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Alfred De DREUX (1810 - 1860)
Scène de chasse à courre : l'impératrice Eugénie entourée de l'équipage impérial
Estimation :
60 000 € - 80 000 €
Vendu:
76 146 €

Détails du lot

Scène de chasse à courre : l'impératrice Eugénie entourée de l'équipage impérial
Huile sur toile

Signée 'Alfred De Dreux ' en bas à gauche
Dimensions à vue : 68 x 117 cm (26,80 x 46,10 in.)

'HUNTING SCENE : THE EMPRESS EUGENIE AND THE IMPERIAL RETINUE', OIL ON CANVAS, SIGNED, BY A. DE DREUX

Provenance :

Resté jusqu'à ce jour dans la même famille depuis le début du XXe siècle ;
Collection particulière, Paris

Commentaire :
Découvrir aujourd'hui encore une œuvre majeure d'un artiste ayant fait l'objet récemment d'un ample catalogué raisonné est une chance rare.
Conservée dans la même famille depuis près d'un siècle, cette grande scène de chasse à courre était jusqu'à ce jour totalement inconnue des spécialistes et amateurs de l'artiste.
Aucun autre tableau d'Alfred De Dreux ne semble contenir autant de cavaliers ; neuf chevaux sont parfaitement identifiables au premier plan et peut être une cinquantaine qui évoluent dans les larges allées cavalières de cet imposant massif forestier au second plan.

Au XIXe siècle, Paris fait l'objet d'aménagements propres aux plaisirs des cavaliers et des grands attelages : les allées s'élargissent, elles sont boisées, des promenades sont aménagées et l'Ouest parisien devient ainsi un vaste parc où les dandys caracolent sur leurs montures et où se montrent les jeunes élégantes de bonne famille.
Jeune, Alfred De Dreux avait pu admirer au " Bois " l'élégance et les prouesses de Géricault en fringant cavalier. Très vite, l'étude du cheval et de la peinture ne font qu'un. Mais la mort prématurée de Géricault porte De Dreux dans l'atelier de Léon Cogniet auprès duquel il réalise sa première toile : une copie du Mazeppa de Géricault… Jamais plus ses tableaux n'auront d'autre sujet principal qu'un cheval, hormis quelques toiles rendant hommage au meilleur ami de l'homme, le chien.

Cavalier et grand mondain, Alfred De Dreux sait se propulser dans la meilleure société afin de vivre avec aisance de son art. Son train de vie lui impose en réalité bien des compromis car, proche dans un premier temps des Orléans dans les années 1830-40, il se rapproche très vite de Napoléon III au début des années 1850. Alfred De Dreux plaît à l'empereur qui lui commande plusieurs portraits équestres.
L'impératrice Eugénie sera elle aussi plusieurs fois représentée par l'artiste, en uniforme de Zouave ou en chapeau à plume sur un cheval très pomponné, en amazone romantique ou encore en digne maîtresse d'équipage comme cela semble être le cas dans notre tableau.

Les annotations portées sur une large bande en partie inférieure de notre toile nous permettent d'identifier certains personnages ; parmi eux, à l'extrême gauche de la composition, saluant de son tricorne, Edgar Ney, 3e prince de la Moscowa, deuxième fils du grand maréchal de Napoléon Ier. Grand veneur à partir de 1865, il n'est dans notre tableau pour l'instant qu'un simple membre de l'équipage impérial.
Le cavalier le plus à droite est le duc de Morny, demi-frère de l'Empereur Napoléon III qui contribua fortement au succès du coup d'état de décembre 1851. Cette haute figure mondaine lança parmi d'autres projets urbains la station balnéaire de Deauville et le site du Vésinet près de Versailles.
Les inscriptions correspondant aux autres personnages du tableau sont difficilement lisibles. François et Antoine Lorenceau, spécialistes de l'artiste, pensent reconnaitre l'impératrice dans la cavalière montant en amazone sur le cheval gris. Néanmoins notre tableau ne nous semble pas être un portrait de l'équipage impérial mais bien plus une fantaisie historicisante en plaçant l'entourage impérial dans les conditions d'une scène de chasse sous Louis XV. En effet si Napoléon III codifie les nouvelles tenues de vénerie impériale en s'inspirant du XVIIIe siècle, les tenues de nos cavaliers ne sont pas celles de l'équipage impérial. Le cordon bleu de l'ordre du Saint-Esprit que porte le deuxième cavalier en partant de la gauche nous semble être un " clin d'œil " au roi Louis XV. Un portrait photographique de Ney par Gustave Le Gray (fig. 1) nous éclaire sur l'exacte tenue de l'équipage impérial. Hors la hauteur de la boutonnière des gilets, l'ampleur des rabats des manches de la veste et la couleur de la culotte ne correspondent pas aux tenues représentées sur notre tableau. Alfred De Dreux était un peintre suffisamment précis dans les détails de ses tableaux pour en conclure que notre tableau est une fantaisie autour de l'équipage impérial et non un portrait de groupe.
Les annotations portées au crayon sur un fond crème pourraient aussi être postérieures à la réalisation de la toile et portées par une main inconnue après la mort de l'artiste en 1860. Pourrait-il alors s'agir d'indications provenant de l'imagination d'un amateur passionné d'Alfred De Dreux, qui aurait vu une scène bien plus élaborée que la fantaisie historique que conçut sans doute l'artiste ? Mais alors pourquoi De Dreux aurait-il laissé en réserve une marge si importante ?
Notre tableau n'a pas fini de révéler tous ses mystères.

Nous remercions Monsieur Antoine Lorenceau qui nous a confirmé l'authenticité de cette œuvre. Un avis en date du 18 septembre 2013 sera remis à l'acquéreur.

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