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Anton van DYCK (1599-1641)
Saint Pierre
Estimation:
€40,000 - €60,000
Sold :
€41,600

Lot details

Saint Pierre
Huile sur panneau

Marque de la ville d'Anvers et du pannelier Guilliam Aertsen au verso

Saint Peter, oil on panel, by A. van Dyck

Provenance:

Chez Hubert Duchemin, Paris, en 2019

Comment:
" Le meilleur de mes disciples "

C'est par ces mots, adressés à Dudley Carleton, diplomate, secrétaire d'Etat et surtout collectionneur d'art notoire, que Rubens décrivit Anton van Dyck, jeune artiste au talent exceptionnellement précoce, travaillant encore dans l'atelier du maître. Nous sommes alors vers 1618, Anton a 19 ans à peine, et jouit déjà d'une réputation grandissante à travers l'Europe.

Né au sein d'une famille aisée d'Anvers en 1599, Van Dyck présente dès son plus jeune âge des aptitudes au dessin et à la peinture tout à fait extraordinaires. Ainsi, après quelques temps d'apprentissage chez le peintre Hendrik van Balen, il entre vers 1615 dans l'atelier de Pierre-Paul Rubens, alors artiste flamand le plus influent en Europe. Cette étape formatrice fut absolument décisive dans l'œuvre de Van Dyck, c'est à cette époque qu'il deviendra un peintre talentueux, nourri des préceptes d'un des plus grands artistes de son temps. Elle reste néanmoins discutée par les historiens de l'art, mais malgré quelques controverses, la majorité des spécialistes penchent tout de même en faveur d'un contact privilégié et durable entre les deux artistes jusqu'au départ de Van Dyck pour Gènes en 1621.
L'œuvre que nous présentons doit justement être rapprochée de la première manière anversoise du peintre, entre 1617 et 1619, au moment même où le jeune Anton apprend et ne cesse de peindre sous les conseils et le regard avisé de son glorieux aîné (cette datation est corroborée par la marque au feu représentant les armes de la ville d'Anvers mais également par celle du fabricant de panneaux Guilliam Aertsen présentes au verso). Il n'est pas encore le grand maître du portrait, précurseur et inspirateur de toute l'école anglaise du XVIIIe siècle, de Gainsborough à Reynolds, mais il fait déjà preuve d'une virtuosité absolument déroutante. Comme le souligne Alan McNairn spécialiste de l'artiste, " peu de grands artistes ont eu une adolescence aussi féconde et remplie de succès1 ". Et celui qui fut reçu maître de la guilde de Saint Luc alors à peine âgé de 18 ans, multiplia durant sa prolifique jeunesse les représentations d'apôtres qui connurent un immense succès au sein des milieux artistiques anversois. Notre tableau qui présente un Saint Pierre confinant au portrait, constitue un merveilleux témoignage de cette production. La composition, connue par l'autre célèbre version issue de la série dite Aschaffenburg actuellement conservée à Dresde, présente un Saint Pierre songeur, le regard grave, conscient de la responsabilité considérable qui lui incombe. Car c'est sur lui que doit reposer la première Eglise : " Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. " (Mt, 16, 18-19). Tenant presque négligemment les clés du ciel dans sa main gauche, Pierre semble prendre conscience de sa lourde mission, s'abandonnant à la volonté de Dieu, sachant parfaitement qu'enchaîné à sa condition d'homme, il ne pourra rien sans Lui. Les émotions et l'acuité psychologique du modèle sont admirablement suggérées par l'artiste sur notre panneau. La matière translucide, faite de fins glacis rend justement les nuances des carnations et participe aux effets de volumes et de mouvement de la barbe et des cheveux. La touche est rapide, assurée. Si beaucoup de ses premiers travaux révèlent une matière puissante, épaisse, comme sculpturale, notre artiste ici témoigne encore de l'éclectisme de sa palette en donnant à sa peinture une légèreté évocatrice, affirmant que la technique picturale doit être mise au service de la transmission des sentiments. Notre tableau s'impose comme un exemple saisissant de la prodigieuse précocité d'Anton van Dyck.

Nous remercions Monsieur Christopher Brown d'avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce tableau par un examen de visu.

1. A. McNairn, " La jeunesse de Van Dyck ", in La Vie des arts, vol. 24, n° 98, 1980, p. 24.

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