349
Marcel JOUHANDEAU
Réflexions sur la vie et le bonheur
Estimation:
€3,000 - €4,000
Sold :
€3,861

Lot details

Réflexions sur la vie et le bonheur

Vers 1956-1957. Manuscrit autographe à l'encre bleue et noire, 565 p. sur 361 feuillets de papier quadrillé perforés, 21 x 14 cm. Chemise demi-maroquin vert, lettre or et fleuron au dos à nerfs, étui assorti. Porte sur le feuillet de titre une dédicace de Jouhandeau à l'un de ses médecins :
"Pour François Eudel, notre ami et notre conseil, en témoignage de reconnaissance sans le moindre espoir d'être jamais quitte avec lui. Marcel Jouhandeau, 22 fév. 1959".
Manuscrit de premier jet de ces Réflexions publiées en novembre 1958 chez Gallimard. Il est rédigé entre la fin 1956 et le début 1958, Jouhandeau notant dans la dernière partie les dates du 24 décembre 1957 et du 9 janvier 1958. L'auteur y aborde les grands thèmes de son existence et les personnages de son entourage : la vérité et le mensonge, l'injustice, la richesse, l'indifférence, l'homosexualité et l'amour, la mort, ses parents, sa femme Elise et sa fille adoptive Céline… qu'il illustre de souvenirs et d'anecdotes.
Le manuscrit est écrit sur des feuillets percés pour des classeurs, comme c'est souvent le cas chez Jouhandeau à cette époque. Il se compose : d'une préface ; de 8 chapitres, séparés entre eux par des feuillets bruns portant une numérotation fictive ; d'un ensemble de brouillons ou chapitres non retenus pour l'édition. Le tout forme 3 liasses reliées par des ficelles de couleurs. Les feuillets ne sont pas paginés, le texte n'étant pas une narration continue mais une suite de prises de notes, réflexions et souvenirs. Jouhandeau reviendra d'ailleurs sur l'ordre du texte, en intervertissant dans l'édition certaines phrases ou paragraphes du manuscrit. Ce qui est présenté comme préface dans le manuscrit sera en fait le deuxième chapitre de l'édition.
Très travaillé, le manuscrit comporte environ neuf cent passages ou mots rayés, et cinq cents ajouts. Il est d'une écriture lisible mais assez irrégulière, parfois nerveuse, appliquée ou rapide. De nombreuses corrections furent effectuées durant la rédaction, mais également lors de relectures successives. Certaines pages sont complètement biffées. Deux paragraphes du chapitre IX du manuscrit furent réécrits, et figurent dans deux versions assez proches.
Une grande partie des corrections de Jouhandeau visent à ne pas trop personnaliser son texte, à lui donner un ton plus universel. Jouhandeau abandonne parfois la première personne et supprime de nombreuses remarques sur ses proches. Ainsi dans le sixième chapitre du manuscrit (cinquième cahier de l'édition), ce passage supprimé à propos d'Elise : "Je n'ai pas le droit de respirer un autre air que le sien. Tout lui fait ombrage jusqu'à mon ombre". Ou dans le septième chapitre (sixième cahier de l'édition) : "Je voudrais que nos amis qui assistent aux parades d'Elise la surprennent au milieu de ses colères contre Céline ou contre moi, le plus souvent injustifiées". Les noms de certains de ses amis, entiers dans le manuscrit, ne figureront dans l'édition que sous leurs initiales ou seront supprimés. Citons parmi eux l'éditeur Robert Chatté devenu C., Jean Paulhan dont le souvenir est conservé mais le nom supprimé, ou encore au chapitre IV du manuscrit une liste de noms d'anciennes maîtresses de l'écrivain qui ne seront pas citées dans l'édition.
Le début de la seconde partie du manuscrit comprend de nombreuses allusions à l'homosexualité de Jouhandeau, qui seront "adoucies" dans l'édition : "Jamais l'être qui partageait mes ébats n'a pu s'apercevoir que ma chair fût corruptible…" devient "J'ai toujours fait l'impossible pour que ceux qui m'aimaient ne s'aperçussent pas que j'étais mortel". Certains passages intimes seront également supprimés, ainsi : "L'amour entraîne de telles promiscuités physiologiques et morales que, délivré de l'état d'hypnose où il vous jette, on a peine à en concevoir la possibilité sans rougir, surtout quand les êtres qu'il rapproche et fond ensemble ne demeurent pas soudés l'un à l'autre pour toujours".
Le manuscrit recèle également de nombreux souvenirs où Jouhandeau évoque son enfance, sa jeunesse et des évènements marquants de sa vie d'homme qui seront écartés de l'édition, tout comme certaines anecdotes concernant son voisinage, ou des faits divers relevés par l'écrivain. Ces chapitres non retenus sont regroupés à la fin du manuscrit, dans une dernière liasse de feuillets titrée "Brouillon". Cet ensemble inédit comporte 39 pages, l'une d'elles étant complètement biffée.

Contacts

Eric BAILONI
Sale Administrator
ebailoni@artcurial.com

Absentee bids & telephone bids

Kristina Vrzests
Tel. +33 1 42 99 20 51
bids@artcurial.com

Actions