Poème autographe signé
70 vers, sans date.
3 pages in-8 à l'encre noire et au crayon sur des feuillets découpés dans des feuilles de registre de l'hôpital Broussais.
Long poème d'un réalisme cru.
Les Elégies, publiées en volume chez Léon Vanier en 1893, sont un cycle de douze longs poèmes qui tournent tous autour de sa relation tumultueuse avec Philomène Boudin.
Paul Verlaine n'y dissimule, ni, surtout, n'y idéalise rien. Le gracieux côtoie le sordide, les scènes succèdent aux réconciliations, les passages érotiques aux moments d'attendrissement.
Cette pièce, Enfin c'est toi... évoque un épisode particulièrement agité de cette relation. " Or, un jour de berlue / J'avais, toi là, lorgné quelque minois passant ". A partir de là, le poète se laisse aller à sa sensualité, abandonne son élue et part pour vingt nuits d'adultères : " Le cœur, quelle catin alors qu'il se dérange. "
Suit une description crue de ses amours tarifés avec des filles :
" L'une, fille du Nord, native d'un Crotoy,
Était rousse, mal grasse et de prestance molle :
Elle ne m'adressa guère qu'une parole
Et c'était d'un petit cadeau qu'il s'agissait.
L'autre, pruneau d'Agen, sans cesse croassait,
En revanche, dans son accent d'ail et de poivre,
Une troisième, récemment chanteuse au Havre,
Affectait le dandinement des matelots
Et m'engueulait comme un gabier tançant les flots,
Mais portait beau vraiment, sacrédié, quel dommage
La quatrième était sage comme une image,
Châtain clair, peu de gorge et priait Dieu parfois (...) "
La pièce se clôt sur le retour du poète repenti : " Ô tout de même, si qu'on se pardonnerait ? "
Tout le poète, dans ses élans contradictoires, tiraillé entre la chair et la repentance, entre la tendresse et le vice, se montre ici à nu.
Le manuscrit porte comme titre " Elégie V ", corrigé en " VII ". Il compte 37 mots ou passages corrigés.