Cachet de l'atelier (L.838a) en bas à droite Sans cadre
Two lion's faces and two lionness' faces, black chalk, stamped, by E. Delacroix
Provenance :
Acquis auprès de la galerie de Bayser, Paris ; Collection particulière, Paris
Commentaire :
Le 19 juin 1829, dans les chaleurs suffocantes du début de l'été parisien, une lionne meurt au Jardin des Plantes. Aussitôt prévenu, Delacroix écrit un mot à Barye, avec qui il étudie les animaux de la Ménagerie. " Le lion est mort, au galop ! ". Il faut effectivement se mettre immédiatement au travail, avant que le cadavre ne se décompose. C'est ainsi que Delacroix put à loisir et sans risque étudier de près la morphologie des fauves qui le fascinaient. Le médium du crayon noir incline à penser que notre dessin fut exécuté sur place. Une importante feuille consacrée uniquement à l'étude de la tête de la lionne provenant de la collection Vitta a été présentée dans nos salles en 2009 (fig. 1)1.
" D'où vient le mouvement que la vue de tout cela a produit chez moi ", écrit Delacroix dans son 'Journal' en 1847. S'il est fasciné par le roi des animaux, c'est que Delacroix retrouve dans sa sauvagerie instinctive, égoïste et sanguinaire, celle qu'il sent monter du fond des entrailles humaines. En grand fauve des arts qui se repaît des artistes qui l'ont précédé sur cette voie, comme Rubens et Rembrandt, en opportuniste qui se saisit du moindre éclair de lumière ou de la moindre attitude de ses modèles, humain ou animalier, en ultime dépositaire d'un savoir transmis à travers les siècles, aussi noble dans son isolement génial que le solitaire des savanes, Delacroix explore les replis des fauves comme ceux de son âme.
1. Crayon noir, 25,30 x 18,80 cm, 27 mars 2009, n° 11, vendu 136.850€