[Paris], 9 février [1825]. 2 p. et demie in-8 (20,5 x 12,7 cm) et suscription, cachet armorié de cire noire.
Lettre de Victor Hugo félicitant Alfred de Vigny de son mariage avec Lydia Bunbury qu'il lui avait annoncé le jour même de la cérémonie civile à Pau, le 3 février 1825 : "Que vous avez raison, Alfred ! nos hommes supérieurs sont faibles, et c'est faiblesse que s'en affliger. Il est donné à bien peu d'êtres de réunir le caractère au génie ; et il faut être puissamment organisé pour tenir sans cesse ses actions au niveau de sa pensée. Vous êtes, vous, cher ami, du trop petit nombre de ces êtres hautement privilégiés, et l'homme en vous vaut le poète. C'est pour cela que je vous aime, que je vous admire doublement et que mon amitié pour vous est tout à la fois de l'estime et de la sympathie. Au moment où je commence cette lettre, je reçois la vôtre du 3 février. Soyez mille fois heureux, mon ami ! Soyez-le autant que moi, je ne saurais vous rien souhaiter de plus, du moins sur cette terre ! Vous voilà enfin dans ce port où le voyage de la vie n'est plus qu'une promenade paisible sans orages et sans écueils ! Celle qui vous fait ce bonheur est, dites-vous, douce et bonne comme ma fille d'Otaïti ; d'autres rapports me la disent jeune et belle comme votre fille de Jephté. Que faut-il de plus à la félicité d'une âme comme la vôtre ! Merci, et encore merci de votre bonheur, qui est une si grande partie du mien. Nous allons vous revoir ; et l'accord de nos caractères se complètera par la ressemblance de nos vies. Nos femmes s'aimeront comme nous nous aimons, et à nous quatre nous ne ferons qu'un".
Manque dû au décachetage, sans atteinte au texte. Papier un peu bruni avec quelques taches.
Provenance :
Archives Sangnier (cachet)
Bibliographie :
Alfred de Vigny, Correspondance, 25-6.