De l'étendue des services que peut rendre un dessin dans l'enseignement de la langue aux sourds-muets [circa 1862]. Manuscrit autographe signé [315x400] plié en 2, [4] pp., encre noire. Charles Cros rédigea ce texte à l'âge de 19 ans peu après son admission comme aspirant-répétiteur à l'Institution Impériale des sourds-muets à Paris. On connaît l'importance que cet emploi a pu jouer dans sa réflexion sur le problème de la communication mais on ignore la précocité et le caractère révolutionnaire dont il fit preuve en la matière. La réflexion de Ch. Cros porte sur les vertus pédagogiques du dessin, envisagé comme un langage humain à part entière et destiné à compléter l'éventail des perceptions déjà acquises. S'ensuit une critique à peine dissimulée de l'Institution et de sa monotonie: "On pourrait, et cela présenterait je crois de grands avantages, employer utilement la photographie; avec ce moyen il serait facile de montrer aux élèves un grand nombre d'objets dont ils n'auraient eu, sans cela, aucune idée et leur faire ainsi un monde factice, tandis que dans l'Institution, ils n'ont aucune connaissance du monde réel [...] On pourrait joindre à ces photographies des reproductions encore plus parfaites, qui semblent vous transporter devant l'objet représenté; je veux parler du stéréoscope qui reproduit avec une exacte vérité les distances et les proportions telles que nous les voyons avec nos yeux..."
La hauteur de ses vues devait valoir à Cros sa révocation définitive de l'Institution en février 1863.