Carte grise française
Châssis n° 47545
Numéro Chapron 5475
- Historique exceptionnel
- État de préservation rarissime
- Dans la même famille depuis 1961
- Modèle rare et désirable
Au Salon de l'Automobile de Paris, en octobre 1935, une surprise attend le visiteur sur le stand Delahaye. En effet, la marque y dévoile celle qui représente l'aboutissement de la gamme six-cylindres, le Type 135. Basse et élégante, cette voiture innove par un châssis "Bloctube" doté d'un caisson central qui permet une bien meilleure rigidité que les systèmes classiques à simples longerons. Par ailleurs, la voiture hérite de la très bonne suspension avant à roues indépendantes inaugurée sur le Type 138. Et enfin, elle bénéficie de l'excellent moteur six-cylindres en ligne à soupapes en tête de la même 138, en deux versions : 18 CV (3,2 litres) ou 20 CV (3,5 litres). Elles connaissent elles-mêmes plusieurs déclinaisons, dont la 18 CV Coupe des Alpes qui bénéficie de trois carburateurs au lieu d'un seul pour la version normale. Ces modèles étant bien nés, ils vont connaître une évolution mécanique limitée, mais leur polyvalence va leur permettre de briller sur tous les fronts. En compétition, la Delahaye 135 signe un nombre incalculable de succès, agrafant à son palmarès deux des plus prestigieuses épreuves de l'époque : le Rallye de Monte Carlo 1937 (René Le Bègue/Julio Quinlin) et les 24 Heures du Mans 1938 (Eugène Chaboud / Jean Trémoulet). Ces victoires témoignent à la fois des qualités routières et de l'endurance de la Delahaye 135. En plus de cette réussite en course, le Type 135 devient la coqueluche des grands carrossiers pour lesquels ce châssis surbaissé constitue une base idéale pour façonner les plus beaux habillages. A côté des carrosseries "usine" réalisées par Chapron, d'autres comme Figoni, Antem, Guilloré, Saoutchik, Labourdette et bien d'autres réaliseront au fil des ans des interprétations allant du plus sobre au plus extravagant. Rares sont les automobiles ayant fait l'objet d'une aussi grande variété d'exécutions.
Brillante mais moins délicate qu'une Bugatti 57, la Delahaye 135 est appréciée d'une clientèle aisée recherchant fiabilité plutôt que tape-à-l'œil.
La Delahaye 135 que nous présentons est exceptionnelle par son histoire et son état. Jamais restaurée, elle comporte encore tous ses éléments d'origine, châssis, carrosserie, intérieur, accessoires, ce qui est rarissime pour une automobile de cet âge. Seul le moteur a été remplacé. En fait, cette voiture ne s'est jamais vraiment arrêtée de rouler, passant subrepticement d'un usage quotidien à une utilisation "collection".
Il s'agit à l'origine d'une 18 CV Sport Coupe des Alpes, dotée du six-cylindres en ligne 3,2 litres à trois carburateurs, équipée d'une boîte quatre vitesses classique et d'une carrosserie cabriolet trois places signée Chapron. Elle est référencée chez le carrossier sous le numéro 5475 et le châssis fût livré le 24 mai 1937. Sa première immatriculation, 2179 QR 2, date du 21 juillet 1937, au nom de M. Cyriel Depery, jeune industriel à Scionzier, en Haute-Savoie. M. Depery aurait fait partie pendant la guerre d'un réseau de Résistance, si bien qu'une photo montre la voiture défilant lors de la Libération d'Annecy, le 20 août 1944, aux mains du commandant FFI Joseph Lambroschini. Sept ans plus tard, le 26 mars 1951, la voiture est vendue à M. Eugène Julliard, représentant à Douvaine, dans le même département et, en toute logique, l'immatriculation change pour un numéro correspondant au nouveau système introduit en 1950 : 100 L 74. M. Julliard utilise la Delahaye régulièrement jusqu'à son décès en 1960. La voiture est alors remisée chez un garagiste d'Annecy, mais les factures n'étant plus honorées, ce dernier pousse la voiture devenue encombrante dans la rue. C'est là qu'elle sera découverte par Georges Lombard, négociant à Chambéry, pour qui le coup de cœur est immédiat : quelques jours plus tard, le 16 janvier 1961, l'affaire est conclue. Le montant de la transaction s'élève à 170 nouveaux francs (soit le prix de la ferraille !) et la voiture passant dans un département voisin, son immatriculation change pour 353 DA 73.
A partir de là, ce roadster Delahaye a continué à être utilisé régulièrement. Un cahier annoté à la main par le propriétaire décrit par le menu toutes les opérations d'entretien et de réparation, avec la date, le fournisseur et le montant, ce qui constitue un témoin fascinant des pérégrinations de cette automobile. Le moteur ayant gelé, il a été remplacé par un 20 CV (type 103TT), plus puissant, puis refait plusieurs fois. On note des travaux sur différents éléments mécaniques, une peinture complète, une réfection de capote et diverses opérations plus ou moins importantes. Cette voiture a été utilisée pour les premiers rallyes d'automobiles anciennes tels que le Rallye du club Bugatti Hollande en 1965 ou encore le Tour du Lac d'Annecy en 1969, époque où ce loisir était encore confidentiel, partagé par quelques groupes de passionnés.
Nous avons eu l'occasion d'effectuer un essai de cette voiture rare et avons pu constater qu'elle démarre à la première sollicitation, à froid comme à chaud. La mécanique ne chauffe pas, fait preuve d'une vraie vivacité et monte franchement en régime, accompagnée du bruit plein et puissant de son six-cylindres. La boite manuelle à quatre rapports est agréable à manier et les freins s'avèrent efficaces, ce qui rend cette voiture facile à utiliser, même en parcours urbain. La Delahaye 135 a connu ses succès car elle était homogène, et c'est encore le cas aujourd'hui : son équilibre en fait une voiture agréable, d'autant plus que l'habitacle dégage une ambiance un peu surannée, où l'odeur de vieux cuir et d'huile chaude vous transporte dans un autre temps. La vue sur le long capot, à travers le pare-brise bas, y participe, de même que le cuir dont aucune restauration ne saurait recréer l'attachante patine. La carrosserie, la calandre, la sellerie, le tableau de bord, tous affichent l'histoire qu'a vécue cette automobile, et qu'elle est prête à partager avec son nouveau propriétaire.
Delahaye a produit environ 650 châssis de 18 CV Sport entre 1935 et 1939. C'est donc un modèle rare. Dans cet état exceptionnel et avec cette histoire, elle l'est encore plus, ce qui ne saurait laisser insensible les amateurs.
Chaque année, nous avons le plaisir de découvrir des automobiles quasi-inconnues, originales, rares, dans des états de conservation étonnants. L'année passée, nous avions vibré devant la découverte de la Ferrari 250 Cabriolet Série II Pininfarina. Cette fois, nous sommes devant une hymne de l'histoire française. Ce modèle 135 de 1937 habillée de sa première carrosserie roadster Chapron, livrée neuve à ce grand résistant de l'armée secrète, ayant participé à la libération française après le débarquement des forces alliées américaines dont nous fêtons en 2014 le 70e anniversaire, est simplement un monument. Elle est très certainement une des dernières " sorties de grange " roulante, dans son jus, que nous vous présenterons. Le temps passe, sachez le saisir à temps en devenant son quatrième propriétaire.
French title
Chassis n° 47545
- Exceptional history
- Rare preserved condition
- Same family ownership since 1961
- Rare and desirable model
There was a surprise in wait for visitors to the Paris Motor Show in October 1935, on the Delahaye stand. The marque unveiled the ultimate development of the six-cylinder range, the Type 135. Low and elegant, the car's innovation was its " Bloctube " chassis with a central box section that gave greater rigidity than the more traditional use of side-rails. The Type 135 inherited the superb independent front suspension first used on the Type 138, from which it also took the excellent in-line six-cylinder OHV engine, in two versions : 18 CV (3.2-litres) and 20 CV (3.5-litres). These versions had their own variations, including the 18 CV Coupe des Alpes which had three carburettors rather than the standard one. The engineering was sound from the outset and did not need much development, and the versatility of the engine allowed these models to excel on all fronts. The Delahaye 135 achieved enormous success in competition, with wins to its name in two of the most prestigious events at the time : the Monte Carlo Rally in 1937 (René Le Bègue/Julio Quinlin) and the Le Mans 24 Hours in 1938 (Eugène Chaboud / Jean Trémoulet). These victories demonstrated both the outstanding driving and endurance qualities of the car. In addition to its buoyant racing career, the Type 135 was also the darling of the top coachbuilders, as the lowered chassis provided a perfect base for their most stunning creations. Over the years, and alongside the " factory " bodies built by Chapron, many others including Figoni, Antem, Guilloré, Saoutchik and Labourdette dressed the car in their own creations that varied from the most restrained to the most extravagant. There are few automobiles that have experienced so many wide-ranging variations. An outstanding car less delicate than the Bugatti 57, the Delahaye 135 was appreciated by a wealthy clientele who rated reliability over glitz.
The Type 135 on offer is exceptional for both its history and its condition. Unrestored, it retains all its original components including chassis, body, interior and accessories, which is extremely rare for a car of this age. Only the engine has been replaced. In fact, it has been driven throughout its life, passing imperceptibly from being a 'daily-driver' to being used as a collector's car.
This was originally an 18 CV Sport Coupe des Alpes, with an in-line six-cylinder 3.2-litre engine with three carburettors, a classic four-speed gearbox and a three-seater cabriolet body by Chapron. The car was numbered by Chapron 5475 and the chassis was delivered on 4 May 1937.
The car was first registered 2179 QR 2 on 21 July 1937, in the name of M. Cyriel Depery, a young industrialist from Scionzier, in Haute-Savoie. Depery would have been part of the French Resistance during the war, and a photo shows the car in a parade during the Liberation of Annecy on 20 August 1944, driven by Commander FFI Joseph Lambroschini. Seven years later, on 26 March 1951, the car was sold to M. Eugène Julliard, a salesman from Douvaine in the same department, with the registration changing to a different number, 100 L 74, when a new system was introduced in 1950. Julliard used the car regularly until his death in 1960. The Delahaye was stored by a mechanic in Annecy, and when the bills were no longer paid, the garage owner pushed the now cumbersome vehicle into the street. It was here that Georges Lombard, a broker from Chambéry, discovered the car and fell in love with it immediately. Several days later, on 16 January 1961, the deal was done. The transaction amounted to 170 new francs (the price of scrap metal !) and the car travelled to the neighbouring department, changing its registration to 353 DA 73.
From then on, the Delahaye continued to be used regularly. A notebook hand-written by the owner, lists all the items of maintenance and repair carried out, with dates, suppliers and amounts, providing a fascinating record of the comings and goings of this automobile. As the engine had seized, it was replaced with a 20 CV (type 103TT) more powerful engine, that was later rebuilt several times. Work was carried out on different mechanical components, it was completely repainted and the hood was repaired, in addition to various other items, more or less significant. This car was used on the first classic car rallies such as the Bugatti Club Holland Rally in 1965 and the Tour du Lac d'Annecy in 1969, at a time when this was an exclusive pastime, enjoyed by a few small groups of enthusiasts.
We have been lucky enough to test-drive this rare car and can confirm that it starts on the first attempt, whether cold or warm. The engine does not get hot, and is responsive, accelerating cleanly with the powerful, full sound of its six-cylinders. The manual four-speed gearbox is smooth and the brakes work efficiently, making the car easy to drive, even in town. The Delahaye 135 was successful because it was consistent, and this is still the case today : its equilibrium makes it an enjoyable car to be in, particularly now that its interior exudes a sense of yesteryear, the heady mix of old leather and hot oil transporting you back in time. The view of the long bonnet, through the low windscreen adds to this, in the same way that no restoration of the leather could recreate the charm of its patina. The coachwork, radiator grille, upholstery and dashboard, all recount the life that this car has lived and is ready to share with its new owner.
Delahaye produced around 650 examples of the 18 CV Sport between 1935 and 1939. It is therefore a rare car. In this remarkable condition and with this history, it is even more so, which will not go unnoticed by enthusiasts.