Mon Cher Silbermann - Je vous envoie le croquis de ce que
j'ai vu hier au soir a 6h moins le quart j'étais sur
la route de Versailles allant à Sèvres cela vous indiquera
la direction où s'est produit le phénomène - juste dans l'axe
de la route - le croquis du bas indique ce qu'était devenue
la trainée lumineuse dix minutes après -
je n'ai pas oublié ma promesse mais je n'ai pu encore
aller vous voir
mes respects à mademoiselle Silbermann
à vous
Bracquemond
Sèvres 11 février 1875
Sans cadre
A meteorite hit in Paris on February 10, 1875, watercolour and gouache over pencil, pen and brown ink on blue paper, by Félix Bracquemond
9.44 × 5.90 in.
En artiste toujours soucieux de trouver de nouveaux motifs, Bracquemond saisit à l’aquarelle le météore lumineux observé sur la route de Sèvres le 10 février 1875. Sur un papier bleu à même de suggérer la pénombre d’une fin d’après-midi en hiver (il note l’horaire de « 6h moins le quart »), il tient à décrire à l’un de ses amis le caractère singulier de cette vision nocturne, en la documentant d’un article de presse paru le lendemain qui précise non sans humour que la météorite « avait la forme d’un tire-bouchon ». Le destinataire n’est autre que l’imprimeur et typographe alsacien Gustave Silbermann (1802-1876), exilé à Paris depuis 1870, avec lequel Bracquemond entrevoyait vraisemblablement une collaboration.