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Armand POINT (1860-1932)
Salomé
Estimation:
€12,000 - €15,000
Sold :
€15,600

Lot details

Salomé
Huile sur toile (Toile d'origine)

Signée et datée 'Armand Point / 1926' en bas à droite

Dans un cadre à 'cassetta' à décor 'a sgraffito', travail florentin vers 1700, ressemelé

Salome, oil on canvas, signed and dated, by A. Point

Exhibitions:

Salon de 1927, Paris
'Armand Point', Paris, galerie Georges Petit, 1929

Bibliography:

Aristide Marie, 'La forêt symboliste. Esprits et visages', Paris, 1936, p. 229

Comment:
Avant d'être une des grandes figures du Symbolisme, Armand Point s'essaya à un orientalisme que ses origines lui inspirèrent, dès l'affirmation de son intérêt pour la peinture et le dessin. Né à Alger, il n'y vivra réellement qu'à partir de 17 ans, lorsqu'il décide de quitter sa famille installée à Paris. S'imprégnant de cette terre qui l'a vu naitre, il accouche de ses premières toiles et tire rapidement son épingle du jeu au sein d'un courant artistique pourtant très fécond dans la seconde moitié du XIXe siècle. Après plus de dix années passées en Afrique du Nord, il revient à Paris en 1888, fort d'une solide réputation et d'un talent que ses envois réguliers au Salon, et surtout le premier achat officiel de l'une de ses toiles par l'Etat français dès 1884, ont permis de faire connaitre.

Au tournant des années 1890, il fit deux rencontres décisives pour la suite de sa carrière et de sa production artistique. Tout d'abord, il fit la connaissance du poète Elémir Bourges, féru d'art et de lettres, qui lui exposa les rapports étroits entre poésie et peinture. Ils nouèrent une profonde amitié et sous cette influence, l'art d'Armand Point s'ouvrit à des considérations plus spirituelles. Par la suite, cette évolution esthétique et son mysticisme naissant séduisirent Joséphin Péladan qui, lors de leurs entretiens, le convainc définitivement d'adhérer à son mouvement et à sa vision de l'art idéal, qu'il veut à la fois contemplatif et mystique, presque divin. Ainsi, Armand Point exposera lors des premières éditions du Salon de la Rose+Croix, fondé par le Sâr Péladan, entre 1892 et 1896.

Alors que sa production est tout d'abord marquée par un symbolisme médiéval, composé d'héroïnes en armure et d'une faune onirique embrassant dragons, hippogriffes et licornes, en 1894, Armand Point réalisa un premier voyage en Italie et fut profondément marqué par l'art du Quattrocento. Il décida alors d'en reprendre les canons esthétiques et de les adapter à son art, qu'il voulut total, fondant quelques mois plus tard les ateliers de Haute-Clair, entendant renouer, à la manière du mouvement Arts and Crafts outre-Manche, avec la tradition des industries d'art du Moyen-âge en France.

Notre tableau s'intègre parfaitement dans cette approche italienne de la peinture par Armand Point. Alors que la critique lui reprocha régulièrement son " botticelisme " exacerbé, notre artiste s'affranchit de tous les commentaires et persévéra jusqu'à la fin de sa vie dans son style et sa passion. Réalisée en 1926, cette toile présente une Salomé jumelant modernisme symboliste et traditions esthétiques de la Renaissance italienne. L'attitude du modèle, le traitement du paysage au second plan, l'atmosphère dégagée, tous les éléments de l'œuvre vibrent comme un hommage à l'art emblématique de Léonard de Vinci.

Finalement, l'artiste met en scène son élève et amie, mais aussi sa dernière muse Gisèle Gouverneur, qui disparut le 17 novembre de la même année, laissant notre artiste dans une profonde mélancolie. Notre tableau est très probablement le dernier portrait de celle qui marqua intimement l'art d'Armand Point. Chef-d'œuvre de la fin de sa vie, réalisée à un moment où notre artiste est au sommet de son art, sûr de sa technique, cette toile fut exposée au Salon de 1927, puis elle tint une place d'honneur dans une grande exposition triomphale en 1929 à la galerie Georges Petit, lors de laquelle elle reçut les louanges des dévots du Symbolisme.

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