In-8, demi-percaline à coins havane, petit fleuron et date dorés en pied, couverture conservée (Reliure du XIXe siècle).
[2] ff., 254 pp., [1] f., frontispice gravé à l’eau-forte par Célestin Nanteuil.
Édition originale.
Ce drame, écrit en collaboration avec Anicet-Bourgeois, a été créé à la Porte-Saint-Martin le 28 décembre 1833 avec Ida Ferrier dans le rôle-titre.
Deux ans après Richard Darlington, Dumas présente sur scène un autre arriviste forcené : la révolution de 1830 a fait perdre à Alfred les pensions et les titres qu’il avait gagnés grâce aux femmes. Alors qu’il a séduit une jeune fille de 15 ans, Angèle, en lui faisant miroiter le mariage, c’est la mère de celle-ci, mieux à même de favoriser sa carrière, qu’il décide d’épouser. Angèle, qui est enceinte de son amant, et qui vit dans la honte et le chagrin, parvient, grâce au médecin qui la soigne, à avoir une explication avec sa mère. Contraint d’épouser Angèle et ne le souhaitant guère, surveillé par Henri le médecin, Alfred provoque ce dernier en duel et est tué. Angèle épouse Henri qui l’a toujours aimée et tout rentre dans l’ordre.
Dumas donnait à Ida Ferrier, sa maîtresse, son premier grand rôle. Son embonpoint précoce fit merveille quand Angèle se présenta sur scène sur le point d’accoucher ! La comtesse Dash, future collaboratrice de Dumas, qui assistait à la première se souvenait : « le grand talent de Dumas était surtout de remuer les âmes […] Cette jeune fille trahie, abandonnée, a des accents sublimes de douleur. […] Il y avait une grande hardiesse à mettre sur la scène cette fille grosse, arrivant au moment de faire ses couches ; quand Mlle Ida entre en scène, couverte de son ample manteau, il y avait une sorte de frémissement dans la salle […] Mlle Ida commençait à engraisser ; elle était si jolie qu’on le lui pardonnait. Angèle est son meilleur rôle. »
Dumas, en peignant un personnage prêt à tout pour arriver quel que soit le régime politique, a sans doute mis beaucoup de sa déception des promesses non tenues de la révolution de 1830.
Vicaire III, 343Â ; Talvart, 18Â ; Carteret, 229Â ; Munro, 32-33.
Rousseurs éparses.
Ex-dono à demi-effacé :
Offert à leur père par Alfred Hedouin et Edmond Hed[ouin].
On connaît les frères Hédouin – l’un écrivain et traducteur – le second peintre et graveur – pour avoir traduit et illustré ensemble le Voyage sentimental de Sterne (Jouaust, 1875).
Un drame contemporain où perce l’amertume de Dumas quant à la révolution dévoyée.
Bon exemplaire, bien complet de l’admirable frontispice de Célestin Nanteuil. La reliure est attribuable à Champs.