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NADAR
VINGT lettres À Émile Berr
Estimation:
€1,000 - €1,500
Sold :
€1,040

Lot details

VINGT lettres À Émile Berr

41 p. in-12 à en-têtes de l'Ermitage de Senart, Marseille rue de Noailles et Grand Hôtel de Marseille (1893 - 1897), signées Nadar.

Correspondance très personnelle entre le photographe vieillissant, encore à Senart et arrivé à Marseille, et son éditeur au Figaro. C'est avec un regard sur le siècle finissant qu'il écrit, avec l'amertume d'une gloire passée et ses difficultés pour publier.

"Derrière nous les fosses des compagnons tombés en route se pressent si serrées qu'elles se nivèlent et fondent à l'horizon dans la brume du lointain… De celui-ci que j'aimais, - mais autant fraternellement j'en aimais d'autres, - de celui-ci, qui n'était pas de ma Foi - pourquoi donc la tombe reste telle pour moi grande ouverte, comme à jamais béante Marseille. 28 septembre. Tachez, mon Berr, d'insérer ce mot en final - et enterrez moi le plus proprement qu'il sera possible. A vous, affectueusement".

"Je ne vous ai rien caché mon cher Berr, de mon très réel défi que ce travail, important pour moi résumant les ¾ de siècle d'une vie très remplie par mes incarnations diverses, trouve sa place dans la nouvelle combinaison du Figaro. Je puis croire aussi qu'il y a là aussi quelque intérêt pour le journal, au moins d'après l'importance avec laquelle ces notes sont demandées d'ailleurs […] Mais ce qui se trouve présentement passer avant tout, vu l'éminence de notre départ sans retour, c'est une conclusion quelle qu'elle soit négative ou affirmative et par toutes mes très graves préoccupations du moment, permettez moi de vous rappeler que c'est cette réponse de routine que je dois, sur votre indication, aller chercher lundi au journal, à partir de 2h1/2."
"25 septembre 95. Marseille. Bld. Du Parc.
J'étais arrivé - tenant surtout à rester dans mon ancienne maison - à accepter la réduction de mon travail à une quinzaine de feuilletons qui devaient terminer l'exercice courant. Vous m'avez ensuite demandé d'acquiescer à 10 : je n'ai pas bronché, quoique endolori. Nous arriverions présentement à 5 ou 4. Ce n'est pas acceptable. Je ne saurais avoir écrit consciencieusement un volume - mon dernier sans doute - et sur un sujet tellement à cœur, pour en arriver à ce résultat".
"Je ne réclame et n'entends ni réparation de "l'injustice" que vous me dites "reconnue" et le dommage causé, ni satisfaction de l'offense ; je suis bien trop vieux, trop las, et sous de bien autres chagrins et amertumes…"
"Si en effet nous avons du abandonner pour un triste exode final la maison que nous laissions il y a neuf ans si prospère,
foudroyés par la maladie, comment expliquer cette fuite en Egypte qui ressemble à une déroute ?".

Provenance :
Bibliothèque Warnod

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