Carte grise française portant le numéro de châssis : 57557
Chassis : 57452 / 57308 (voir texte)
Moteur : 1C
- La première Bugatti 57 C contstruite
- Une pièce de l'histoire de Bugatti
- Voiture de démonstration conduite par les pilotes de l'époque
- Superbe patine
- Une Ventoux majeure
LE SALON DE L'AUTOMOBILE DE PARIS OCTOBRE 1936.
Les dernières semaines de septembre 1936 voient à l'usine Bugatti de Molsheim une effervescence particulière. Il faut être prêt pour le prochain Salon parisien. Toute la gamme Type 57 sera présente. Pour la première fois, la version définitive du châssis Sport 57S aura les honneurs du public, sous la forme d'un incroyable roadster et d'un coupé Atalante. Ces deux voitures sont sorties de l'atelier de la carrosserie dans les derniers jours de septembre. Elles sont acheminées par chemin de fer vers Paris le lundi 28 septembre. Pendant cette dernière semaine folle avant l'ouverture du salon le jeudi premier octobre, l'atelier travaille tous les jours pour sortir à temps une nouvelle Atlantic et trois coachs Ventoux , dont l'un possède un moteur spécial aux spécificités 57S et muni d'un compresseur. La nouvelle et troisième Atlantic construite, voiture de service de l'Usine, reçoit aussi un compresseur.
Le registre des ventes d'Usine indique sur son programme de septembre 1936 :
- Sur une seule ligne : au crayon de mine " 57308 Salon 3.10 " et à la plume " 57452 1C Coach "
-La ligne suivante : au crayon " démonst 3.10 " et à la plume " 57453 2SC Aéro "
Le prototype 57C et la première 57SC sortent de la carrosserie le samedi 3 octobre 1936 comme l'indique le registre des carrosseries.
" Coach Ventoux 57/1SC 3/10 57452 rouge cuir havane. "
" Coupé Aéro 57/2SC 3/10 57453 noir int drap. "
Le lendemain, après une ultime mise au point, il revient au pilote Jules Goux l'honneur d'acheminer vers Paris la première 57C, le coach Ventoux rouge, moteur 1C. Il est accompagné par Jean Bugatti qui prend le volant de la redoutable 57SC Atlantic noire.
Les voitures se voient délivrer les numéros de châssis 57452 pour le coach 57C et 57453 pour le coupé 57SC. Les deux pilotes d'essai foncent sur la capitale, en ce dimanche d'automne et atteignent dans l'après midi le magasin du 46 avenue Montaigne. Les voitures sont nettoyées et préparées pour servir de véhicules de démonstration pour la semaine à venir. Les clients pourront découvrir la puissance des deux nouvelles 57 à compresseur, pilotées par Jean Bugatti et Robert Benoist, le directeur du magasin Montaigne.
Les 7 et 8 octobre, un cabriolet, une berline Gangloff et l'Atalante personnelle de Jean Bugatti ont rallié Paris de Molsheim par la route pour représenter en démonstration aux abords du Grand Palais, toute la gamme Type 57. Sur le stand en exposition statique, un cabriolet Gangloff crème et noir ainsi qu'un coach Ventoux gris et noir voisinent avec les deux 57S. Il n'y a donc pas de 57C en exposition au Grand Palais.
L'Atlantic 57453/ 2 SC et le Ventoux 57452 /1C font le bonheur des clients privilégiés ayant droit aux essais des deux bolides entre les mains expertes du champion du monde R. Benoist. Le Ventoux rouge 57452/1C ressemble extérieurement à un coach classique mais ses performances le placent au dessus d'une 57S non suralimentée. L'arme absolue est représentée par l'Atlantic 57SC noire, qui se mêle aux records des 57G sur l'anneau de Montlhery le samedi 10 octobre 1936 en présence de la presse parisienne. La nouvelle machine à compresseur frôle les 200km/h selon les souvenirs d'Ernest Friderich, témoin de l'événement. Le Ventoux rouge à moteur 1C, a sans doute fait le déplacement à Montlhery, mais aucun record officiel n'est consigné pour ces 2 voitures de service de l'Usine.
LE COACH 57C DE DEMONSTRATION
A l'issue du salon de l'Auto d'octobre 1936, le coach rouge est conservé par le Magasin Montaigne pour servir de véhicule de démonstration. Les essais aux clients peuvent être conduits par Robert Benoist ou Pierre Veyron. Jusqu'en février 1937, il n'y aura pas de Bugatti Type 57C disponible. Les voitures moteur 2C et 3C, deux cabriolets Gangloff, ne seront livrées que début et fin fevrier1937 à leur clients très privilégiés, le Dr Kocher de Valence et Jean Baylet de Toulouse. Le programme de fabrication du nouveau modèle 57C semble prendre un certain retard. Les voitures à moteurs 4 et 5 sont livrées en mars, celles à moteurs 6,7 et 8 seulement en juin. Pendant toute l'année 1937, le coach 57C rouge circule dans Paris aux mains des pilotes d'Usine et sert de vitrine roulante à la nouvelle série 57C. Dès le printemps 1937, la voiture utilise la carte grise " châssis 57308 " avec les plaques de Police 4834 NV 3, comme en atteste une note de l'Usine d'avril 1937. Elle n'est pas la seule voiture à circuler avec ce document de Police. Un courrier de l'atelier de réparation de Levallois adressé à Molsheim, le 15 septembre 1937 signale 3 accidents de moteur analogues se traduisant par grippage ou bris du 8ème piston. Une des voitures concernées est le coach de démonstration 57C.
" 57308/1C- à compresseur. 23.237 kilom.au compteur. C'est la voiture de démonstration du Magasin Montaigne que Keiffer a conduite hier à l'Usine. Nous avions refait complètement le moteur après bielle coulée. Nous avons procédé à l'essai habituel et remis la voiture à la disposition de Montaigne. Au cours du premier essai effectué par le Service des Ventes, le bruit caractéristique du grippage commençant a été remarqué et la voiture nous a été reconduite à 23.365 kilom. Etant donné que l'Usine réclamait cette voiture d'urgence, nous nous sommes bornés à essayer d'enrayer le grippage commençant par des injections d'huile dans le 8ème cylindre. La voiture étant actuellement à Molsheim, il vous sera loisible de constater le motif de cet accident."
Le 13 octobre 1937, le coach 57308/1C utilise la nouvelle plaque 6196 NV3. Les papiers sont confiés au convoyeur de l'Usine Toussaint. Le véhicule se rend à Paris car un client vient de manifester son intérêt dans l'achat d'un Coach Ventoux 57C. Le modèle reste peu diffusé. Seulement 5 véhicules ont été construits en 1937 ! Il s'agit des coachs 57517/7C, 57506/8C, 57526/ 10C, 57496/11C et 57576/12C, livrés entre juin et aout 1937. Plus aucun autre coach Ventoux 57C ne sera construit avant fin janvier 1938. Il n'en faut pas plus pour conforter le jeune Comte Aymar le Larochefoucauld dans son choix. Celui-ci avait déjà postulé pour ce modèle en février 1937, mais le programme de production avait été décalé, et n'avait pas repris avant juin.
AYMAR ANTOINE ANNE MARIE DE LA ROCHEFOUCAULD (1914-1991)
Il nait à Paris le 7 mars 1914. Descendant de l'une des plus ancienne familles de France, il a la douleur de perdre ses parents en 1918. Son père est tué au front et sa mère meurt de la tuberculose. Il est alors élevé par ses grands parents maternels au château de Douy en Sologne.
Il semble conduire des automobiles dès son plus jeune âge. Il s'initie également à la chasse et devient un fusil redoutable. Il parcourt le monde pour assouvir cette passion. En 1935, à 21 ans, il se porte acquéreur d'une Berline Type 57, 4 portes par Vanvooren, châssis 57214, achetée d'occasion vers juillet 1935. La voiture est payée 30.000ff avec reprise d'une Type 49 familiale châssis 49399. L'adresse consignée à l'époque est à Neuilly sur Seine. On n'ose imaginer qu'A. de La Rochefoucauld fut le propriétaire et conducteur de cette Bugatti modèle 1931, sortie d'Usine l'année de ses dix sept ans. Il n'est pas le premier de la famille à dompter des Pur - Sang, son oncle Sosthène participa aux premières 24 heures du Mans en 1923 au volant d'un Type 23. Celui-ci était directeur et actionnaire de la Carrosserie Profilée qui habillait la majorité des Bugatti parisiennes dès 1922. Aymar se marie le 25 juin 1942 avec Mlle Claude Normant, originaire de Romorantin et héritière d'une grande fortune textile.
Le temps des Bugatti est alors révolu. Le ciel sombre ne s'éclaire pas avant le printemps 1944. Nait alors un premier fils de cette union, puis deux autres enfants viennent agrandir la famille installée dans le château ancestral de Douy près de Chartres dans le Loir et Cher.
Lorsqu'en 1988, un neveu d'Aymar acquiert aux enchères une 57 Stelvio 1935, il vient fièrement la montrer à son oncle qui lui avait conté enfant ses souvenirs Bugatti. A peine arrêtée devant les garages du château de Douy, la Bugatti est déjà prise en mains par le vieil oncle qui retrouve à 74 ans immédiatement ses reflexes de conduite de jeune homme. A l'issue d'une promenade de plusieurs dizaines de kilomètres dans ses terres solognotes, il affiche un sourire amusé lorsqu'il rend à son neveu le Pur sang domestiqué. La devise des La Rochefoucauld " C'est mon plaisir " inscrite sur leur blason depuis près de mille ans trouve toute sa signification dans ses moments rares de plaisir partagé.
LA VIE PARISIENNE 1937-1961
La Bugatti 57308C n'a pas quitté le département de la Seine et nous la retrouvons soumise au régime de la réimmatriculation le 27 avril 1955, au nom de Gaston THERET, domicilié au 25 Place des Vosges à Paris. Le document de Police rappelle la plaque d'origine 4420 RL 3 qui date bien de l'automne 1937, période d'achat par A de La Rochefoucauld.
Au 25 Place des Vosges se tient le siège parisien de la " Société Anonyme des Ets Gaston Theret ". Il s'agit d'une entreprise de fonderie et de petite métallurgie fondée en 1818. Ses usines se trouvent à Nouzonville et Neufmanil en Ardennes. Après guerre, la société prend le nom de " Ets Veuve .G. Theret ". G. Theret immatricule la Bugatti 57308C sous le numéro 2496 DX 75 le 27 avril 1955. Il conserve le véhicule jusqu'au 12 octobre 1960. La Bugatti 57C est alors vendue à Michel GILLET, domicilié 3 rue des Bas Rogers à Suresnes. Cette adresse se trouve être également celle du Garage de Gaston Garino, spécialiste des belles mécaniques de précision Hispano - Suiza et Bugatti.
VACANCES EN BELGIQUE 1961-1975
Les Archives de l'importateur Bugatti belge Jean De Dobbeleer conservent la trace de l'achat du véhicule à G.Garino en 1961. Dans les archives photographiques du Garage De Dobbeleer, nous avons pu retrouver deux clichés montrant la Bugatti 57C telle qu'importée de France en 1961. La voiture parait de couleur sombre. La plaque d'immatriculation 2496 DX 75 est bien visible. La même année, le véhicule est revendu à Bruxelles à Georges MARQUET- DELINA. Il est l'héritier d'une chaine d'hôtels situés à Bruxelles (Les Grands Hôtels Belges SA) et à Madrid (Hôtel Ritz et Palace Hôtel). Il semble qu'il ait acheté à J.de Dobbeleer 28 Bugatti au début des années 1960. Les voitures seront gardées dans différents lieux autour de la capitale belge. Des revers de fortune le contraignent au milieu des années 1970 à se séparer de sa collection. Certaines voitures seront mises aux enchères par Christies en mars 1973.
Vers 1975, le coach 57C 57308 est cédé à un grand amateur de l'Est de la France, Jean Serre de Montbéliard. Il se porte acquéreur de plusieurs Bugatti en provenance de la collection Marquet. Un Type 35T, et un Type 57 Atalante viennent ainsi tenir compagnie au Coach 57308C dans les garages de J. Serre. Il semble que le coach 57C n'ait pas roulé pendant son exil belge. En 1975, Serre confie son coach Ventoux à l'atelier de mécanique de Lucien Wurmser à Molsheim pour restauration.
LUCIEN WURMSER (1907-1987)
Cet ancien mécanicien de l'atelier course de l'Usine rentre en apprentissage à 14 ans en 1921. De retour de ses obligations militaires, il est muté à l'atelier de réparation de Levallois pendant l'année 1929. Il est ensuite intégré à l'effectif des mécaniciens de course. Il y reste de 1939 à la guerre. L Wurmser est de tous les déplacements internationaux. Il participe à la grande aventure de Bugatti en course et travaille sur tous les modèles du Type 35 à compresseur jusqu'au Tank 57G. A l'automne 1975 il réalise pour le compte de J. Serre son dernier travail de mise au point moteur sur une Bugatti. Son fils Roland qui a repris et modernisé le garage en 1973, participe aux travaux de carrosserie et de remise en état du véhicule. Il doit réaliser à la main une aile avant trop abimée pour être conservée. La mécanique demande également beaucoup de travail.
RESTAURATION A MOLSHEIM : AUTOMNE 1975 - ETE 1977
D'après les souvenirs familiaux, rapportés par Alfred Wurmser, nous savons que " Le Ventoux 57C quitte Molsheim à l'été 1977, avec son compresseur d'origine, sa sellerie tissu et cuir d'origine, son pare-chocs avant, constitué de demi pare-chocs, son tableau de bord d'origine : présence des leviers d'avance et d'accélérateur à main (pour les premières 57 à compresseur puis tirettes…), deux grands cadrans Jaeger plus quatre instruments plus petits autour de la clé de contact démarreur. D'après les photos, à son arrivée à l'atelier la caisse était déjà de couleur verte, deux tons. "
La voiture porte à ce moment déjà, la plaque de châssis regravée 57557, visible sur une photo. Pour une raison que nous ignorons, entre 1977 et 1984, date de vente au propriétaire actuel, la voiture perd son tableau de bord d'origine, sa cloison pare-feu et son compresseur.
Le véhicule passe en vente aux enchères le 20 juin 1984, à l'A.C.F Place de la Concorde, sous le marteau de Maître Briest. Il est adjugé 318.000ff au propriétaire actuel, Jean Brignole. Celui-ci demande au spécialiste Novo de prendre en charge immédiatement la révision de la voiture. A l'arrivée dans l'atelier, Jean Novo remarque que le pignon d'entrainement du compresseur est encore présent, dernière trace visible du montage original sur la première 57C ! Il remarque également un embrayage spécial bidisques réservé au modèle 57S. J. Novo le remplace par un montage standard. Notons que dans une des notes de l'Usine concernant ce véhicule, la mention Moteur 1SC fut consignée une fois. Nous savons que l'appellation est fausse, mais force est de constater que la voiture disposait quand même de quelques spécificités mécaniques propres au Type 57S.
Après tout il s'agissait d'une voiture prototype d'un nouveau modèle, contemporain du premier 57SC et à usage interne de l'Usine. A l'issue de la révision par l'atelier Novo, J. Brignole offre à sa belle Bugatti un séjour prolongé en Corse. Elle participe dans l'île à quelques petits rallyes depuis plus de vingt ans. Chaque année J. Novo faisait le déplacement pour un entretien régulier.
Lors de notre inspection du véhicule à Paris en novembre 2011, nous savions que le numéro de châssis actuel de ce Ventoux (57557), était faux car l'Atalante sortie sous ce numéro de série est aux USA. Son identité est incontestable. Il nous fallait trouver un indice sur le coach nous permettant de retrouver son histoire. Le capot est gravé 26, ce qui indique une fabrication de la carrosserie autour de septembre 1936.
Le pont arrière porte gravé le numéro 334. La boite de vitesse porte le même numéro, mais sur son couvercle est également gravé " C1 ". Le moteur porte sur sa patte arrière gauche le numéro " 1 " dans un style correct pour l'Usine. Le numéro de châssis frappé en regard est " 57557 ", mais les 3 derniers chiffres sont à l'évidence, modernes et laissent deviner les chiffres " 308 " en filigrane.
C'est une note de l'Usine consignée dans le cahier des moteurs qui va nous donner la clé du mystère. Il y est écrit en toutes lettres: " Moteur 334 devenu 1C " et " 1 - 57452- 57308 - ex moteur 334 ". La première ligne est explicite quant à la modification du véhicule à la mécanique 334, transformé en 57C à moteur 1. La seconde ligne confirme l'information selon laquelle la voiture circula avec les plaques châssis 57452 puis 57308.
Nous étions bien en présence de la première Bugatti 57C construite, l'ancienne voiture de démonstration du magasin Montaigne pour la saison 1936-1937. Sans aucun doute Jules Goux, Robert Benoist, Pierre Veyron et peut-être Jean Bugatti, lors de ses séjours parisiens furent les premiers à piloter le rapide coach rouge à compresseur.
Il faudrait peu de choses pour qu'il retrouve la puissance de son moteur à compresseur et son éclat d'antan tout en conservant sa magnifique patine.
Pierre-Yves LAUGIER
Décembre 2012.
French title with chassis number : 57557
Chassis : 57452 / 57308 (see text)
Engine: 1C
- The first Bugatti 57 C ever built
- A piece of Bugatti history
- Demonstration car driven by racing drivers of the period
- Superb patina
- Perhaps the most important Ventoux
THE PARIS MOTOR SHOW, OCTOBER 1936.
The Molsheim factory was buzzing with activity during the last weeks of September 1936. They had to be ready for the forthcoming Motor Show in Paris. The whole Type 57 range was to be there. For the first time, the definitive Sport 57S chassis would be presented to the public, in the form of an incredible roadster and an Atalante coupé. These two cars left the coachbuilder's workshop during the last few days of September and were transported by train to Paris on Monday 28th September. During this last mad week before the Motor Show opened on the first Thursday in October, the workshop worked every day to get a new Atlantic and three Ventoux finished, one of which had an engine to 57S spec with supercharger. The new Atlantic, the third to be built, which was a service car for the factory, also had a supercharger.
The registre des ventes for the factory for September 1936 shows:
On one line : in lead pencil " 57308 Salon 3.10 " and in pen " 57452 1C Coach "
On the next line : in pencil " démonst 3.10 " and in pen " 57453 2SC Aéro "
The registre des carrosseries shows that the prototype 57C and the first 57SC left the coachbuilder's workshop on Saturday 3 October 1936 :
" Coach Ventoux 57/1SC 3/10 57452 rouge cuir havane. " (red with tobacco leather)
" Coupé Aéro 57/2SC 3/10 57453 noir int drap. " (black, fabric interior)
The next day, after some final adjustments, Jules Goux was given the honour of driving the first 57C - the red Ventoux, with engine 1C - to Paris. He was accompanied by Jean Bugatti who took the wheel of the formidable black Atlantic 57SC. The Ventoux was chassis number 57452, and the 57SC coupé was 57453. The two test drivers sped towards the capital on this autumnal Sunday, arriving at the showroom at 46 Avenue Montaigne in the afternoon. The cars were cleaned and prepared as demonstration cars for the week ahead. Clients would discover the power of the two new supercharged 57s, driven by Jean Bugatti and Robert Benoist, director of the Montaigne showroom.
On the 7 and 8 October, a cabriolet, a Gangloff saloon and Jean Bugatti's personal Atalante were driven from Molsheim to Paris to demonstate the whole Type 57 range near the Grand Palais. On a stand, as a static display, a cream and black Gangloff cabriolet and a grey and black Ventoux were on show alongside the two 57S models. There was no 57C on display at the Grand Palais. The Atlantic 57453/ 2 SC and the Ventoux 57452 /1C were used to take privileged clients on test drives, driven by world champion Robert Benoist. Externally, the red Ventoux resembled a standard model but it had a better performance than a non-supercharged 57S model. The ultimate weapon was represented by the black Atlantic 57SC, which kept up with times recorded for the 57G on the Montlhery ring on Saturday 10 October 1936 in the presence of the Parisian press. The new supercharged machine reached speeds of 200km/h according to Ernest Friderich, who was there. The red Ventoux with engine 1C was undoubtedly taken to Montlhery too, although there were no official records for these two factory service cars.
THE 57C DEMONSTRATION CAR
After the motor show in October 1936, the red Ventoux stayed at the Montaigne showroom as a demonstration model. Test drives were given by Robert Benoist and Pierre Veyron. No Bugatti Type 57C was available to buy until February 1937. Engines 2C and 3C, two Gangloff cabriolets, were delivered at the beginning and end of February 1937, to very special clients : Dr Kocher from Valence and Jean Baylet from Toulouse. Production for the new model was slow. Cars with engines 4 and 5 were delivered in March, and those with engines 6,7 and 8, in June. Throughout 1937, the red 57C was driven round Paris by factory test drivers, a showcase for the new 57C series. From Spring 1937, it was registered " châssis 57308 ", and used the registration plates 4834 NV3, (as confirmed in a factory note in April 1937). It wasn't the only car to use this registration. A letter from the repair workshop in Levallois sent to Molsheim on 15 September 1937 notes 3 engine faults caused by seizure or breakage of the 8th piston. One of the cars concerned is the 57C demonstration model.
" 57308/1C- with supercharger. 23.237 km.on the clock. This is the demonstration car from the Montaigne showroom that Keiffer drove to the factory yesterday. We have completely rebuilt the engine after the rod broke. We carried out the usual tests to make the car available again for Montaigne. During the first test drive carried out by the Sales Service, the sound of the engine starting to seize was noticed, and the car was driven back to us at 23,365km As the factory needed the car urgently, we limited ourselves to trying to stop the seizure by injecting oil into the 8th cylinder. The car is now at Molsheim, and therefore available for you to work out the reason for this problem."
On 13 October 1937, 57308/1C was using the new registration 6196 NV3. The papers were assigned to the Toussaint factory conveyor. The vehicle went to Paris as a client had shown an interest in buying a Ventoux 57C model. Production remained slow. Just 5 vehicles were built during 1937. These were 57517/7C, 57506/8C, 57526/ 10C, 57496/11C and 57576/12C, delivered between June and August 1937. No other Ventoux 57C would be built before the end of January 1938. It didn't take long for the young Count Aymar le Larochefoucauld to make up his mind. He had already put his name down for this model in February 1937, but the production programme had been put back, and didn't resume until June.
AYMAR ANTOINE ANNE MARIE DE LA ROCHEFOUCAULD (1914-1991)
He was born in Paris on 7 March 1914. A descendant of one of the oldest families in France, he lost both his parents in 1918. His father was killed on the front line and his mother died of tuberculosis, and he was raised by his maternal grandparents in the château de Douy en Sologne. It appears that he started driving from a very young age. He also took up hunting and became a formidable shot, travelling the world to satisfy this passion. In July 1935, at the age of 21 years, he became the owner of a second-hand 4-door Type 57 model by Vanvooren, chassis 57214. The car cost 30,000ff with the part-exchange of a Type 49 chassis 49399, that belonged to the family. The address given at the time was in Neuilly sur Seine. It is extraordinary to think that A. de La Rochefoucauld was the owner and driver of this 1931 Bugatti, that left the factory when he was just 17 years old. He wasn't the first member of the family to tame thoroughbreds: his uncle Sosthène took part in the first Le Mans 24 Hour race in 1923 at the wheel of a Type 23. He was the director and shareholder of Carrosserie Profilée which was responsible for building the bodies of most of the Parisian Bugatti from 1922 onwards. On 25 June 1942 Aymar married Mlle Claude Normant, originally from Romorantin and heir to a fortune made in the textile industry. There was no time for the Bugatti. The dark clouds didn't clear until the spring of 1944. A son was born, followed by two other children, to the growing family installed in the ancestral château Douy near Chartres. In 1988, a nephew of Aymar's bought a 1935 57 Stelvio at auction, and proudly took it to show his uncle who had recounted tales of Bugatti motor cars to him as a child. No sooner had he arrived at the garages at the château de Douy, than the elderly uncle, now aged 74 years, took to the wheel, rediscovering the driving skills of his youth. Following a lengthy drive around the Sologne region, he wore a smile as he handed back the tamed beast to his nephew. The La Rochefoucauld motto "It's my pleasure", engraved on the family coat of arms for nearly a thousand years has perfect meaning during these rare moments of shared pleasure.
PARISIAN LIFE 1937-1961
The Bugatti 57308C remained in the Paris area, and on 27 April 1955, we find the car registered to Gaston THERET, who lived at 25 Place des Vosges, Paris on 27 April 1955. The registration document records the original number 4420 RL 3 which dates back to the autumn of 1937, when it had been bought by A de La Rochefoucauld.
The address, 25 Place des Vosges was the Parisian headquarters of the " Société Anonyme des Ets Gaston Theret ". This was a foundry and metal business dating from 1818, with factories in Nouzonville and Neufmanil in the Ardennes. After the war, the company took the name " Ets Veuve .G. Theret ", and G. Theret registered the Bugatti 57308C under the number 2496 DX 75 on 27 April 1955. He kept the car until 12 October 1960. It was then sold to Michel GILLET, of 3 rue des Bas Rogers à Suresnes. This was also the address of the Garage de Gaston Garino, Hispano-Suiza and Bugatti specialists.
HOLIDAYS IN BELGIUM 1961-1975
The archives of Belgian importer Jean De Dobbeleer record the purchase of the car from G.Garino in 1961. We have found two snap shots, in the De Dobbeleer photo archives, of the Bugatti 57C when it was imported from France, now in a dark livery. The registration plate 2496 DX 75 is clearly visible. The same year, the car was sold to Georges MARQUET- DELINA in Brussels, owner of a chain of hotels both in Brussels (Les Grands Hôtels Belges SA) and in Madrid (Hôtel Ritz and Palace Hôtel). It appears that he bought 28 Bugatti motor cars from J de Dobbeleer at the start of the 1960s. The cars were kept in different spots around the Belgian capital. A downturn in fortune later that decade forced him to part with his collection and some of the cars were sold by Christie's in March 1973.
Around 1975, the Ventoux 57C 57308, was acquired by an enthusiast from the East of France, Jean Serre de Montbéliard. He owned several cars that had come from the Marquet collection, and so 57308C was garaged alongside a Type 57 Atalante and a Type 35T. It appeared that the 57C hadn't been driven during its stay in Belgium.
In 1975, Serre gave the Ventoux to the workshop in Molsheim run by Lucien Wurmser to be restored.
LUCIEN WURMSER (1907-1987)
This former mechanic for the factory's competition cars, had become an apprentice at the age of 14, in 1921. Returning from his military service, he was transferred to the repair workshop in Levallois during 1929, and subsequently became involved with race car preparation. He was involved in all the major international racing events that Bugatti took part in, and worked on all the different models from the supercharged Type 35 to the 57G. In the autumn of 1975, he undertook his final Bugatti engine re-build, for Mr J. Serre. Wurmser's son, Roland, who had taken over and modernised the workshop in 1973, helped restore the bodywork. He handbuilt an entire new front wing that needed to be replaced. The mechanics also required a great deal of work.
RESTORATION IN MOLSHEIM : AUTUMN 1975 - SUMMER 1977
According to the recollections of Alfred Wurmser " The Ventoux 57C left Molsheim in the summer of 1977, with its original supercharger, original fabric and leather upholstery and front bumpers, consisting of half bumpers. It also had the original dashboard, with levers for advance and hand throttle (on the first supercharged 57 models), two giant Jaeger dials and four smaller instruments situated around the starter key. According to the photos, when the car arrived at the body workshop, it was already in two-tone green livery. "
At this time, the car had already had the chassis number 57557 re-stamped, visible on a photo. Some time between 1977 and 1984 (the date it was sold to the current owner), the car lost its original dashboard, firewall and supercharger. The vehicle was sold at auction on 20 June 1984, at A.C.F. place de la Concorde, by the famous auctioneer Francis Briest, making 318,000FF. It was bought by the current owner, Jean Brignole, who immediately took the car to specialist Novo, for restoration. When the car arrived in his workshop, Jean Novo noticed that the original pinion from the supercharger was still there, which was the last visible sign of the supercharger mounting on the first 57C. He also noted the special dual-disc clutch, reserved for the 57S model. J. Novo, replaced this with the standard version.
In a note from the factory about this vehicle, the term 'Moteur 1SC' is used once. We know that this is incorrect, although the car had certain mechanical features used on the Type 57S. This was, after all, a prototype of a new model, and a contemporary of the first 57SC, for the factory's use.
Following work by the Novo workshop, J. Brignole took his car to Corsica, where it has taken part in several rallies over the last 20 years. J.Novo has been to Corsica every year to maintain the car.
When we inspected the car in Paris in November 2011, we knew that the chassis number (57557) was not the right one for this Ventoux, as the Atalante produced with this number is in the US, with incontestable identity. We needed to find evidence on the car that would allow us to trace its history. The bonnet is stamped 26, indicating that the body was built around September 1936.
The rear axle is stamped with the number 334. The gearbox carries the same number, but it also has " C1 " stamped on the cover. On the left rear side of the engine, the number " 1 " appears in the correct style for the factory. The chassis number reads " 57557 ", but the last three numbers appear to have been added later, and signs of the numbers " 308 " are visible. It is a note from the factory recorded in the engine book that gives us the answer to the mystery: " Moteur 334 devenu 1C " and " 1 - 57452- 57308 - ex moteur 334 ". The first line explains the modification from the 334 engine to a 57C, with engine number 1. The second line confirms information that records the car carrying the chassis plate 57452, then 57308.
We are indeed in the presence of the first Bugatti 57C ever built, the demonstration car for the Montaigne showroom during 1936 - 1937. Jules Goux, Robert Benoist , Pierre Veyron and perhaps Jean Bugatti himself, when he stayed in Paris, would undoubtedly have been the first people to drive this fast, supercharged, red Bugatti.
It won't take much to restore this car with its supercharged engine to its former glory, while retaining its wonderful patina.
Pierre-Yves LAUGIER
December 2012.