[ca 1950] Environ 494 p. in-4 tapuscrites corrigées à la main par Breton. Largement corrigé, raturé, déplacé, éliminé. Mine de plomb, encre bleue, rouge, crayon de couleur.
Les 15 entretiens d'André Breton avec André Parinaud ont été retransmis à la radio durant 3 mois (mars à juin 1952) : en voici la version retranscrite, relue et retravaillée par Breton. Ces entretiens furent publiés la même année chez Gallimard. La durée de chaque entretien est indiquée par Parinaud. Les corrections de Breton montrent à quel point il ne laissait rien au hasard : il réécrivait les réponses et même les questions. C'est un document très enrichissant pour la compréhension de l'écriture historique du mouvement surréaliste et la construction de l'image qu'il voulait donner de lui, qui restera pour la postérité...
Chaque entretien est en deux versions, celle de Breton précède celle de Parinaud, qui a également apporté des corrections. Quelques corrections significatives de Breton :
- Sur Valéry, la version tapuscrite dit : "Que dire de ses premiers poèmes, épars dans des revues lointaines, sinon qu'ils exerçaient sur moi une attraction profonde ou plutôt conjuguant leur séduction très différente avec celle de sa prose" (p. 13), et devient, selon les corrections manuscrites : "Mais il est probable que sur mon esprit ils usaient comme pièges des mêmes ellipses. Epars qu'ils étaient dans des revues lointaines il était alors difficile de les réunir. Mais, chaque fois que j'avais mis la main sur l'un d'eux, je ne parvenais pas à en épuiser le mystère, ou le trouble."
- Dans le deuxième entretien, Breton réécrit les questions posées par Parinaud, notamment celles sur Vaché : "C'est vous le premier qui avait fait valoir l'importance de son témoignage. Qu'est-ce qui en faisait l'intérêt exceptionnel à vos yeux ?". Sur son passage à l'Hôpital d'aliénés de Saint Dizier, il supprime : "je suis toujours prêt à m'émouvoir des formes d'expression qu'ils empruntent", et remplace le passage par : "Peut être aussi ai-je appris à m'y prémunir contre ces égarements, eu égard aux conditions de vie intolérables qu'ils entraînent" (p. 12).
- Troisième émission largement raturée et corrigée. Sur les mouvements politiques, la révolution bolchevik : "ce qu'il est convenu d'appeler la conscience sociale parmi nous n'existait pas". Long paragraphe ms. de 27 lignes, avec nombreux ajouts, ensuite supprimé dans son ensemble. Ce passage très personnel concerne ses doutes, "ses propres impulsions" : "Pour moi c'était depuis longtemps la grande dérive… pas de compromis possible avec un monde auquel une si atroce mésaventure n'avait rien appris. Peut-être attendais je une sorte de miracle. De miracle seulement pour moi. De nature à m'engager dans une voie qui ne fut pas la mienne."
- Ecrit de façon manuscrite la célèbre phrase de Lautréamont, qui dans la version tapuscrite était tronquée : "Dont l'exemple le plus souvent cité est le suivant : 'Beau comme la rencontre fortuite, sur une table de dissection, d'une machine à coudre et d'un parapluie' ".
- Dans le cinquième entretien, concernant Dada : "Le sentiment que nous avions de la valeur de notre cause trouvait à se fortifier dans le fait que l'opinion nous fût unanimement contraire" (p. 5).
- 3 p. in-4 encre bleue et rouge, écriture dense. Vers 1950. Titré :" THEMES DE LA SERIE D'EMISSIONS BRETON" Période 1916-1923.
Plan des entretiens de la première et deuxième émission. Grandes lignes et événements importants dans la vie de Breton, décrit par lui avec précisions pour les dates et les gens, ses découvertes littéraires et artistiques sa rencontre avec Apollinaire, l'importance de Vaché, puis la découverte fondamentale de Lautréamont. Participation à Dada, la revue Littérature… " L'après-guerre : sentiment de faillite. Les découvertes : Freud, Einstein. - Le réel est autre chose que ce qui tombe sous le sens et laisse une très vaste marge de conquête"
- 6 L.A.S. et 2 C.P. 1950 à 1964. 6 p. in-4 et in-12. Signées André Breton.
En 1950, revient sur la construction et le développement des émissions : " Je crains que mes additions ne vous soient pas d'un grand secours et j'hésite à poursuivre : peut-être ai-je mal compris ce que vous désiriez. Un des écueils de notre projet me paraît précisément résider dans cet ordre chronologique dont nous nous rendons esclaves et qui nous expose, par ailleurs à paraître emboîter le pas à l'histoire de Nadeau." Il veut absolument parler des jeux collectifs, cadavres exquis…, des relations entre surréalisme et occultisme, en liaisons avec Arcane 17 et l'Ode à Charles Fourier…
Les lettres témoignent une amitié constante et surtout les retards, les abandons, les impossibilités de donner un texte, un article à temps. Trop tard, ou déjà dépassés…. : "…Je ne sais trop où vous l'adresser, [un texte sur Charles Estienne] le téléphone pris dans les aubépines du dimanche, vénéré donc dans son silence sinon pour nous mais pour Madame André Parinaud et l'enfance que nous chérissons en cachette. "