GEORGES CLEMENCEAU (1841-1929). Manuscrit autographe, LE DEMI-PATRIOTISME, [juillet 1913] ; 4 pages et quart in-4, au dos de papier à en-tête du Sénat. Vibrant appel à la préparation militaire, au moment du vote de la loi établissant un service militaire de trois ans (19 juillet 1913). « En vérité, ce serait trop simple si tout Français pouvait se mettre d’un seul coup en règle avec le patriotisme, par le simple vote de la loi de trois ans »... La crise des effectifs n’est pas tout : il faut aussi un équipement adapté aux nécessités, une organisation, des chefs doués de science, de désintéressement, de volonté, une complète éducation militaire du combattant dépassant celle des guerriers de L’Iliade, du Moyen Âge, de Napoléon. Aujourd’hui on demande toujours plus et mieux au simple soldat, abandonné à lui-même dans un cercle d’action déterminé. « N’est-ce pas assez pour confondre tout homme doué de bon sens lorsqu’on vient lui dire que nous n’avons pas de camps d’instruction. Les Allemands, cependant, ne se cachaient pas pour les créer, pour les multiplier, pour en perfectionner chaque jour l’organisation. Que faisaient nos grands chefs ? Comment l’imbécile suffisance et l’esprit de routine qui préparaient Sedan peuvent-ils nous conduire encore à ces prodiges de malfaçons ? »… Il critique sévèrement des chefs d’état-major, des ministres de la Guerre, des préoccupations politiques qui font confier les grands commandements aux ennemis du régime républicain, puis, rappelant les improvisations de 1870, insiste sur l’importance de ne pas démoraliser et disperser les forces par la faiblesse : « C’est le grand vice de cœur qui prévaut chez nos politiciens. Je ne puis que le dénoncer aux bons Français, aux bons républicains, qui se trouvent encore des chaleurs d’espérance et de volonté. Et puis résister aux préparatifs de débâcle morale que de tout petits hommes, qui seront maudits un jour, nous apportent comme de hautes conceptions de leur génie. Résister, sans jamais faillir, pour être étranger à toute parcelle de complicité dans ce que je ne veux pas encore prévoir des tempêtes de l’avenir ». On joint une carte de visite autographe, et une brochure, Discours prononcé par M. Georges Clemenceau Président du Conseil Ministre de la Guerre à Strasbourg le 4 novembre 1919.