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Jean-Antoine WATTEAU
Homme de profil coiffé d'un bonnet
Estimation:
€150,000 - €200,000
Sold :
€250,800

Lot details

Homme de profil coiffé d'un bonnet
Crayon noir, estompe et sanguine

Numéroté '12' à la plume et encre brune en haut à droite
(Collé en plein sur un montage ancien du XVIIIe siècle)

Man in profile wearing a hat, black and red chalk, by J.-A. Watteau

Provenance:

Collection Léon Decloux ;
Sa vente, Paris, Hôtel Drouot, 14-15 février 1898, n°168 ;
Collection Georges Dormeuil, son cachet (L.1146a) en bas à droite, n° 131 du catalogue Paulme ;
Puis par descendance ;
Collection particulière, Paris

Bibliography:

Edmond de Goncourt, 'Catalogue raisonné de l'œuvre peint, dessiné et gravé d'Antoine Watteau', Paris, 1875, p. 264, n°472
Paul Mantz et Edmond de Goncourt, 'Cent dessins de Watteau gravés par Boucher', Paris, 1892, p. 44 (gravure de Boucher) et p. 110, n° 472
Karl Theodore Parker, Jacques Mathey, 'Antoine Watteau : catalogue complet de son œuvre dessiné' Paris, 1957, t. II, n°654, repr.
René Huyghe, 'L'univers de Watteau', Paris, 1968, repr. p.55
Pierrette Jean-Richard, 'L'Œuvre gravé de François Boucher dans la collection Edmond de Rothschild', Paris, 1978, p. 44, mentionné dans la notice du n°79
Margaret Morgan Grasselli, 'The Drawings of Antoine Watteau, stylistic development and problems of chronology', thèse de doctorat, Cambridge, Harvard University, 1978, p. 354, n°250, fig. 434
Pierre Rosenberg et Louis-Antoine Prat, 'Catalogue raisonné des dessins d'Antoine Watteau', Milan, 1996, t. II, p. 1080-1081, n° 632, repr.

Comment:
Gravure :
Par François Boucher en contrepartie pour le recueil des 'Figures de différents caractères', Paris, 1726-1728, n° 104

Œuvres en rapport :
- 'Le Conteur', vers 1718-1719, huile sur panneau (34,50 x 27 cm), ancienne collection Rothschild, passé en vente chez Christie's à Londres le 13 décembre 2000, n°62 (2 423 750 £) (fig. 1)
- " Le Conteur ", gravure en sens inverse par Charles-Nicolas Cochin le Vieux publiée en 1727
- Autres dessins en rapport avec 'Le Conteur' : P.R. n°501, n°553, études pour le bras de la femme tenant la guitare et pour le petit Yorkshire placé entre les jambes de Mezzetin


Ce superbe dessin fut utilisé par Watteau dans " Le Conteur " pour le personnage central du second trio placé dans l'arrière-plan gauche du groupe principal. La gravure de Cochin est légendée de deux quatrains :

Au faible effort que fait Iris pour se défendre
De son dessein on peut avoir soupçon
La belle adroitement cherche à se faire entendre
Et sans parler donner cette leçon

Un jaloux de ses soins tire un triste salaire
Un curieux sans fruits passe son temps
Mais celui qui n'a pas d'autre but que de plaire
Doit espérer d'agréables moments

Bien que les personnages masculins soient costumés comme des acteurs de la comedia dell'arte - on reconnaît dans les deux personnages du groupe principal Mezzetin et Pierrot - la composition ne représente pas une scène de comédie. Elle est typique de ces arrangements poétiques dont Watteau est l'inventeur. On y retrouve pêle-mêle le plaisir des accoutrements costumés, un badinage amoureux où se mêlent poésie et licence, une orchestration des attitudes comme une portée musicale accompagnant la guitare tenue par la jeune femme. Tandis que le premier groupe est au centre de l'action, le second transmet la rumeur comme un écho déformant la vérité. Un voyeur observe par-dessus l'épaule de notre homme l'attentat peu réprimé à la vertu de la demoiselle, tandis que notre homme, la main négligemment passée à l'intérieur de son gilet, se retourne vers une commère pour lui raconter la passe d'arme amoureuse. Le désir et le plaisir jouent à cache-cache avec les conventions, et ce spectacle attise les convoitises, comble la curiosité.

Alors que sur le tableau la figure de notre homme est coiffée d'un béret d'apparat, le dessin le montre portant un bonnet plus commun. Comme à son habitude, Watteau dessine les figures indépendamment de ses tableaux, qu'il compose ensuite comme des scénettes assemblant ses crayons-marionnettes. On peut remarquer que notre dessin atteint presque les deux tiers de la taille du tableau, et que sa place dans la composition est réduite à quelques centimètres carrés.
La technique d'estompe est surtout utilisée par Watteau vers la fin de sa carrière, à partir de 1718. Elle lui permet de donner à ses dessins une lumière plus veloutée, enveloppante, qui tranche avec ses figures plus acérées des époques précédentes. Le crayon moins taillé qu'auparavant assouplit les contours de la silhouette. Le volume est mieux rendu et adouci, tandis que les carnations, caressées à la sanguine, donnent vie à ses figures. Quelques accents adroitement placés gardent au dessin son caractère vigoureux et " le contraste heureux entre les morceaux achevés et ceux laissés à l'état d'indication " (Prat et Rosenberg, 'op. cit.', p.1080) nous laisse cette impression d'un être saisi sur le vif dans une attitude relâchée. La tension du dessin nous porte dans la direction où se perd le regard de l'homme, tandis que l'oreille ciselée de quelques traits de sanguine suggère une écoute aux aguets.

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