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1953 Ferrari 166 MM/53 barquette Oblin
1953 Ferrari 166 MM/53 barquette Oblin
Estimation:
€2,900,000 - €3,500,000
Sold :
€2,806,400

Lot details


Titre de circulation US
à dédouaner
Châssis n° 0300 M
Moteur n° 0300
Numéro interne n° 296

- Double vie, avec carrosserie Vignale, puis Oblin
- Châssis, trains roulants, moteur et carrosserie d'origine
- Remise en état dans sa configuration du Salon de Bruxelles
- Historique suivi, propriétaires soigneux

Après avoir été pilote Alfa Romeo, puis avoir dirigé le département course de la marque sous la bannière Scuderia Ferrari, Enzo Ferrari décide de voler de ses propres ailes et de créer sa propre marque. Après les deux Tipo 815 produites en 1940 sous le nom Auto Avio Costruzioni à partir de pièces Fiat, Ferrari lance en 1947 la première voiture portant son nom et reflétant ses choix techniques, la Tipo 125 S. Avec Giuseppe Busso et Gioacchino Colombo, qui l'ont suivi dans son aventure, il met au point une biplace équipée d'un moteur V12 de 1,5 litres doté d'un ACT par banc de cylindres et qui, dès la première année, remporte plusieurs succès en compétition. L'année suivante, Enzo Ferrari passe la vitesse supérieure avec la 166, qui reprend la structure tubulaire de la 125 et qui va être produite en plusieurs versions autour du même moteur V12 de 2 litres, dont la puissance varie de 110 à 150 ch en fonction notamment de son alimentation par un ou trois carburateurs. Ainsi, elle va exister sous la forme d'une monoplace, d'une version course (S puis MM) et d'une version "GT" (Inter). Ce petit bijou est la base sur laquelle va se bâtir la légende Ferrari, car la 166 va se couronner de lauriers. Ainsi, elle décroche deux victoires aux Mille Miglia, en 1948 et 1949, entre les mains de Clemente Biondetti et, en 1949, elle remporte même les fameuses 24 Heures du Mans, pilotée par Luigi Chinetti, le futur bouillant importateur Ferrari aux États-Unis : c'est le premier d'une longue série de succès sur le circuit de la Sarthe. Plusieurs carrossiers comme Touring, Vignale ou Stabilimenti Farina s'intéressent à la 166, et l'habillent en barquette pour les versions les plus sportives, ainsi qu'en berlinette et en cabriolet.
La production de 166 est restée extrêmement confidentielle avec un total, toutes versions confondues, dépassant à peine 70 exemplaires dont fait partie la voiture que nous présentons. Elle est plus précisément issue d'une deuxième série désigné 166 MM/53, dont treize exemplaires verront le jour, quatre étant carrossés en coupés.

Le 1er avril 1953, le châssis 166 MM/53 n°0300 M, comportant sa mécanique et réalisé sous la direction du chef d'atelier Amos Franchini, est envoyé à la Carrozzeria Vignale, à Turin, pour être équipé d'une carrosserie berlinette. Il fait partie des deux seuls châssis 166 MM/53 qui seront carrossés de cette façon par Vignale. Le mois suivant, la voiture terminée est acheminée au Garage Francorchamps, à Bruxelles, importateur Ferrari en Belgique. C'est là qu'elle est livrée à son premier propriétaire, Jacques Herzet, résident à Bruxelles. Herzet ne tarde pas à l'engager en compétition et, dès le 17 mai 1953, il participe aux Coupes de Spa-Francorchamps. Dès cette première sortie, il s'empare de la deuxième place au classement général : de toute évidence, cette voiture est bien née. Tout au long de la saison 1953, Herzet continue à courir de façon assez intensive et prend part notamment en août au Liège-Rome-Liège avec un talentueux coéquipier, Lucien Bianchi. Ils remportent leur catégorie, exploit suivi en septembre par une autre belle performance, la septième place au classement général du Tour de France Automobile. A la fin de l'année, la voiture embarque pour l'Amérique du Sud où elle prend part à plusieurs épreuves au Brésil, en équipe avec Johnny Claes.

A ce stade, il convient de rappeler que, entre 1948 et 1950, Ferrari a produit 25 exemplaires de barquettes 166 MM, un petit bijou animé par le fameux moteur V12 conçue par l'ingénieur Colombo. Ce modèle a signé de grands succès sportifs, dont une victoire aux 24 Heures du Mans 1949, entre les mains de Liuigi Chinetti. L'usine va produire également six exemplaires de berlinette Touring, avant une deuxième série désigné 166 MM/53, dont treize exemplaires verront le jour, quatre étant carrossés en coupés. La voiture que nous présentons ici en fait partie.

Revenons donc au châssis 0300 M. Au début de l'année 1954, Herzet rapatrie sa voiture en Belgique et la confie à l'atelier de carrosserie Martial Oblin pour que la carrosserie réalisée par Vignale, probablement fatiguée par cette campagne sportive, soit remplacée. Herzet en profite pour demander une version plus légère : ce sera donc une barquette. Oblin a déjà à son actif la réalisation de deux belles carrosseries sportives, sur la base d'une Talbot Lago T26 Grand Sport, et d'une Jaguar XK120. Il va donner naissance à une forme des plus élégantes qui va d'ailleurs évoluer au fil des ans, s'améliorant et s'affinant. Fort de sa voiture rajeunie, Herzet se lance à nouveau dans un beau programme de courses et prend part à plusieurs évènements dont voici quelques-uns :

- 12 Heures de Reims 1954 : Herzet-Claes, 6e de leur catégorie
- Tour de France Auto 1954 : Herzet-Bianchi, abandon
- Grand Prix de Pena-Rhin (Barcelone) 1954 : Claes, 11e au classement général
- Coupe SAR (championnat d'Italie) 1955 : Herzet, victoire de catégorie
- Grand Prix de Série Tourisme et Sport 1955 : Herzet, 2e au classement général.
- Grand Prix des Frontières, Chimay, 1955 : Herzet, 4e au classement général
- 12 Heures de Huy, Belgique, 1956, Herzet, 4e au classement général
- Grand Prix des Frontières, Chimay, 1956 : Herzet, 4e au classement général
- Course de côte de Namur 1956, Herzet, 4e au classement général

Ces résultats brillants prouvent la compétitivité de la voiture qui, entretemps, a été exposée en avril 1955 au Salon de Bruxelles, sur le stand Oblin. Elle y est exposée dans sa livrée noir mat avec une ligne longitudinale rouge lie de vin vernie. Grâce à cette finition des plus rares à l'époque, la 'barchetta' fait sensation au Salon Bruxellois. Puis, en 1957, Herzet se sépare de sa fidèle Ferrari pour la céder à Jan De Dobbeleer, également résident à Bruxelles. Celui-ci la garde près de 10 ans puis la laisse partir aux États-Unis où elle est vendue à Ed Bond, par le biais de Stanley Nowak. Elle connaît ensuite quatre propriétaires avant d'arriver en 1977 chez le Dr Robert Selz, en Floride, qui va la conserver 35 ans. En vrai passionné, membre de longue date du Ferrari Club of America, il ne la garde pas au fond du garage, mais l'entretient et la fait remettre en état : le moteur chez John Hajduck (Motorkraft) et la carrosserie chez Bob Smith Coachworks. Il l'utilise régulièrement et la présente à l'occasion de plusieurs évènements comme les rassemblements du Ferrari Club ou le concours d'Élégance d'Amelia Island. Il se rend même en Europe, pour une participation aux Mille Miglia en mai 2005. En 2012, cette barquette fantastique est confiée à Kent Bain et Charlie Webb, d'Automotive Restoration Inc., pour une restauration totale, à la hauteur de son importance historique. Les travaux vont totaliser quelque 400 000 $, le but de cette remise en état étant de rendre à la voiture sa configuration du Salon de Bruxelles, en avril 1955. Le résultat est splendide, le restaurateur ayant tout fait pour préserver les éléments d'origine lorsqu'ils pouvaient l'être, et ceux qui témoignaient de l'histoire longue et riche de cette automobile, comme la vieille boîte en carton brun contenant les appuie-têtes d'origine. Nous sommes donc en présence d'un exemplaire tout à fait exceptionnel de par son historique glorieux en course, la limpidité de sa vie avec cette splendide carrosserie depuis 1954, son état 'concours' pour la présenter dans sa configuration exacte, jusqu'au moindre boulon, du Salon de Bruxelles 1955 et le fait qu'elle soit 'matching numbers', quasi-introuvable sur une voiture qui a tant couru.

Le futur acquéreur se verra remettre des éléments rarissimes qui ont accompagnés la voiture toute sa vie : le cric à levage rapide qui se place à l'avant de la voiture, la trousse à outils en tissu et, chose introuvable, la boîte à outils originale en bois, et complète de la voiture. Celle-ci est une pièce de collection quasi-unique aujourd'hui et à elle seule, elle vaudrait facilement une bonne dizaine de milliers d'euros.

En résumé, la personnalité exceptionnelle de cette voiture, châssis n°0300 M, repose sur plusieurs faits précis, au-delà de la marque et du type, déjà remarquables en soi :
- Il s'agit d'un des treize exemplaires de 166 MM/53
- C'est la seule Ferrari à carrosserie Oblin
- Elle est riche d'une double histoire en course : sous forme de berlinette Vignale de 1953 à 1954, puis de barquette Oblin à partir de 1954.
- Elle a été exposée au Salon de Bruxelles en 1955
- Elle dispose d'un historique suivi, sans ombres ni incertitudes.
- Elle a connu des propriétaires attentifs et respectueux.
- Elle se présente parfaitement remise en état, dans sa configuration la plus authentique.
- Elle comporte son châssis, moteur, boîte, pont d'origine.

A piloter, il s'agit d'une automobile d'une grande légèreté, maniable et puissante. Son couple moteur est étonnant d'efficacité et ses vitesses passent aisément, ce qui montre, en plus d'être parfaitement suspendue, une restauration au plus haut niveau réalisé par un des meilleurs professionnels américains.

Cette automobile représente une trace incontestable de l'histoire de Ferrari et marque toute la puissance d'une époque où le 'gentleman driver' propriétaire pouvait participer aux plus grandes courses de l'histoire. Le futur propriétaire pourra s'enquérir du fait qu'il s'agit de la seule et unique Ferrari carrossée par Oblin, dotée de cette carrosserie l'année suivant sa sortie d'usine. Cette splendide 166 MM Barchetta est prête à disputer les grandes compétitions historiques, Concours d'Elégance et autres rallyes internationaux.

Photos d'archives: Copyright Marcel Massini



US title
To be customs cleared
Chassis n° 0300 M
Engine n° 0300
Internal number 296

- Double life, first with Vignale coachwork, then Oblin
- Original chassis, drive train, engine and body
- Restored to the Brussels Motor Show configuration
- Documented history, meticulous owners

Having been a driver for Alfa Romeo before being in charge of the marque's racing team under the name Scuderia Ferrari, Enzo Ferrari decided to set up on his own and create his own marque. Following the two Tipo 815s built in 1940 using Fiat parts under the name Auto Avio Costruzion, Ferrari launched the first car that carried his own name and reflected his own technical choices in 1947: the Tipo 125 S. With Giuseppe Busso and Gioacchino Colombo, who had followed him in his adventure, he developed a two-seater equipped with a 1.5-litre V12 engine that had a single overhead camshaft per bank of cylinders. In its first year the car achieved notable success in competition. The following year, Enzo Ferrari shifted into a higher gear with the 166. Using the tubular structure of the 125, it was produced in various versions built around the same 2-litre V12 engine, with the power ranging from 110 to 150 bhp depending on whether it had one or three carburettors. It appeared in the form of a single-seater, a racing version (S then MM) and a GT version (Inter). The laurel-winning 166 was a gem and formed the base from which the Ferrari legend grew. It clocked up two victories in the Mille Miglia, in 1948 and 1949, in the hands of Clemente Biondetti, and in 1949 it won the celebrated Le Mans 24 Hour race, driven by Luigi Chinetti, the future dynamic US Ferrari importer. This was the first in a long list of successes at the Circuit de la Sarthe.
Various coachbuilders such as Touring, Vignale and Stabilimenti Farina were interested in the 166, building barchetta bodies for the most sporting models, as well as berlinetta and cabriolet versions.
Production of the 166 was very limited, with the total number built of all versions together barely exceeding 70 examples, including the car on offer. This particular car is part of the second series known as the 166 MM/53, of which thirteen examples saw the light of day, four in coupé form.

On 1 April 1953, chassis 166 MM/53 n°0300 M, built under the direction of workshop boss, Amos Franchini, was sent, complete with all mechanical components, to the Carrozzeria Vignale, in Turin, to be fitted with a berlinetta body. It was one of just two 166 MM/53 chassis to be bodied this way by Vignale. The following month, the finished car was transported to the Belgian Ferrari importer, Garage Francorchamps, in Brussels. It was from here that the car was delivered to its first owner, Jacques Herzet, from Brussels. Herzet wasted no time in getting the car on the track and on 17 May 1953, he took part in the Coupes de Spa-Francorchamps. In this first outing, the car finished second overall - indisputable evidence that this was a good car. Herzet continued to race intensively throughout the 1953 season, in notable events such as the Liège-Rome-Liège rally in August, joined by talented co-driver, Lucien Bianchi. They won their class, and went on to another impressive result in September, finishing seventh overall in the Tour de France Automobile. At the end of the year, the car was shipped to South America and participated in several races in Brazil, with Johnny Claes joining the team.

At this point, it is worth remembering that between 1948 and 1950, Ferrari produced just 25 examples of the 166MM barchetta, a little wonder powered by the renowned V12 Colombo-designed engine. This model achieved enormous success in competition, including victory in the 1949 Le Mans 24 Hours, driven by Luigi Chinetti. The factory went on to produce six berlinettas by Touring before a second series appeared, the 166 MM/53, of which 13 examples were built including four with coupé bodies. The car on offer is from this series.

Returning to chassis 0300 M, Herzet brought the car back to Belgium at the start of 1954. He entrusted it to Martial Oblin's workshop, so that the Vignale body, probably in a sorry state after such an intense period of racing, could be replaced. Herzet took this opportunity to order a lighter version - this would be a barchetta. Oblin had already built two beautiful sporting bodies, one on the base of a Talbot Lago T26 Grand Touring and the other on a Jaguar XK120. From this starting point, he worked on refining and improving the design, which evolved into a supremely elegant form. Armed with his rejuvenated car, Herzet once again signed up to a full race schedule, and the events he took part in included:


- 12 Heures de Reims 1954 : Herzet-Claes, 6th in class
- Tour de France Auto 1954 : Herzet-Bianchi, retired
- Grand Prix de Pena-Rhin (Barcelona) 1954 : Claes, 11th overall
- Coupe SAR (Italian championship) 1955 : Herzet, class win
- Grand Prix de Série Tourisme et Sport 1955 : Herzet, 2th overall.
- Grand Prix des Frontières, Chimay, 1955 : Herzet, 4th overall
- 12 Heures de Huy, Belgium, 1956, Herzet, 4th overall
- Grand Prix des Frontières, Chimay, 1956 : Herzet, 4th overall
- Namur hillclimb 1956, Herzet, 4th overall

These outstanding results demonstrate the competitiveness of the car that was also exhibited during this period on the Oblin stand at the Brussels Motor Show, in April 1955. It was displayed in its matt charcoal livery with central varnished burgundy stripe. This finish was extremely rare at the time and the 'barchetta' caused a sensation. In 1957 Herzet parted with his faithful Ferrari, selling it to Jan De Dobbeleer who also lived in Brussels. The car belonged to its new owner for almost ten years before going to the US where it was sold through Stanley Nowak to Ed Bond. There were four further owners before it came into the hands of Dr Robert Selz, in Florida in 1977, a true enthusiast and long-term member of the Ferrari Club of America, who kept the car for 35 years. Rather than tuck the car away at the back of his garage, Selz maintained and restored it : the engine by John Hajduck (Motorkraft) and the body by Bob Smith Coachworks. He used the car regularly and showed it at several events including Ferrari Club meetings and the Amelia Island Concours d'Élégance. He even took the car to Europe to participate in the Mille Miglia in May 2005. In 2012, this superb barchetta was entrusted to Kent Bain and Charlie Webb, of Automotive Restoration Inc. for a thorough restoration of a calibre that matched the historical importance of the car. The aim of this project was to return the car to its exact configuration of the Brussels Motor Show in April 1955 and bills for this work totalled some $400,000. The result is splendid, the restorer having gone to great lengths to preserve the original elements where possible, including those parts that are a witness to the automobile's long and rich history, such as the old brown cardboard box containing the original head-rests. We are in the presence of an example that is totally exceptional for its glorious racing provenance, its full, known history with this splendid body since 1954, its 'concours' condition presented in the most accurate configuration, down to the last nut and bolt, of its 1955 Brussels Motor Show appearance and the fact that it has matching numbers - almost unheard of in a car that had such a full competition history.

The future owner will also receive very rare items that have been with the car all its life : the rapid lift jack, kept at the front of the car, the fabric tool bag and - something never seen - the original wooden box of tools, complete for the car. This is an almost unique collector's item, worth a good ten thousand euros on its own.

In summary, the exceptional character of this car, chassis n°0300 M, is based on several particular facts in addition to its remarkable marque and type:

- This is one of thirteen examples of the 166 MM/53
- This is the only Ferrari with Oblin coachwork
- It has a full, double racing history : in Vignale berlinetta form from 1953 - 1954, then as the Oblin barchetta from 1954.
- It was exhibited at the 1955 Brussels Motor Show.
- It has documented history, with no gaps or uncertainties.
- It has had attentive and respectful owners.
- It is presented in perfect, restored condition, in the most accurate configuration.
- It has its original chassis, engine, gearbox and differential.

To drive, this light and powerful car is easy to handle. The engine torque is incredibly efficient and the gear change smooth, demonstrating not only its perfect engineering, but also the highest level of its restoration by one of the best US experts.

This automobile represents an indisputable and powerful record of the history of Ferrari from the period when gentleman owner/drivers could take part in the biggest and best races in history. The future owner will have the pleasure of knowing that this is the one and only Ferrari bodied by Oblin, given this coachwork the year after it left the factory. This splendid 166 MM Barchetta is ready to take part in the best historic racing events, Concours d'Elégances and international rallies.

Archives photos: copyright Marcel Massini





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