Vers 1935. 2 f. in-8, au recto d'une demi-page de reçu de quittance de la maison James Canard. Il cite Dante : "Ma se le mie parole esser dien seme Che frutti infamia al traditor ch'i rodo, Parlare e lacrimar vedrai inseme". (Enfer, chant XXXIII : Mais si mes paroles doivent être une semence d'où sortira l'infamie pour le traître que je ronge, tu me verras pleurer et parler tout ensemble), vers qu'il commente : "Ceci exprime ma colère, à travers Dante, contre le faux théâtre. Antonin Artaud". Sur second billet, Artaud donne des coordonnés personnelles : "Antonin Artaud 4 septembre 1896 à Marseille à 8 he 1/2 du matin", et donne l'adresse de son éditeur Denoël à Paris. Ces deux documents étaient destinés à un astrologue et graphologue. Notons que l'heure de naissance qu'il donne (8 h ½) ne correspond pas tout à fait à celle que donnent les biographes (Mèredieu indique 8 heures) ; c'est pourtant un détail important pour le thème astral. SUR LE FAUX THEATRE, S'EXPRIMANT SUR LE THEATRE DU MARAIS ET LE JEUNE THEATRE, IL ECRIT A PAULHAN QU'IL N'Y A AUCUN INTERET QUE LA N.R.F. "S'ENGAGE A FAUX SUR UNE CHOSE DE VALEUR DOUTEUSE" ET DE CONSTATER QUE LE THEATRE JARRY DANS L'INCOMPREHENSION QUI LE CARACTERISE ETAIT DANS LA VERITE ET TOUT A SON HONNEUR DANS SA CRUAUTE, D'OU LA COLERE D'ARTAUD. Sa passion pour Dante est connue ; Artaud reprend d'ailleurs le nom de Dante parmi une liste d'auteurs qu'il souhaite éditer dans une collection à venir chez Denoël (Mèredieu, p. 450-451).
- ARTAUD : 1 CARTE POSTALE, A RENE ALLENDY, oct. 1935. Vue de la Grande Rue de Montfort en Chalosse. "Avez vous vu le radiesthésiste, je ne le connais pas mais Balthus avait l'air très frappé d'une conversation avec lui. A vous. Antonin Artaud". Artaud est dans les Landes, à Montfort-en-Chalosse, chez Lise et Paul Deharme, où allaient aussi Paul Eluard, Man Ray et André Breton. Il y rencontre aussi la voyante Marie Dubuc, si influente dans sa vie. L'astrologie et la voyance ont une grande importance dans son quotidien, comme le confirme encore cette carte à Allendy, qu'il interroge sur le radiesthésiste de Balthus.
- P.A.S., vers mars 1938, 8 lignes sur f. in-16 de carnet, arraché. Artaud est interné à l'hôpital psychiatrique de Sotteville-les-Rouens depuis son retour violent d'Irlande début octobre 1937 ; isolé, sous camisole, il répond à la violence de l'internement par la violence des mots, écriture raturée, difficilement déchiffrable, voir incohérente : "Févr. 1938 : l'Ame. Mars 1938 : coma d'un mois, intoxication. / La peste morale à cause de la saleté. Je me sens en état de gangrène atomique (?). Ce mot entendu pendant 9 ans. Antonin Artaud." Document plus qu'émouvant.