reproduction d'un portrait de Saint-Pol Roux avec note et titre de la main de Pierre Seghers et suivi de la reproduction d'un poème autographe de Saint-Pol Roux (" A Francis Jammes ") et des épreuves corrigées de l'article (7 pages).
Un volume demi-chagrin noir à la Bradel, pièce de titre de maroquin vert, titre doré.
Magnifique hommage rendu par Louis Aragon à Saint-Pol Roux.
Louis Aragon met en parallèle la mort de Guillaume Apollinaire, survenue le jour de la victoire de la Première Guerre mondiale et celle de Saint-Pol Roux, autre " poète assassiné ", mort en octobre 1940, après que les Allemands eurent pillé son manoir, détruit ses manuscrits et blessé sa fille.
C'est non seulement pour rendre hommage à ce destin de martyr que Louis Aragon écrivit ce magnifique texte au sortir de la guerre, mais avant tout pour réparer l'injustice faite au poète, relégué dans l'oubli - et que les surréalistes ont toujours placé très haut : " Un jour viendra que ce sera l'étonnement des jeune hommes que cet oubli où nous l'avions laissé vivre. On n'est pas près encore de reconnaître ce rôle obscur joué par le poète d'Anciennetés dans la refonte des vers français, de sa métrique étrange et de ses images maudites. (...) Un diamant noir. "
Il revient sur le fameux scandale du banquet donné en l'honneur du poète en 1925, et que vinrent perturber les surréalistes : " Par delà les prétextes et les mécomptes, il demeurera que Saint-Pol Roux l'oublié a trouvé l'accueil fanatique d'un soir, au plus sombre de cet oubli, parmi ceux pour qui alors la poésie était plus que la sagesse, et qui voulaient dresser en son nom un monument d'intransigeance et de refus. "
Les souvenirs personnels de Louis Aragon (la retraite de 1939 au cours de laquelle il apprit la mort de Saint-Pol Roux) se mêlent à l'évocation du poète : " Nous avons traversé toute la paix des campagnes, tous les prés qui n'avaient plus jamais entendu les armes depuis les jours des guerres de religion, les champs qui avaient franchi les siècles avec les seuls bruits des chansons, le lon-lon-laire des rondes (...) "
Le texte s'achève dans un beau lyrisme : " Hommes des jours tragiques, enfants de mon pays, répétez-la tout bas la leçon du Magnifique, qui n'est plus obscure à personne : or c'est ici, Divine, que tu naquis... A la pointe extrême de la terre et de la pensée, aux confins de la France et de l'océan, aux frontières de toute poésie, aux limites de notre espoir. "