Datée du 28 août 1855.
4 pages in-8 à l'encre noire sur un double feuillet de papier vélin. Petit cachet rouge de la collection Robert de Montesquiou en haut à gauche.
Marceline Desbordes-Valmore hors d'elle-même.
Marceline Desbordes-Valmore, elle-même si souvent frappée par le malheur, prenait à ceux de ses amis une part active. On la voit ici communier dans le malheur avec son amie Heloïse Sauder, qui venait, comprend-on, de perdre un enfant.
Hors d'elle-même, elle apparaît ici comme une moderne pleureuse antique : " (...) J'ai le cœur ruisselant de larmes, et je sais tout à fait à quel point j'aime Gustave... Je l'avais déjà su avant mes malheurs pareils à celui qui tombe sur votre chère famille. Je ne sais ce que je fais. Je voudrais m'enfermer et m'abattre, et ressaisir dans mes bras vides tout ce qui s'en est échappé. Si jeune, si bon, si aimé ! Je pousserais des cris perçants si je n'avais l'effroi de tourmenter mon cher entourage qui a tant souffert. (...) "
Elle s'unit avec une telle empathie à son amie qu'elle en vient presque à frôler la folie nervalienne : " Je vous vois tous deux comme si vous étiez là ! Lui aussi, ce cher pleuré ! je vous assure qu'il est tout près de moi... Comme mes autres vies que je ne peux plus étreindre. Et une fois, entre autres, j'ai cru, en rêve, ne plus me réveiller à notre monde. Il est terrible, Héloïse, - Et si beau cependant ! L'anxiété est de pouvoir plus choisir. Tout ce que je distingue est que je ne veux ni de celui-ci ni de l'autre sans les ressaisir une fois pour toutes. "
Ce qui ne l'empêche pas, dans la dernière partie de la lettre adressée à M. Bussière, d'aborder des questions éditoriales.